La quête mendiante. Espace, pastorale, réseaux (original) (raw)
dans L’Historien en quête d’espaces, éd. J.-L. FRAY et C. PEROL, Clermont-Ferrand, 2004, p. 347-369 (collection Histoires croisées)
Le frère Mendiant mendie. Derrière ce pléonasme se cache un projet pastoral fondé sur la Parole et la parole : conformément au précepte de Matthieu 10, 14 qui influença tant le pauvre d'Assise, Mineurs et Prêcheurs devaient vivre au jour le jour, de ce que les fidèles voulaient bien leur donner quand ils passaient parmi eux, que ce soit au cours de prêches en pleine ville ou lors de leurs passages dans les campagnes. En outre, la quête extra muros avait un rôle symbolique essentiel, puisqu'à travers elle les religieux renouaient périodiquement et rituellement avec leur tradition mendiante en tissant et reconstituant des liens dans l'espace rural de la cité. Pour ces raisons, à la fin du Moyen Âge " la quête n'est point une entreprise laissée au hasard, mais s'opère, en même temps que la prédication, dans un cadre territorial limité, à des moments de l'année bien déterminés (moisson et vendanges) " écrit Hervé Martin dans sa grande thèse sur les Mendiants bretons, tout en soulignant la pauvreté des sources à ce sujet 1 . L'examen des archives liégeoises et auvergnates, de celles du Dauphiné et du Valentinois ainsi que de plusieurs couvents de Silésie confirme ce dernier constat 2 . De fait, les cadres spatiaux et " juridiques " des activités essentielles des frères Mendiantsprédication et quête -semblent bien appartenir à cette catégorie des objets d'étude dont l'existence est souvent présupposée, plus que réellement prouvée ou en tout cas cernée avec netteté 3 . Si l'on peine à croire que l'inorganisation ait pu présider parfois, dans des domaines 1. Les ordres mendiants en Bretagne (v. 1230Bretagne (v. -v. 1530). Pauvreté volontaire et prédication à la fin du Moyen Âge, Rennes, 1975, p. 189. Première mention explicite des termes en 1332, dans le projet de fondation du couvent franciscain de Bourgneuf (ibid.). 2. Les fonds des Dominicains et des Carmes de Clermont ne comportent pas d'éléments concernant la quête (voir S. Connault, Le couvent des Dominicains de Clermont du XIIIe au milieu du XVIe siècle et Ch. Lafarge, Le couvent des Carmes de Clermont à la fin du Moyen Âge, Mémoires de Maîtrise dactyl., Université de Clermont-Ferrand II, 2002 et 2004). En Dauphiné, aucune mention de termes concernant le petit couvent de Mineurs de Romans, de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe [L. Viallet, Bourgeois, prêtres et Cordeliers à Romans (vers 1280 -vers 1530). Une société en équilibre, Saint-Étienne, 2001, p. 152] ; en l'état actuel de leur dépouillement, les archives des couvents franciscains de Die, Crest, Valence n'apportent pas davantage de renseignements. En Silésie, l'existence de termes est avérée, mais l'enquête en cours ne permet pas d'être plus précis.