Animer un atelier de traduction spécialisée (original) (raw)
2009, Laplace, Lederer, Gile (eds) La traduction et ses métiers
La traduction étant considérée avant tout comme un savoir-faire, il est coutume de considérer que sa pratique constitue le tremplin privilégié pour pouvoir et savoir l'enseigner. Aux formes de l'enseignement en face-à-face où un cours de traduction consiste, très schématiquement, à lire ou faire lire à voix haute une traduction écrite et à en commenter en groupe les faiblesses et les points forts, tout en apportant les compléments cognitifs nécessaires à une reformulation optimisée, l'outil informatique offre une variante, dans la mesure où sa présence en salle de cours permet de simuler les conditions réelles de la pratique, tout en amenant à redéfinir le cadre pédagogique. J'anime depuis maintenant quatre ans un atelier de traduction spécialisée à l'université de Marne-la-Vallée et c'est de cette expérience que je souhaiterais ici rendre compte, afin d'en dresser une sorte de bilan provisoire. I. Cadre pédagogique Quelques précisions terminologiques s'imposent de prime abord. Le terme d'atelier implique un enseignement présentiel en salle informatique multiposte, où chaque étudiant dispose d'un ordinateur équipé des fonctions bureautiques classiques-traitement de texte, tableur et base de données-et d'une connexion au site de l'université, richement doté 1 et à l'Internet. Il implique aussi et surtout la forme prise par l'enseignement, dispensé non plus selon la méthode traditionnelle où un même texte est traduit par l'ensemble du groupe 2 , mais où chaque étudiant est chargé de réaliser, au fil des séances-au rythme d'une séance hebdomadaire d'une heure et demie sur les douze semaines d'un semestre-un dossier de traduction qui lui est propre, chacun traduisant un texte différent. Selon la consigne initialement donnée, la traduction, qui s'effectue d'anglais en français, doit porter sur un texte spécialisé d'environ trente-cinq pages. Par traduction spécialisée, il convient d'entendre la traduction de textes portant sur un domaine de spécialité, circonscrit de fait et en raison de mon propre profil, à des domaines scientifiques et techniques, sans tenir compte à ce stade des éventuelles contraintes techniques liées au format des textes, extraits d'ouvrages publiés ou de sites sélectionnés sur la Toile. I.1 Les apprenants Cet enseignement s'adresse à des étudiants de la filière langues étrangères appliquées, mention traduction spécialisée, du niveau Mastère 1, équivalent à l'ancienne maîtrise du système universitaire français. Ces étudiants suivent des cours de traduction dans différents domaines de spécialité, au nombre desquels la traduction juridique et économique, des cours de traductologie et des cours de traduction assistée par ordinateur, sans oublier des cours de traduction littéraire, l'ensemble de ces cours représentant une charge de trente-cinq heures hebdomadaires, laissant peu de place au travail individuel. Ils sont censés avoir déjà abordé 1 Il s'agit d'une université à dominante technique et scientifique, avec mise en ligne de nombreux cours et accès, dès lors que l'interrogation se fait dans les locaux de l'université, à la collection des Techniques de l'ingénieur. 2 Michel Rochard « Pédagogie de la révision utile dans une formation professionnalisante », La tribune internationale des langues vivantes, La traductologie de plein champ, n° 43, novembre 2007, pp. 81-87 (p. 81).