Accompagner les membres d’une famille endeuillée : Avec toujours plus de présence, respect, chaleur, compréhension empathique et d’authenticité (original) (raw)
(English below) Résumé : Au cours du siècle dernier, les réactions et processus de deuil ont de plus en plus été perçus et conceptualisés comme « a-normaux », c’est-à-dire pathologiques lorsqu’ils sont inhabituels, trop longs ou trop courts, trop intenses ou pas assez présents. Le deuil est souffrance (dolere éthymologiquement) et notre société veut le bonheur, le contrôle et l’efficacité. Le deuil doit donc être « traité ». Pourtant, le deuil existe car il est le coût de l’attachement essentiel entre les êtres humains, attachement qui a été phylogénétiquement et ontologiquement sélectionné pour notre survie et notre développement. La perspective humaniste, centrée sur la personne et experientielle, permet d'envisager les réactions et processus de deuil de manière plus compréhensive, humaine, idiosyncratique. Dans cet article, au-delà d’un bref retour sur les développements théoriques et empiriques dans ce domaine, je présenterai les éléments scientifiques permettant d’appuyer une perspective d’accompagnement centrée sur la personne que tout un chacun peut vivre de manière privée et/ou professionnelle. Basée sur les preuves scientifiques, celle-ci apparaît comme plus respectueuse des diversités intra- et interindividuelles, considérant la personne de manière holistique et intervenant par la relation de qualité à l’autre. L’aidant authentique, respectueux, empathique, flexible et chaleureux est amené à entreprendre un travail humanisant l’autre et le soin qu’il lui apporte tout en répondant aux critères sociétaux d’efficacité attendue. Abstract : During the last Century, grief reactions and processes have been increasingly perceived and conceptualized as « ab-normal », i.e., pathological when they are unusual, too prolonged or too short-lived, too intense or not enough. The word “grief” in French etimologically speaking comes from suffering (dolere) and our society wants happiness, control, and efficacy. Grief thus needs to be “treated”. However, grief exists because it is the cost of the essential attachment between human beings, an attachment that has phylogenetically and ontologically been selected for our survival and development. The humanistic, person-centred and experiential perspective, allows to consider grief reactions and processes in a more comprehensive, humane, idiosyncratic manner. In this article, beyond a short summary of the theoretical and empirical developments in this field, I will present the scientific elements that sustain a person-centred perspective that anyone can live privately and/or professionally. Evidence-based, it appears as more respectful of intra- and inter-individual diversities, taking the person holistically and intervening through the quality of the relationship with the other. An authentic, respectful, empathic, flexible, and warm caregiver humanizes the other and the care that she will provide at the same time as replying to the societal criteria of expected efficacy.