"Soigner l'ordure par l'ordure" : Mirbeau et l'esthétique du dégoût (original) (raw)

Mirbeau, Dugué de la Fauconnerie et "Les Calomnies contre l'Empire"

Cahiers Octave Mirbeau, 1999

Octave Mirbeau a travaillé comme secrétaire particulier de l'ancien député bonapartiste Dugué de la Fauconnerie et, à ce titre, a été amené à mettre en forme la propagande bonapartiste de son patron, notamment une brochure à succès, abondamment diffusée, "Les Calomnies contre l'Empire". Il évoquera par la suite cette période de prolétariat de la plume, assimilé à de la prostitution, dans un roman inachevé, "Un gentilhomme".

Mirbeau et l'autofiction

Cahiers Octave Mirbeau, 2001

Bien que différente, chez Mirbeau, de celle que définira et pratiquera Doubrovsky, l’autofiction, d’une part, est un moyen de dépasser les apories du naturalisme, et, d’autre part, contribue à ruiner toute autorité, y compris celle du romancier lui-même.

Mirbeau et le symbolisme

Alors qu’il voit dans le symbolisme, au sens large, une saine réaction contre les impasses du naturalisme et du scientisme, Octave Mirbeau s'en éloigne avec horreur lorsqu'il découvre que l'étiquette symboliste recouvre des œuvres dogmatiques et mortes et que cette doctrine ne vaut pas mieux que le naturalisme auquel elle prétend s'opposer.

Les vertus paradoxales de la traduction: le cas de Mirbeau

Studi Francesi

It was only in 2006, during my sabbatical in France, which was almost entirely dedicated to the translation of Mirbeau's Le Calvaire, that I read Traité de stylistique comparée. Analyse comparative de l'italien et du français (Paris, Didier, 1979) by Pierre Scavée and Pietro Intravaia. I did not immediately realise how this text could influence my work as a translator. It is only in hindsight that I recognise my debt to this enlightening text. I was not particularly convinced by its ontological and theoretical principles, which appeared to be slightly dated or debatable. On the other hand I found very fruitful its operational potentials and its pragmatic capacity of shedding light on how native languages work in their everyday, rather than literary use. Inspired by the work of Pierre Scavée and Pietro Intravaia, I will demonstrate in my paper how Italian language has the paradoxical potential to infuse with a stronger expressive dimension Mirbeau's «intimate» prose, which is so full of pathos in its constant struggle with the writer's inner demons. I am going to argue that the Italian translation of Mirbeau's pseudoautobiographical style is, in some ways, more evocative than its French original and of greater impact for the reader.

Murielle Gagnebin : Esthétique du camouflage

1985

Persuadée que l'oeuvre d'art tire sa visibilité de son essentielle invisibilité, je me propose dans ce texte de démontrer une fois encore' cette proposition, à la faveur, cette fois, de la problématique du « camouflage » en peinture, très spécifique de ces dix dernières années.

La notion de mépris dans la critique d’art de Baudelaire et de Mirbeau

Acta Universitatis Lodziensis. Folia Litteraria Romanica, 2020

Le XIXe siècle voit apparaître une nouvelle vision de l’artiste. Face à une société bourgeoise et matérialiste, il s’érige en chantre d’un art hautain et désintéressé. Un tel écart entre l’artiste et le public doit produire des tensions et fait naître, des deux côtés, le sentiment d’incompréhension qui souvent dégénère en mépris. Charles Baudelaire contribue beaucoup à cette conception de l’art, où la notion de mépris revient souvent : le mépris envers le public bourgeois, l’artiste embourgeoisé, le critique d’art borné – mais aussi, le mépris du profanum uulgus dirigé contre l’artiste. Trois décennies plus tard, Octave Mirbeau fait appel à cette même notion pour construire son modèle des relations entre artiste et public, modèle bien proche de celui de Baudelaire. Notre objectif est donc double : analyser le concept du mépris chez les deux artistes, et relever les nombreuses affinités qui existent au niveau thématique, stylistique et rhétorique dans leurs écrits sur l’art.

Staron_Ascension envol chez Mirbeau.pdf

De l’ascension à l’envol : l’espace comme métaphore chez Octave Mirbeau L’œuvre d’Octave Mirbeau, traditionnellement associée à la littérature réaliste, réserve, à l’examiner de plus près, bien des surprises. L’un des repères fondamentaux du réalisme romanesque est sans doute l’ancrage de l’histoire dans l’espace. Or, Mirbeau met à mal cette notion, lui attribuant, surtout dans ses romans ultérieurs, une fonction presque entièrement métaphorique. Parmi les dix romans qu’il avait signés, deux semblent correspondre plus intimement au sujet du colloque. Il s’agit de Dans le ciel et de La 628-E8, qui mettent en scène, le premier, un pic symbolisant l’ascension douloureuse de l’artiste vers un idéal impossible, l’autre, un espace non limité et tout aussi déréalisé, que parcourt à toute vitesse une voiture - symbole de la liberté finalement acquise. L’analyse du concept de l’ascension (Dans le ciel) et de l’envol (La 628-E8), conduite à la lumière des articulations entre les deux romans, permet d’observer l’évolution des convictions artistiques et philosophiques de l’écrivain.

Mirbeau et Clemenceau : une amitié paradoxale

"L'Année Clemenceau", n° 1, pp. 69-84, 2017

La longue amitié entre le libertaire et iconoclaste Octave Mirbeau, contempteur des mœurs politiciennes et des institutions républicaines, dont il souhaite carrément l’effondrement, et Georges Clemenceau, qui a été l’une des plus éminentes incarnations des unes et le plus fervent défenseur des autres, n’a rien d’évident et ne manque pas de surprendre au premier abord. Entre l’anarchiste qui ne s’effrayait pas d’un Ravachol et voyait en lui « le coup de tonnerre auquel succède la joie du soleil et du ciel apaisés », et le futur « premier flic de France » et « Père la Victoire », n’y aurait-il pas un infranchissable abîme ? Et pourtant, indéniablement, cette amitié fut, et, solidement forgée pendant l’Affaire, elle dura une bonne quinzaine d’années.

Au pays des supplices : caricature et paroxysme dans la Chine fantasmée d'Octave Mirbeau

Gaultier Roux, Quêtes littéraires nº 10, 2020 Caricature : l'art de la démesure

Cet article étudie les stratégies de la caricature dans Le Jardin des supplices, œuvre emblématique du discours exotique et jalon dans la constitution des stéréotypes sur la Chine. Cependant, le récit, loin de chercher à représenter une Chine réaliste, ni même à en indiquer la barbarie supposée, vise au contraire à produire en creux une caricature de son pendant européen. Le Jardin des supplices a ainsi une vocation spéculaire, par laquelle l'Occident se reconnaît dans l’utopie fantasmagorique proposée ; on identifiera alors à la fois, dans cette farce sadique, une parodie des structures institutionnelles européennes et un pastiche des traits caractéristiques de la décadence littéraire. Nonobstant, Le Jardin des supplices informe bien durablement, et au second degré, la représentation de la Chine et des Chinois dans l’inconscient collectif.