« Pourquoy li aucun dorment qui se prendent a lire » : représentations médiévales des effets soporifiques et des vertus revigorantes de la lecture (original) (raw)

Les veilles studieuses. Représentations et pratiques de la lecture nocturne au XVIIIe siècle », dans Frédéric Barbier, Robert Descimon (dir.), A travers l’histoire du livre et des Lumières. Etudes d’histoire du livre offertes au professeur Daniel Roche, Genève, Droz, 2011, .p. 261-284

dans Frédéric Barbier, Robert Descimon (dir.), A travers l’histoire du livre et des Lumières. Etudes d’histoire du livre offertes au professeur Daniel Roche, Genève, Droz, 2011, n° spécial de la revue Histoire et civilisation du livre, VII, p. 261-284

Les veilles studieuses sont un topos, secondaire mais tenace, de l’autoreprésentation du monde savant. Comme les autres pratiques de lecture, celle-ci doit être historicisée, réinscrite dans le filet des contraintes techniques, des pratiques sociales et des nappes de représentations. En ce domaine, la fin de l’époque moderne marque un tournant important. Le quasi-monopole de la lecture nocturne acquis aux gens de lettres se trouve progressivement contesté par une « conquête de la nuit » (D. Roche) à la fois matérielle et sociale. Comment penser les veilles lettrées face à l’anti-figure de la lectrice à la chandelle et à la topique mondaine de l’homme de lettres ? On a suivi les évolutions de la figure du savant veilleur à travers trois dossiers documentaires : les productions micrologiques allemandes du début du XVIIIe siècle, les éloges de l’Académie royale des sciences de Paris et les Efemeridi d’un homme de lettres florentin, Giovanni Pelli Bencivenni. Au-delà des figures antagonistes qu’elles mettent en scène, les sources révèlent l’importance des variations intra-individuelles, synchroniques ou diachroniques, des comportements nocturnes. Elles montrent que la frontière entre pratiques « légitimes » et « illégitimes » de la nuit ne passe pas seulement entre des catégories de lecteurs, rélles ou imaginaires et symboliquement hiérarchisées, mais organise tout l’éventail des arts de lire des individus.

Les veilles studieuses. Représentations et pratiques de la lecture nocturne au XVIIIe siècle

2011

Les veilles studieuses sont un topos, secondaire mais tenace, de l’autorepresentation du monde savant. En ce domaine, la fin de l’epoque moderne marque un tournant important. Le quasi-monopole de la lecture nocturne acquis aux gens de lettres se trouve progressivement conteste par une « conquete de la nuit » a la fois materielle et sociale. Comment penser les veilles lettrees dans ce nouveau paysage nocturne ? Comment defendre la nuit face a l’anti-figure de la lectrice a la chandelle et a la topique mondaine de l’homme de lettres ? A travers trois dossiers documentaires – les productions universitaires allemandes de la micrologie litteraire des premieres decennies du XVIIIe siecle, les eloges de l’Academie royale des sciences de Paris et les Efemeridi d’un homme de lettres florentin, Giuseppe Pelli Bencivenni –, on se propose de suivre les evolutions de la figure du savant veilleur

« Une lecture sans tradition: lire à la limite de ses habitudes ». Protée. Revue internationale de théories et de pratiques sémiotiques, vol. 25, no 3, p. 7-20.

Le passage à un contexte de surextensivité culturelle (a context of cultural surextension) entraîne une transformation importante de nos habitudes de lecture. Pour décrire ce contexte, l’auteur exploite deux situations de lecture : l’une, mise en place par la lecture d’un roman qui joue sur les frontières territoriales et culturelles, The Crossing, de Cormac McCarthy ; l’autre, par la lecture/navigation d’un hypertexte fictionnel, Afternoon, a Story, de Michael Joyce. Ces situations illustrent, l’une, les rapports à la périphérie dans la sémiosphère, l’autre, une transition entre deux médiasphères ; et, ensemble, la portée de l’adaption qu’auront à subir nos pratiques de lecture.

L'ode au Moyen Âge, une lyricité en sommeil?

Si l'on s'en tient à l'étymologie, chercher les liens qui unissent l'ode à la musique relève du pléonasme. Or il ne fait pas de doute que la question de la lyricité de l'ode, ou plus spécifiquement la réalité de sa performance musicale et vocale, est problématique, et cela certainement dès ses origines 2 . Au Moyen Âge, cette question n'est pas résolue, d'autant que l'ode n'y est pas particulièrement en vogue, contrairement à l'engouement que lui porte la Renaissance humaniste 3 .

Lire le roman à l'ombre de l'« estoire » : Tradition manuscrite et programmes de lecture des romans d'antiquité

Florilegium, 2012

« Le roman vient de là, de cette ombre que l'épopée ignore 1 ». À elle seule, cette formule de Francis Dubost résume un pan important des recherches menées depuis plus d'un demi-siècle sur les romans d'antiquité. Depuis les articles fondateurs d'Ernest Hoepffner (1938) et d'Erich Köhler (1963) jusqu'aux travaux d'Aimé Petit (1984) et de Francine Mora (2008), une certaine constante continue d'infléchir l'analyse de ce corpus : les romans de Thèbes (ca. 1150), d'Énéas (ca. 1152), de Brut (1155) et de Troie (ca. 1165) 2 signeraient la naissance du genre romanesque en adoptant une posture critique par rapport à l'héritage épique de la chanson de geste. Premier en date de ce corpus, le Roman de Thèbes est présenté comme le texte qui marquerait « le passage de l'épopée au roman 3 » tandis que le Roman de Troie qui achève le « cycle » devient celui qui permet l'affranchissement des impératifs épiques, ouvrant ainsi la voie au projet proprement romanesque de Chrétien de Troyes (ca. 1176-1189) et de ses nombreux successeurs 4. Malgré ses accents lukácsiens, voire hégéliens 5 , ce récit des origines épiques du genre

Lire « en corps ». Lecture et écriture symptomatique de l’odeur de sainteté (1868-1901)

La partie et le tout. Partitions et (re)compositions des corps au XIXe siècle, 2020

Cette étude se propose d’explorer les représentations littéraires d’un fragment corporel très spécifique : son odeur. On a choisi d'étudier plus particulièrement le mythe de l'odeur de sainteté à travers des références essentiellement littéraires (Zola, Lemonnier, Huysmans, Goncourt).

« Les réminiscences médiévales dans la fantasy : un mirage des sources ? »

Cahiers de Recherches Médiévales, 2008

Abstract : Fantasy novels, the production of which is in full swing, are extremely frequently set in a medieval setting. Until now, recent research on this genre fiction have mainly examined its relations to medieval literature. That some authors have real knowledge of it is doubtless, however as often as not one can see that this setting relies less on a learned view of the period than on a stereotyped vision of it. This « middle » age, dark and full of wonders, is the result of a historiographical construction for which the Humanists are primarily responsible and which has taken on various shapes up to the present day. The particularity of fantasy is thas it uses and puts in a favorable light what had been previously been depreciated about the Middle Ages : it has become a historical parenthesis, a place of pure fiction which provides a privileged setting for the creation of imaginary worlds. Résumé: Les romans de fantasy, dont la production est en plein essor, se déroulent extrêmement souvent dans un cadre médiéval. Les recherches récentes qui ont commencé à interroger cette production paralittéraire se sont pour le moment essentiellement penchées sur son rapport à la littérature médiévale. Que certains auteurs en aient une connaissance poussée est incontestable, pourtant on constate que dans la grande majorité des cas, ce cadre n'est pas informé par une connaissance érudite de la période mais par une vision stéréotypée de celle-ci. Cet âge intermédiaire, obscur et rempli de merveilles, résulte d'une construction historiographique dont sont en premier lieu responsables les Humanistes, et qui a subi diverses inflexions jusqu'à aujourd'hui. La particularité de la fantasy est qu'elle utilise et valorise ce pour quoi le Moyen Âge avait été mis à l'index : devenu un « à part » historique, lieu de pure fiction, il fournit un cadre privilégié à la création de mondes imaginaires.