"La fonction de l'adresse dans le de ira de Sénèque", in A.-M. Favreau-Linder, J.-P. De Giorgio, La diatribe antique - enquête sur les formes dialogiques du discours philosophique (original) (raw)
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DIACHRO XI, Universidad Complutense de Madrid, 2024
Notre étude est basée sur une analyse qualitative et quantitative des termes d'adresse (=TA) nominaux relevés dans les interactions dialoguées entre personnages masculins et féminins issus du groupe social désigné comme ‘vilains’ dans les fabliaux du 12ème et 13ème siècles. Les textes sont tirés de deux corpus électroniques – FABLIAUX-V0-1 (22 textes, 34 110 tokens) et FAB-LITT (19 textes, 39 598 tokens). Les répliques relevées sont confrontées aux interactions n’incluant pas les femmes dans les fabliaux, ainsi qu’aux échanges verbaux entre personnages masculins et féminins apparaissant dans une sélection de chansons de geste et romans courtois en vers du 12ème et 13ème siècles accessibles via BFM2022. Les TA relevés seront envisagés, dans un premier temps, sous l’angle de la pragmatique historique, les classifications par Dominique Lagorgette à l’appui (1997). Par ailleurs, on inclut dans l’analyse les rapports entre les interlocuteurs, les contextes dont dépend le choix de tel ou tel TA, ainsi que la question du respect ou de la transgression de la norme de communication par les interlocuteurs. Dans un deuxième temps, nous adoptons la perspective sociolinguistique. Ainsi, si Sophie Marnette a démontré que les fabliaux revêtent le point de vue masculin sur les personnages féminins (Marnette, 2011), ils témoignent également d’un regard bourgeois sur le monde paysan. Cela permet un doute sur la véridicité de la représentation de l’oral des ‘vilains’ apparaissant dans ces ‘contes à rire’. Au terme de l’analyse, les TA les plus fréquemment employés se révèlent comme des formes non-marquées signalant le respect de la norme de communication telle qu’elle apparaît aux auteurs et au public des fabliaux.
Abstract : The famous story of Diogenes searching for a man (ánthrōpon zētō̂) with his lantern in broad daylight (D.L. VI 41) has been interpreted in two ways, according to the meaning assigned to the word ánthrôpos (« man »). Proponents of the nominalist interpretation, by giving it the sense of man as a concept, see in the quest of Diogenes an attack against Plato’s Ideas. Defenders of the moral interpretation rather give the word ánthrôpos a concrete meaning with meliorative value : Diogenes would search in vain for a virtuous man. After showing that the one and the other are equally valid, our study aims to provide a middle way, that we named « defacing of language », which reconciles the two positions through an analysis of the relationship between language and truth among the Cynics. Résumé : La célèbre anecdote où Diogène cherche un homme (ánthrōpon zētō̂) avec sa lanterne en plein jour (D.L. VI 41) a été interprétée de deux manières, selon la signification attribuée au mot ánthrôpos (« homme »). Les tenants de l’interprétation nominaliste, en lui assignant le sens d’homme en tant que concept, voient dans la quête de Diogène une attaque contre les Idées platoniciennes. Les défenseurs de l’interprétation morale confèrent plutôt au mot ánthrôpos un sens concret à valeur méliorative : Diogène chercherait en vain un homme vertueux. Après avoir montré que l’une et l’autre sont tout aussi valables, notre étude vise à dégager une voie intermédiaire, que nous avons nommée « falsification du langage », qui réconcilie les deux positions grâce à une analyse du rapport entre langage et vérité chez les Cyniques.
Cet article s’interroge sur les raisons pour lesquelles, dans le Banquet de Platon, Socrate prononce son éloge d’Eros sous la forme d’un dialogue rapporté qui met en scène deux personnages : Diotime et Socrate encore jeune homme. Je montre d’abord que chaque interlocuteur de ce dialogue enchâssé se présente comme une synthèse des deux personnages du dialogue cadre (Agathon et Socrate adulte, devenu un philosophe accompli) : Diotime, c’est le dialecticien Socrate vu par les yeux d’un poète et d’un disciple des sophistes, tel Agathon ; quant au jeune Socrate, c’est Agathon dans les habits d’un jeune dialecticien. À partir de cette description, j’entends montrer que le masque de Diotime, et plus généralement l’ensemble du dialogue rapporté par Socrate, sont des procédés littéraires qui permettent à Platon de présenter, en plus sa théorie sur eros, une leçon de communication qui engage le lecteur à faire une interprétation judicieuse de cette théorie : (1) Platon montre que le dialecticien doit adapter son discours à son interlocuteur, (2) il signale les limites d’une leçon sur eros présentée sous la forme d’un monologue didactique, (3) il promeut les vertus d’un enseignement dispensé, à l’oral ou l’écrit, sous la forme d’un dialogue rapporté.