Les proèmes des Priapées et le problème de la datation du recueil (original) (raw)

Les Priapées, de la parole au livre

Revue de Philologie 79,2, p. 279-307, 2005

| pages 279 à 307 Pour citer cet article : -Plantade E. et Vallat D., Les Priapées de la parole au livre, Revue de philologie de littérature et d'histoire anciennes 2005/2, Tome LXXIX, p. 279-307. Distribution électronique Cairn pour Klincksieck. © Klincksieck. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Rev. de philologie, 2005, LXXIX, 2.

La datation du poème l’« Arimaspée » d'Aristéas de Proconnèse, L'Antiquité classique, 67, 1993, 35-67

Aristéas de Proconnèse est l'une des figures les plus mystérieuses de la littérature grecque. Les auteurs antiques, à partir d'Hérodote déjà (IV,(13)(14)(15)(16), lui attribuaient des qualités tout à fait surnaturelles, il était l'objet d'une vénération religieuse et il était également considéré comme l'auteur d'un poème réel. Ce poème décrivait le voyage à l'extrême Nord-Est du monde connu, chez le peuple des Issèdones, voyage qui semble avoir été effectué par Aristéas après sa disparition miraculeuse de sa ville natale. Les fragments de ce poème nommé par les auteurs tardifs l'Arimaspée sont conservés chez Ioannes Tzetzès et chez Pseudo-Longin2, mais leur authenticité a été mise en doute3. Les dates du poème d'Aristéas ni de sa vie ne sont claires. Certains auteurs dataient ce poème du VIe siècle avant J.-C. 4 , sans donner toutefois d'argumentation détaillée. Mais la plupart des spécialistes le datent du vne siècle avant J.-C.5. Je partageais la même opinion, mais elle me semble maintenant très Je remercie M. Piérart et W. Burkert, qui ont lu le manuscrit de cet article, de leurs remarques et conseils très importants. 2 G.

REMARQUES SUR LES « HISTOIRES PERSES » DE PROCOPE

La composition structurelle des Guerres, oeuvre principale de Procope de Césarée, est facile à entrevoir. L'ouvrage historiographique, comme les soustitres traditionnels respectifs des livres nous le signalent, se construit selon la logique de la topographie des guerres des Byzantins contre les peuples barbares, de sorte que même l'ordre chronologique des événements devient secondaire par rapport au cadre géographique. Les deux premiers livres traitent des guerres contre les Perses (De bellis I-II = De bello Persico I-II), les deux suivants présentent les événements des guerres contre les Vandales (De bellis III-IV = De bello Vandalico I-II), tandis que les livres cinq à sept relatent les guerres contre les Goths (De bellis V-VII = De bello Gothico I-III) 1 . Dans ce dernier cas, la signifiance particulière des guerres suffirait à justifier l'élargissement des dimensions par rapport aux parties précédentes : en effet, la reconquête de la « patrie italienne » constitue l'étape la plus importante de la réalisation du « rêve justinien », c'est-à-dire de la restauration de l'ancien Empire Romain. Le livre huit semble rompre avec les principes structurants précédents : cette fois, les événements sont présentés par ordre strictement chronologique, tandis que le lieu devient secondaire 2 . Toutefois, la datation de l'oeuvre fournit * Étude rédigée avec le soutien du projet OTKA PD 104876 et du bourse Bolyai. 1 Pour le texte grec, je cite l'édition de référence: Procopii Caesariensis Opera omnia I-IV. Recognovit Haury, J. Lipsiae 1905-1913. Addenda et corrigenda adiecit Wirth, G. Lipsiae 1962-1964. Pour la numérotation des chapitres et les sous-titres, je suis cette même édition, bien que les divisions soient souvent inconséquentes. 2

Les voûtes d'ogives du Promenoir des moines au Mont-Saint-Michel et le problème de leur datation

Bulletin Monumental, 2006, t. 164-4, p. 347-358, 2006

Ever since the re-examination of the vaults of the abbey of Lessay by Yves-Marie Froidevaux in 1958, most historians of Mont Saint-Michel have dated the rib vaults of the monks' ‘promenoir’ to the abbacy of Roger II (1106-1122). They would thus be among the oldest preserved examples in the Anglo-Norman world of this new kind of vault, and this would place Mont Saint-Michel among the monuments presage the blossoming of Early Gothic art in the Capetian domain. The archaeological and stylistic study of the edifice, however, leads to different conclusions. The vaults of the ‘promenoir’ are datable to the late twelth or early thirteenth century and were constructed during the abacy of Robert de Torigny (1154-1186) or more probably that of Jourdain (1191-1212). The latter hypothesis would suggest that the work on the ‘promenoir’ was part of the refurbishing of the conventual buildings after the fire that partially destroyed the monastery in 1204, a few years before the decision was taken to open a new work-site further to the east: la Merveille.

Hors du jardin, hors de l’épigramme : pour une relecture métapoétique des Priapées

Bollettino di Studi Latini 42, p. 15-28, 2012

la progression du recueil des Priapées dans le sens d'une décadence graduelle vers l'affaiblissement du dieu Priape, récemment soulignée, est une étape importante pour une bonne compréhension de cette oeuvre. C'est ainsi que n. Holzberg (2005) a démontré comment la figure de Priape, tout hyper-sexualisée qu'elle soit, subissait une évolution interne dans le recueil, en devenant impuissante, en six étapes: par un renversement inattendu, le dieu, loin de pouvoir maintenir sa puissance sexuelle sur l'intégralité du libellus, s'affaiblit petità-petit, tandis que sa parole même se fait plus menaçante et agressive 1 : ainsi se traduit une progression vers la fin du livre. C'est précisément cette fin que r. Höschele (2008) a analysée: elle a montré que la séquence finale des pr. 73-80 construisait un effet de sens structurant: l'impuissance sexuelle, mais aussi la vieillesse, l'inutilité assaillent Priape et précipitent, au niveau métapoétique, le livre vers sa fin. nous souhaiterions revenir sur cette entropie qui peu à peu mine le libellus, mais en l'envisageant dans une optique relativement différente: non la vieillesse de Priape, mais son départ. nous montrerons, dans une lecture suivie des textes, que tous les éléments se mettent en place pour que Priape s'échappe du recueil, ou plutôt échappe au recueil en tant que texte littéraire. Un dispositif littéraire s'installe, en particulier dans la seconde partie des Priapées, et la clôture de l'ouvrage constituera pour le petit dieu des jardins une forme de libération: il prépare son évasion des Priapées et signifie, à travers cette allégorie métapoétique, la fin -la limite -du projet poétique audacieux de ce libellus épigrammatique. C'est ainsi que l'auteur anonyme le laissera quitter le monde de la fiction littéraire pour un retour au monde non épigrammatique 2 .

Corpus poétique et métadonnées : la problématique de la datation dans les poèmes de Guillaume Apollinaire

La poésie d'Apollinaire est placée sous le signe de la discontinuité, de l'hétérogénéité, du morcellement. L'écriture poétique apollinarienne se donne, à travers les différents recueils, comme un « style en mouvement 1 », un matériau plastique et malléable, en quête d'une perpétuelle réorganisation pouvant prendre la forme de la réécriture, de la conversion d'écrits de prose en poésie, voire du collage. Celle-ci alimente, selon Jean Burgos, la construction d'un puissant imaginaire, mû par « une attirance profonde pour la vision morcelée du monde et des choses 2 ».

Les Pleurs et non Mes Pleurs : genèse d’un recueil

Sur "Les Pleurs" de Marceline Desbordes-Valmore

Au moment de leur parution chez l'éditeur Charpentier en 1833, bon nombre des poèmes des Pleurs ont déjà connu une ou plusieurs publications dans des périodiques régionaux, du Mémorial de la Scarpe, créé à Douai par Hippolyte-Romain Duthilloeul avec lequel Marceline Desbordes-Valmore entretient dans les années 1830 une correspondance régulière, à La Glaneuse et La Revue provinciale de Lyon, ou encore La Gironde. Plusieurs poèmes du futur recueil sont également relayés dans des revues plus nettement littéraires, aux orientations et publics divers. Si parmi elles, certaines sont très éclectiques et plutôt associées à la seconde moitié du xviii e siècle, telles le Chansonnier des grâces et surtout L'Almanach des muses, fondé en 1765, d'autres sont des espaces modernes largement investis par la génération romantique, telle La France littéraire de Charles Malo qui a « attiré en masse 1 » la jeune garde poétique ou bien Les Annales romantiques, qui se présentent comme « recueil de morceaux choisis de littérature contemporaine 2 ». À partir de 1833, La Revue des deux mondes, fraîchement fondée en 1829 et dirigée par François Buloz depuis 1831, publie « Le Crieur de nuit » et « Le Coucher d'un enfant », déjà paru pour ce dernier dans Le Mémorial de la Scarpe, La France littéraire et La Revue provinciale de Lyon, parcours témoignant de l'aura grandissante de Marceline Desbordes-Valmore et de son intégration au cénacle romantique. Le tournant 1830, a rappelé Alain Vaillant, signe « l'émergence bientôt hégémonique de notre moderne culture médiatique […] et plus spécifiquement, l'introduction de la poésie dans l'espace du journal 3 ». On connaît en effet le service rendu par les revues aux « scénographies auctoriales 4 » des romantiques, théorisées par José-Luis Diaz comme « l'adoption progressive par un jeune écrivain d'une posture, d'un rôle, d'une scénographie, en fonction du répertoire des postures existantes sur le marché quand il arrive en littérature 5 ». L'autrice des Pleurs investit elle aussi ce

Deux pièges de la réception des anagrammes : chronologie et édition des cahiers

Cahiers Ferdinand de Saussure, 63, p. 95-112, 2010

The purpose of this article is to analyse the philological treatment of Ferdinand de Saussure's writings relating to anagrams since their discovery fifty years ago. We propose a retrospective view on two different aspects of the reception of these texts : their dating and their edition. We re-examine the question of the chronological coincidence between the research on the anagrams, the work on Germanic legends and the course in general linguistics. We also endeavour to lay open the characteristics and the tacit knowledge of the existing editions of Saussure’s anagram notebooks. Our aim is to show in which way the dating and editing of the texts on anagrams affects and directs their reception. L’objet de cet article est d’analyser le traitement philologique des textes saussuriens relatifs aux anagrammes depuis leur découverte il y a une cinquantaine d’années. Nous proposons un regard rétrospectif sur deux aspects de la réception de ces textes : leur datation et leur édition. Nous réexaminons la question de la coïncidence chronologique entre la recherche des anagrammes, le travail sur les légendes germaniques et les cours de linguistique générale. Nous tâchons également de dégager les caractéristiques et les implicites des éditions de cahiers d’anagrammes existantes. Il s’agit, en somme, de montrer en quoi le travail de datation et d’édition des textes d’anagrammes conditionne et oriente leur réception.