« Les brochures de voyage d’André Beucler, ‘le plus bel album que l’on puisse rêver’ » (original) (raw)

Backpackers et carnets de voyage, récit biographique d’une expérience itinérante

Tourisme des routards, 2013

Travaillant depuis plusieurs années sur les écritures de voyage, je propose dans cet article une analyse transversale des carnets tenus par des backpackers. Objet polymorphe, à la fois écritures ordinaires du voyage et écritures laissant entrevoir une intimité du voyageur, le carnet de voyage nécessite la mise en place d’une méthodologie spécifique –– observation participante — pour son obtention ou tout simplement pour sa consultation. Au-delà des caractéristiques significatives de la population témoin et du corpus constitué, j’aborderai succinctement la question de la matérialité de l’objet pour laisser une place significative au contenu du carnet. Ainsi, je soulignerai les thématiques que l’on trouve dans l’ensemble de la production et porterai une attention toute particulière à la question du « je » dans ce corpus. Ainsi, feront jour des interrogations, des affirmations du voyageur que seul le carnet de voyage peut révéler. À travers cette production témoignant d’une expérience ...

« Diseurs de riens. Le babil des brochures au XVIIIe siècle »

RHLF, 2021

RÉSUMÉ – Si le babillard est celui “qui parle continuellement, et qui ne dit que des choses de néant” (Furetière), dans quelle mesure l’écriture babillarde peut-elle être une écriture du superflu, voire, du rien ? Écrire sur rien renverse les catégories axiologiques par lesquelles sont jugées les oeuvres littéraires au xviii e siècle, et met en évidence une des modalités du babil : celle de revendiquer la vanité et la superfluité de toute parole. MOTS-CLÉS – Babil, brochures, éloge paradoxal, riens

« La place des images dans une collection de voyages : le cas des Grands Voyages des De Bry »

La publication, dès 1590, de la collection des Grands Voyages, depuis Francfort-sur-le-Main, permet au graveur Théodore de Bry, originaire de Liège, de mettre en avant son talent artistique, en quatorze volumes. La richesse et la particularité de ce recueil de voyages résident dans le nombre (trois-cent-trente illustrations en quarante années) et la grande qualité des images qui accompagnent le récit parfois déjà connu pour les lecteurs européens. La relation qui existe entre les planches gravées sur cuivre et le texte constitue le fondement de notre réflexion. Comment le graveur a-t-il inséré ses images ? Qu’apportent-elles par rapport au récit ?

Michel Butor, du Livre de voyage comme Nouveau roman

La Pluralité des mondes. Le récit de voyage de 1945 à nos jours, 2017

Dans ce chapitre du livre La Pluralité des mondes, le mouvement du Nouveau Roman est étudié sous l'angle de l'influence qu'il a eue sur le récit de voyage, ou au contraire l'influence que le récit de voyage a eue sur lui. L'oeuvre de Michel Butor est à ce titre symptomatique car il confesse avoir trouvé son style et sa méthode quand il a délaissé la fiction pour privilégier une écriture géographique, topographique et spatiale. Le récit de voyage trouve avec Butor son point le plus expérimental. Ce chapitre propose notamment une lecture attentive d'un grand livre de voyage qui a fait scandale à cause de sa forme en 1964 : Mobile, Essai de représentation des États-Unis. Ce chapitre démontre que le récit de voyage, loin d´être un genre stéréotypé et mineur, constitue en fait un pôle de créativité puissant pour qui sait le reconnaître. Mais le plus original, avec le Nouveau roman, est probablement qu'il a su à la fois casser les codes des récits conventionnels tout en renouant avec des codes oubliés de la tradition littéraire viatique.

Alfred Baeumler et le paradigme de la « Nouvelle Vision du monde »

Alfred Baeumler et le paradigme de la « Nouvelle Vision du monde » Une confrontation aux textes nationaux-socialistes a pour but indispensable la formation du jugement. Pour cela, il faut bien comprendre sa base théorique qui est le remplacement de la philosophie par la doctrine des visions du monde. Cette doctrine contraint à penser à partir de présupposés. Elle remplace ainsi l’effort de réflexion sur ses propres intuitions et perceptions. C'est un niveau théorique supérieur aux visions du monde, autrement dit la condition pour que l’on puisse ensuite parler des visions du monde. Le national-socialisme est porté par une vision du monde qui se revendique comme nouvelle. Dans un discours du 27 mai 1937, à l’occasion de la commémoration de Fichte à l'université de Berlin, Alfred Baeumler (1888-1968) développe les concepts de monde, de vision du monde et de nouvelle vision du monde, en relation avec les concepts des nationaux-socialistes, des Allemands et de la substance germanique. Il décrit la vision du monde nationale-socialiste comme la conséquence de la force révolutionnaire de l'esprit allemand qui ouvre le monde. Il veut démontrer l'unité de l'histoire des idées allemandes, faite par les hommes de sang allemand qui détiennent la mesure allemand dans leur propre poitrine. Le national-socialiste serait, tout comme le « Je » idéaliste, une irruption de la substance germanique. Baeumler le détermine comme l'unité de la race et de la personnalité. Cette irruption de la substance germanique aboutissait à la nouvelle création du Reich d'Adolf Hitler, effectuée concrètement par les nationaux-socialistes. Selon cette conférence, on pourrait avoir l’impression que Baeumler suppose que la substance allemande change réellement de forme. Pour autant, selon son discours du 10 mai 1933, cette unité de personnalité et de race est toujours le centre ; ce qui change, c’est la prise de conscience. Ainsi, il s’exclame au sujet des livres brûlés lors des autodafés en printemps 1933 : « "Nous rejetons aujourd’hui les matières empoisonnées qui se sont amassées dans l’époque de la fausse tolérance" » [KLEE, Ernst (2003), Das Personenlexikon zum Dritten Reich, Francfort s/M:Suhrkamp, 24]. Leonore Bazinek (ERIAC).