L'histoire de la théorie cellulaire selon Canguilhem (original) (raw)
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La biophilosophie de Georges Canguilhem
Georges Canguilhem est connu comme épistémologue des sciences de la vie. Il est moins réputé en dehors des cercles d'amateurs spécialisés comme vitaliste « encarté » (en employant cette formule, nous songeons à celle, peut-être un brin provocatrice, employée par Canguilhem en discussion avec Michel Fichant : « je suis un nietzschéen sans carte »). Nous examinerons ici sa contribution à une « biophilosophie » qui ne se contenterait pas de se situer trop strictement dans l'une des deux orthodoxies classiques et tenaces que sont le réductionnisme et le holisme.
De la science des monstres : Canguilhem et la tératologie expérimentale d’Étienne Wolff
Revue d’histoire des sciences I Tome 71-2 I juillet-décembre 2018 I 243-270, 2018
Résumé : Dans cet article nous souhaitons montrer comment la connaissance approfondie que Canguilhem avait de la tératologie expérimentale a contribué à ses analyses des concepts d’anomalie et d’anormalité. Dans la première partie de l’article, après avoir retracé l’intérêt de Canguilhem pour les travaux d’Étienne Wolff grâce à l’analyse des textes préparatoires de sa thèse de 1943, nous clarifions les conceptions canguilhémiennes concernant, d’abord, l’équivalence ontologique a priori de toute forme vivante, et, deuxièmement, la nécessité épistémologique « d’éclairer par la connaissance des formations monstrueuses celle des formations nor- males ». Dans la deuxième partie de l’article, nous nous concentrons sur les contributions spécifiques apportées par les pratiques expérimentales de Wolff aux réflexions canguilhémiennes sur les concepts de totalité d’un organisme vivant et d’irréversibilité des phénomènes vitaux. Nous terminons en observant les conséquences de la « révolution moléculaire » des années 1960 sur la tératologie et en tirant des conclusions plus générales sur la manière dont l’étude des monstres met en lumière certains des aspects méthodologiques propres à l’épistémologie historique. Summary : In this paper I set out to show how Canguilhem’s firsthand knowledge of innovative experimental teratology affected his ana- lyses of anomaly and abnormality. After retracing Canguilhem’s interest in the work of Étienne Wolff to the preparatory work for his 1943 dissertation, in the first part of the paper I outline Canguilhem’s theses regarding the ontological a priori equivalence of all living forms and the epistemological necessity of « enhancing the knowledge of normal formations by using knowledge about monstrous for- mations ». In the second part of the paper, I focus on Wolff’s specific contributions to Canguilhem’s reflections on the concepts of totality and irreversibility. I conclude by observing the impact of the 1960s « molecular revolution » on teratology and by drawing more general conclusions about how the study of monsters illuminates the methodological underpinnings of historical epistemology.
Canguilhem, père de l'éthique contemporaine?
La pensée de Canguilhem dans Le Normal et le Pathologique est-elle une anticipation éthique de la relation soignant-soigné ? Le philosophe et médecin serait donc aussi un visionnaire en avance sur son temps, défenseur précurseur d'une éthique médicale novatrice et théorisée. "Anticiper", cependant, n'est pas le synonyme parfait de "devancer" : il intègre également une idée de continuité logique, de construction séquentielle. Plutôt que chronologique (et associé à une rupture dans la ligne du temps), le terme évoque alors une dynamique causale, un lien de cohérence entre fondement et développement. L'"anticipation éthique" s'entend alors comme prodrome de l'éthique elle-même, l'éthique avérée et qui se revendique comme telle. Il vient alors un questionnement qui se rapporte à la volonté de l'auteur plutôt qu'au positionnement de son oeuvre dans le continuum chronologique. Autrement dit, dans Le Normal et le Pathologique, Canguilhem veut-il déjà proposer une éthique de la relation soignant-soigné ? A la manière de Luther King, aurait-il "rêvé" l'éthique? Ou au contraire, sa pensée aboutit-elle à son insu à une éthique médicale "officielle", c'est-à-dire établie comme telle ?
Georges Canguilhem et 'le problème de l'évolution' dans Le normal et le pathologique
Revue d'histoire des sciences, 2018
Résumé : Ce texte concerne la place de la théorie de l’évolution dans l’argumentaire de L’Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique. Après avoir rappelé l’importance de la pensée biologique dans l’œuvre du philosophe et survolé ses premières « études évolutionnistes », l'article analyse du « problème de l’évolution », tel qu’examiné par Canguilhem lors d’un cours en 1942-43 à la faculté des lettres de l'université de Strasbourg. Demeuré inédit, ce cours intitulé "La biologie" complète celui sur "Les normes et le normal" et montre que le philosophe était moins préoccupé par la question de l’hérédité de l’acquis que par la démonstration scientifique du rôle des mutations dans la genèse des espèces. En effet, si la mutation n’est pas de facto létale ou subpathologique, comme le croient habituellement les biologistes d’orientation « fixiste », mais apte à donner naissance à de nouvelles formes de vie, c’est la preuve que « l’anomalie » ne doit pas en retour être tenue d’emblée pour anormale. L’examen des théories évolutionnistes conduit cependant Canguilhem à reconnaître qu’à lui seul, le mutationnisme échoue à rendre compte de « l’orientation adaptative » des vivants ; d’où l’évocation du principe darwinien de sélection naturelle pour expliquer l’adaptation au milieu. Souvent décrite comme un processus conservateur du « type moyen » dans une population, la sélection apparaît elle aussi inadéquate à expliquer la production de la nouveauté en biologie. Afin de lever cette objection, Canguilhem fait appel aux travaux du zoologiste Georges Teissier qui montrent que la sélection peut se révéler « créatrice » lorsque les conditions extérieures changent. Teissier apporte également au philosophe des éléments qui appuient la thèse de la non-indifférence du vivant au milieu, fondement de la « normativité vitale » et point de départ de sa philosophie biologique.
GEORGES CANGUILHEM ET LA BIOETHIQUE
RESUME : Georges Canguilhem s"est montré distant, et même méfiant vis-à-vis de la réflexion bioéthique, préférant maintenir sa pensée dans le cadre d"une éthique médicale classique dont l"horizon est la constitution d"un humanisme proprement médical. Dans cet article, nous nous efforçons d"analyser les raisons de cette prise de distance, questionnons leur pertinence au regard du passage de la médecine à la biomédecine avant d"envisager un couplage entre la démarche éthique canguilhemienne et une délibération bioéthique de type consensualiste prolongée par la régulation étatique.
Georges Canguilhem et la question de la « subjectivité » vitale
Meta: Research in Hermeneutics, Phenomenology, and Practical Philosophy, 2014
This paper outlines a hypothesis regarding the close connection between two problems in Georges Canguilhem’s work. The first problem is that of Canguilhem’s insistence to include considerations about natural selection in his work and of the role that this notion could play therein. The second problem consists in Canguilhem’s tendency to often use the term “life” as the subject of his sentences, even though this tendency may seem to at least partially contradict some of the central theses advanced in his philosophy. This paper attempts to show that these two problems should not be viewed as being isolated from one another, that there is a strong connection between the two and that a certain interpretation of the first one allows us to make sense of the second. To put it otherwise, the aim of this paper is to show that a particular interpretation of the role of natural selection in Canguilhem’s work could help explain why “life” plays the role of a preferred grammatical subject in his writings.
Revue PISTES - Dossier "Éthique, politique, philosophie des techniques" - https://www.vrin.fr/book.php?code=9782711684250 , 2021
La « philosophie biologique » de Georges Canguilhem comporte un volet sur la « philosophie biologique de la technique », qu’il n’a pourtant jamais thématisé explicitement. Le but de cet article est de dégager, tout au long de sa production, sa conception originale de la technique. À la fois issue de la normativité biologique et vecteur de normalisation sociale, la technique occupe dans sa pensée une place stratégique sur le plan éthique et politique, permettant l’articulation du biologique et du social en l’homme.