Auguste, prince républicain (Paris, Ellipses, 2020) (original) (raw)
Auguste (27 avant notre ère/14 de notre ère) est le premier prince romain. Traditionnellement présenté comme froid, calculateur, manipulateur et hypocrite, parfois comme un caméléon, l’homme aux trois pères (Caius Octavius, Jules César, Apollon) s’avère être une personnalité infiniment plus complexe. Il est un enfant de la crise, celle, interminable, née de l’action des Gracques, et un protagoniste des guerres civiles qui suivirent l’assassinat de César en 44. Mais les forces de destruction peuvent aussi être des forces de régénération. Sorti vainqueur de la lutte contre Brutus, puis contre Cléopâtre et Antoine, le jeune César a prétendu être l’émule de Romulus, refonder Rome et l’amener vers un nouvel Âge d’or. C’est en homme providentiel, en instrument des dieux, qu’Auguste a souhaité se présenter. Celui qui a accru l’empire romain comme personne ne l’avait fait jusque-là fut aussi le créateur d’un régime nouveau, le Principat, destiné à vivre jusqu’à la fin de l’Empire romain. Il est en même temps à l’origine d’une restauration destinée à répondre à une crise multiforme, tout à la fois politique, religieuse et morale. Ami des grands poètes de son époque (Virgile, Horace, Properce), assisté par Agrippa et Mécène pour accomplir son œuvre, Auguste fut aussi celui qui modifia l’aspect de la ville de Rome qui devint alors une véritable capitale d’empire et put enfin rivaliser, par sa splendeur, avec les cités grecques. Cette biographie suggère que, tout en ayant été le père d’un régime de nature monarchique, Auguste fut aussi et surtout un prince républicain, un homme toujours soucieux d’ancrer ses nombreuses réformes dans la tradition romaine, posture qui n’interdisait en rien l’innovation. Mieux encore, c’est le portrait d’un homme soucieux des attentes parfois contradictoires de ses contemporains qui se dessine : Auguste, premier prince romain, a dû se glisser dans les plis d’un costume dont il ne fut pas seul maître du patron. L’ouvrage s’achève sur une présentation de la légende d’Auguste, protéiforme et, par bien des aspects, le plus souvent éloignée de la réalité historique. D’abord archétype du bon prince, il est devenu au Moyen Âge celui qui créa les conditions de la venue du Christ, avant que devenir le modèle des tenants de l’absolutiste et un tyran pour les philosophes des Lumières. Figure complaisamment récupérée par Mussolini, l’image aujourd’hui donnée d’Auguste par la bande dessinée, le cinéma et les séries télévisées demeure singulièrement réductrice