Conversion et conversation. Les paradoxes de l'entreprise missionnaire (original) (raw)
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Conversion et conversation dans les nouvelles de Pieyre de Mandiargues
Roman 20-50, 2009
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Vers un modèle missionnaire dialogique [préface]
[preface], in : Simon-Pierre IYANANIO, Jésus-Christ au pays du Busoga. Plaidoyer pour un dialogue entre l'Église catholique et l'initiation traditionnelle lega, Enghien (Belgique), Éd. du Pangolin, 2018, p. 7-11.
Archives des Sciences Sociales des Religions, 2015
Le destin des réductions jésuites de l’Amérique portugaise (XVIIe-XVIIIe siècles) dans la pensée politique et religieuse européenne jieuse européenne jusqu’au XIXe siècle et à la revendication socialiste du modèle, a progressivement fait de ces réductions des constructions utopiques, déplaçés d’un discours dans l’autre et qui ont finalement perdu dans cette aventure idéologique leurs bases matérielles. Ce sont ces bases que l’auteur retrouve ici, en s’appuyant évidemment sur les apports nombreux de l’archéologie coloniale, qui a recherché les traces de ces immenses implantations territoriales et de ces créations urbaines ex nihilo ; mais il va au-delà en montrant comment les conceptions architecturale et urbanistique de ces réductions, dont on retrouve des structures communes dans toute l’Amérique portugaise, est une partie intégrante et déterminante du projet civilisationnel et évangélique qui les anime.
Mission de dialogue et de proclamation à l'ère de la nouvelle évangélisation
Théologie africaine, Eglise et société n° 8 (2015), p. 107-122
Le Concile Vatican II a donné au dialogue oecuménique et interreligieux une place nouvelle pour la mission de l'Église, tout en maintenant au premier plan la nécessité de la proclamation de l'Évangile. Les textes ultérieurs du magistère catholique réaffirment la réelle exigence du dialogue pour la mission de l'Église et la priorité de l'annonce sur le dialogue. Or, dans la pratique, les missiologues et les missionnaires des années postconciliaires ont plutôt valorisé le dialogue (spirituel, théologique, dialogue de vie) alors que l'annonce semblait perdre son urgence, voire sa légitimité. Mais le dialogue oecuménique ou interreligieux n'est pas la dynamique première de la nouvelle évangélisation qui se positionne plus volontiers sur le terrain de l'annonce dans des contextes déchristianisés. Le dialogue avec la société sécularisée ou postmoderne est mis en avant, mais en vue d'une annonce progressive et claire de l'Évangile. Les dialogues oecuméniques et interreligieux sont parfois dénoncés comme ayant contribué à la dilution de la foi dans un contexte pluraliste. Certes, les textes magistériels sur la nouvelle évangélisation rappellent que le dialogue oecuménique et interreligieux est important, même nécessaire ; pourtant il est rarement articulé avec l'annonce. Il est simplement rappelé, comme juxtaposé, en appendice, en tant que composante majeure de la mission de l'Église. L'enjeu est de savoir honorer l'un et l'autre pôle en les articulant, sans que l'un porte préjudice à l'autre. Or l'exhortation apostolique post-synodale Evangelii Nuntiandi du pape Paul VI (8 décembre 1975) ne parle jamais du dialogue, ni oecuménique, ni interreligieux, alors que, près de dix ans plus tôt, le même Pape le valorisait dans son encyclique Ecclesiam suam du 6 août 1964. Comment interpréter cet écart ? Sommes-nous en présence de deux volets complémentaires ou parallèles qui n'impliquent pas les mêmes acteurs et les mêmes contextes ? Le pape Jean-Paul II dans l'encyclique Redemptoris missio (7 décembre 1990) a pourtant cherché à les faire se rencontrer. Mais, justement, ce n'est pas ce texte qui est le fer de lance de la nouvelle évangélisation, malgré ses appels pressants à réveiller la foi. Evangelii nuntiandi est vu comme la charte de la nouvelle évangélisation peut-être parce qu'il s'adresse au « monde moderne », touché par la sécularisation et la déchristianisation. L'annonce y devient nécessaire et urgente.
L'oeil du diable ? Les Relations des missionnaires lues par les libertins
En se moquant de Lafiteau, des missionnaires jésuites au Canada et au Paraguay dans son Essai sur les moeurs (1756), Voltaire ne fait que prolonger une pratique déjà familière aux « esprits fort » du siècle précédent, les philosophes libertins. Derrière cette étiquette, on sait que sont regroupés des auteurs, des parcours et des thèses assez différents, mais qui forment cependant un corpus dans lequel on peut repérer cer-tains axes communs : une critique de l'anthropocentrisme, un scepti-cisme radical (dans le cas de La Mothe Le Vayer ou de Gabriel Naudé) qui s'oppose aux dogmatismes philosophiques et surtout religieux, un matérialisme (dans le cas de Cyrano de Bergerac, voire de Sorel) qui conteste la première place de l'homme dans l'ordre de la nature, et qui critique l'immatérialité de l'âme et plus généralement toute forme de crédulité. On retrouve aussi chez eux, ce qu'on tend parfois à occulter, la revendication d'un élitisme assumé et souvent hautain, qui regroupe les esprits déniaisés et qui sera à mille lieux de la philosophie des Lumières. Sur toutes ces questions, il faut lire l'ouvrage d'Isabelle Moreau : 'Guérir du sot'. Les stratégies d'écriture des libertins à l'âge classique 1 , qui reste le livre de référence pour comprendre le phénomène libertin, depuis l'étude précieuse en son temps, mais aujourd'hui obsolète de René Pintard. 1. Isabelle Moreau, « Guérir du sot ». Je tiens à remercier très chaleureusement Isabelle Moreau pour tout ce qu'elle a pu m'apprendre sur les libertins érudits lors de nos rencontres et de nos travaux communs : sans elle je n'aurai jamais découvert ce continent philosophique. Sur les libertins érudits, on lira aussi le mémoire de maîtrise de Dorine Rouiller, « Humanistes et libertins citoyens du monde. Écritures du cosmo-politisme au seuil de la modernité ». On se reportera aussi aux études plus anciennes de René Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du XVII e siècle ; Fran-çoise Charles-Daubert, Les Libertins érudits en France au XVII e siècle.
La beauté exigeante du dialogue pour la mission de l’Église
MH Robert
Le dialogue a été largement relayé par les missiologues et les missionnaires grâce à l'impulsion donnée par le Concile Vatican II. Une période d'enthousiasme a vu se multiplier les commissions, les textes, les engagements, les initiatives concrètes en faveur du dialogue entre croyants de diverses religions, de diverses traditions chrétiennes, ainsi qu'avec toute personne de toute culture : par ses envoyés Dieu entre en dialogue avec le monde. L'Exhortation apostolique Ecclesiam suam du pape Paul VI (1964) a durablement marqué la conscience missionnaire de l'Église. Il semble désormais impossible d'envisager la mission de l'Église sans la dimension dialogale, sans l'esprit et les méthodes du dialogue. Le dialogue suppose le respect et la considération d'autrui, il ne se décourage pas. L'hymne à la charité de Paul dans 1 Co 13 apparaît comme la charte du dialogue. Je vous propose pour commencer de la relire en ayant à l'esprit le mot dialogue et une expérience vécue.
Les administrateurs et les missionnaires face aux coutumes au Congo français
Cahiers d’études africaines, 2004
Loin de revenir sur de vieux procès, nous tenterons d'expliquer et d'analyser l'attitude des administrateurs et des missionnaires, tous deux agents de la colonisation française au Congo, devant deux problèmes : la polygamie (Node-Langlois 1974) et la sorcellerie. Pour les missionnaires, ce sont là les principaux obstacles à l'évangélisation, à la construction d'une chrétienté solide. Et pourtant, de nombreux séminaristes seront issus de ménages polygamiques. C'est le cas de l'Abbé Eugène Nkakou dont le père « Benoît Nkakou était un polygame invétéré, éloigné des sacrements depuis belle lurette » (Bikoumou s.d.). Polygamie et sorcellerie sont des éléments de la coutume, celle-ci comprise comme l'ensemble des usages en vigueur avant l'occupation française. Le pouvoir temporel et le spirituel n'eurent pas la même approche de la question. Les bases équivoques d'une collaboration Pour mieux comprendre les rapports entre l'administration coloniale et les missionnaires catholiques, il nous faut remonter à la fondation de la colonie. De Brazza et Augouard sont deux noms qui symbolisent l'imbrication de la colonisation et de l'évangélisation au Congo français. La France veut reprendre possession de la côte et, précisément au moment où elle veut travailler à la suppression de la traite, elle va chercher le père Bessieux (des Pères du Saint-Esprit) au Cap des Palmes et l'amène au Gabon ; c'est en même temps pour la Congrégation du Saint-Esprit l'occasion de prendre pied dans cette partie de l'Afrique, et c'est à elle qu'on confiera le soin des premiers esclaves enlevés aux négriers. En 1873, cette Congrégation s'installe à Landana. À chaque fois qu'elle est en danger dans la personne de ses missionnaires, la seule présence des navires de guerre français en impose aux indigènes. Les missionnaires veulent-ils s'installer dans une contrée ? La France les y mène, comme elle le fera encore bientôt pour le père Augouard lorsqu'il entreprendra son second voyage au Stanley-Pool. D'un autre côté, la France at -elle besoin de Les administrateurs et les missionnaires face aux coutumes au Congo français Cahiers d'études africaines, 175 | 2004 Les administrateurs et les missionnaires face aux coutumes au Congo français Cahiers d'études africaines, 175 | 2004