La Masculinité dans Mes Gènes et dans Mon Jean (original) (raw)

Chapitre 2 – Masculin et féminin aux champs. Les outils et le corps dans la riziculture du Gilân-Iran septentrional (C. Bromberger) in Anstett et Gelard, Les objets ont-ils un genre, paris, Armand Colin, 2012. La division sexuelle des activités et des espaces présente une certaine originalité dans la province du Gilân. Sur le plateau iranien, et plus généralement au Proche-Orient, le féminin s'oppose au masculin, nous dit-on, comme le dedans au dehors, l'espace privé aux espaces communs, le travail des jardins à celui des champs, la fabrication domestique de matières souples au travail des matières dures et à l'artisanat… Sans doute la répartition des tâches dans la plaine du Gilân se plie-t-elle à ces schémas généraux repérés ailleurs : aux hommes le travail des matières dures avec des outils complexes (la menuiserie et la charpenterie…), les arts du feu (la forge, la cuisson des poteries…), aux femmes le travail des matières souples (la filature de la laine au rouet, le tissage des nattes en jonc et des étoffes, le crochet…) dans le cadre domestique. Les hommes ne s'emparent du travail du textile que dans un cadre professionnel (une structure d'atelier ou un artisanat itinérant, tel celui du feutre, namad, voir Bazin et Bromberger, 1982 : 64). Toutefois, y compris dans le domaine de la fabrication, ressort l'originalité de la société gilâni. Au nord comme à l'est de la province, les femmes utilisent des métiers à pédales à deux rangs de lisses qui sont souvent l'apanage exclusif des hommes au Proche-Orient (Bazin et Bromberger, 1982 : 71-72). La poterie fabriquée à l'aide d'un tour est, ici comme ailleurs, une activité masculine, les femmes se contentant de façonner leurs produits (jattes : gamaj, barattes : nerkhe…) à l'aide d'une tournette. Mais, fait rare dans le monde, des femmes, dans quelques centres Objets du genre, ou genre de l'objet ? Anstett & Gélard (éds.) 32 potiers, utilisent le tour, pour façonner des mortiers (nimkâr) (ibid. : 75). Fait révélateur de cette originalité, la césure entre les espaces masculin et féminin est peu marquée dans les habitations ; il n'y a pas, dans la maison, de pièce spécifiquement réservée aux femmes, comme l'est traditionnellement l'andarun en Iran intérieur. Celles-ci partagent les mêmes espaces que les hommes. Seules des limites invisibles-c'est-à-dire qui ne sont pas matérialisées par un mur ou par une porte-séparent les espaces masculin et féminin : les hommes s'installent au fond (bâlâ) de la pièce, les femmes près de la porte et du poêle où réchauffent les aliments (Bromberger, 1989 : 81-82). Cette différenciation mais aussi cette porosité dans la répartition des tâches et des espaces sont particulièrement sensibles dans le domaine de la riziculture, la principale activité de production dans la plaine du Gilân. Ici les schémas interprétatifs simples butent, çà et là, sur du plus compliqué. Mais, avant de revenir sur cet entrelacs, présentons rapidement cette singulière province. Le Gilân, le grenier à riz de l'Iran