Le créole, valve d'arrêt du colonialisme1 (original) (raw)
2018, Publié dans La Nation Haïtienne et l’État Montréal, Les Éditions du CIDIHCA, p. 123-144
Le livre de Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, a marqué la jeunesse de beaucoup de lettrés des Antilles. L'auteur analyse cette fièvre qui brûlait quelques-uns d'entre nous et qui ne tombait qu'au fur et à mesure que notre parler se rapprochait du français de Paris. Il nous montre que parler une langue, c'est assumer un monde, une culture (1952:50). Or s'il y a des Haïtiens qui parlent le français, personne d'honnête n'affirmera aujourd'hui que l'Haïtien le parle. Laënnec Hurbon, plus près de nous, va même jusqu'à affirmer dans un de ses livres phares, Culture et dictature en Haïti, que chez nous, on parle (…) moins pour se faire comprendre que pour manifester une distance et attirer l'attention sur son statut (1979:79). Je me demande donc quel rôle joue la langue impériale chez nous. Ou sí l'on préfère, qu'est-ce qui nous empêche d'utiliser pleinement notre langue maternelle ou de faire, une fois pour toutes, les investissements qu'il faut pour cesser de la minorer et pour mettre en valeur toutes ses potentialités.
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