J. Bérard, N. Sallée, 2020, « Revenir sur les silences. Les violences sexuelles familiales (Québec, 1950-1980) et leur jugement des décennies après les faits », Genèses. Sciences sociales et histoire, 120 (3), p. 91-111. (original) (raw)
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Cet article analyse la manière dont les mouvements gais militants des années 1970 ont amorcé une politisation de la question de la majorité sexuelle, préalable à une série de réformes entreprises dans les années 1980. Au début des années 1970, ces mouvements font face à un enjeu comparable, en France et au Québec : l’âge de la majorité sexuelle, plus élevée pour les homosexuels, soulève la question de la liberté sexuelle des mineurs. Dans les deux pays, l’histoire des mouvements gais suit une trajectoire parallèle. Fondés en lien avec des mouvements politiques révolutionnaires, les mouvements gais se restructurent, au milieu des années 1970, autour de revendications plus ciblées, liées notamment à la discrimination légale dont les homosexuels sont victimes concernant l’âge de la majorité sexuelle. Dans les années 1980, les lois qui en résultent redéfinissent presque en même temps la majorité sexuelle et le viol. Elles dessinent un processus similaire en France et au Canada : si la majorité sexuelle est réformée, son principe est réaffirmé, comme un rempart contre la nouvelle figure du danger, le pédophile. This paper analyzes the way in which gay activist movements of the 1970s initiated a politicization of the issue of sexual consent, in advance of a series of reforms in the 1980s. In the early 1970s, these movements faced similar challenges in France and Quebec : the age of consent, having been set higher for homosexuals, raised the question of under-age sexual freedom. In both cases, the history of gay movements follows a parallel trajectory. Arising in connection with revolutionary political movements, gay movements of the mid-1970s focused on more targeted claims related, in particular, to legal discrimination against homosexuals regarding the age of consent. In the 1980s, the resulting laws redefined, almost simultaneously, both rape and the age of consent. They indicate that a similar process was under way in both France and Canada : while the age of consent was altered, its principle was reaffirmed, as a bulwark against a new figure now regarded as dangerous, the paedophile.
La pédophilie est depuis les années 1980 une forme particulièrement réprouvée de déviance sexuelle criminelle. Cette catégorisation masque pour partie la manière dont se sont déroulés les débats des années 1970 concernant l’âge de la majorité sexuelle. L’article décrit ces différents moments de mobilisation. Les premières années après mai 68 ont été marquées par l’expression des jeunes en révolte contre le pouvoir des familles et la volonté d’en finir avec les limites légales de la liberté sexuelle. Après 1975, ces mouvements ont décliné et progressivement laissé la place à l’expression de la revendication d’adultes désirant pratiquer une sexualité avec des enfants. Cette revendication a fait l’objet de débats dans le cadre des mobilisations contre la pénalisation des relations homosexuelles avec des mineurs. Mais elle a été marginalisée et rendue inaudible par le compromis opéré au début des années 1980 par le gouvernement socialiste.
Le féminicide. Histoire et actualités, 2019
ABSTRACT Sibling violence is a rare research subject, perhaps because it is common and inherent to sibling relationships. It would however be more common than violence between parents and children or between spouses, and its short, medium and long term pathogenic consequences are well known to clinicians. This article contributes to the reflexion by gathering available data about the definition of sibling violence, its prevalence, development processes, functions, theoretical models, as well as its psychopathogenic consequences. Finally, the article highlights the limits of current researches. KEY WORDS : sibling violence, brothers and sisters, psychopathological consequences RÉSUMÉ La violence entre frères et sœurs fait l’objet de peu de recherches, sans doute parce qu’elle paraît commune et caractéristique des fratries. Elle serait cependant plus fréquente que la violence entre parents et enfants ou qu’entre époux et ses effets pathogènes à court, moyen et long terme sont reconnus...