Nietzsche & la rythmique grecque. Une approche philologique & anthropologique (original) (raw)

Le sens de la métaphore dans le premier Nietzsche: une lecture de la tragédie grecque et de la connaissance socratique

2015

Dans notre première partie, nous expliquerons la façon particulière qu’a Nietzsche de comprendre la métaphore et la participation de cette dernière dans le processus de création du monde humain et du langage. L’objectif de ce premier chapitre sera de montrer que la notion de perspectivisme a sa source dans la notion de métaphore, car dès cette période Nietzsche reconnaît, dans toute approche humaine du monde, une métaphorisation interprétative. Par ailleurs, le concept, qui se prétend « vérité essentielle du monde », se dévoilera comme un condensé de métaphores dont on a oublié le processus de formation. Cet oubli est à la source du meurtre de la valeur des métaphores originelles de l’intuition dans la société des hommes bien qu’elles soient d’avantage capables d’exprimer la « réalité » que les concepts. Dans cette partie, nous tenterons de présenter de la manière la plus cohérente possible la critique nietzschéenne du concept et de la vérité qui l’accompagne. Dans notre deuxième partie, nous essayerons de présenter au lecteur l’importance qu’a pour Nietzsche l’art tragique de source musicale. En effet, selon lui celle-ci réalise la saisie intuitive et instinctive la plus appropriée de l’essence du monde en tant qu’elle parvient à suggérer la sagesse du monde au moyen d’un jeu hiérarchique et équilibré entre la musique dionysiaque – métaphore dionysiaque par excellence – et le drame tragique – métaphore apollinienne. Dans cette partie, nous espérons bien pouvoir donner une interprétation de cette expression artistique comme expression métaphorique heureuse et pleine de vie. Ainsi, après une première partie plutôt négative en tant qu’elle est une critique des notions d’« universalité » et de « vérité », la seconde partie présentera une alternative positive au concept. Enfin, dans une troisième partie, nous montrerons comment se produit la mort de la tragédie avec les figures de Socrate et d’Euripide qui provoque un renversement de la hiérarchie entre les métaphores d’une part et entre l’instinct et la raison d’autre part. Ce renversement socratique nous conduira à étudier ce que Nietzsche considère comme l’imposition faite à la tragédie de s’alimenter à la source de l’intellect. Dans cette partie, nous montrerons que c’est avec Socrate que se produit l’oubli du caractère métaphorique du concept et le refus de toute métaphore au nom de la vérité conceptuelle qui nait avec ce dernier.

Art, mythe et science : à propos des travaux de Friedrich Nietzsche sur l'art athénien du V ème siècle av. J.-C. et propositions pour une caractérisation sémiotique de l'art au sein de l'espace culturel contemporain

Visible, 2024

Résumé : Cet article étudie les travaux de Friedrich Nietzsche sur l’art et plus particulièrement sur l’art tragique du VIè et Vè siècles avant notre ère à Athènes dans le but d’élaborer une proposition de définition de l’art en relation au mythe et à la science dans notre société contemporaine. Après avoir expliqué les thèses de Nietzsche qui voit dans la tragédie attique le résultat de la rencontre entre deux puissances artistiques : le dionysiaque (l’art musical) et l’apollinien (l’art visuel), nous nous interrogeons sur la possibilité de caractériser la forme artistique comme le résultat d’un parcours génératif qui va de l’énergie modale vers la structuration figurative et narrative jusqu’à son implémentation sur le plan des pratiques. Considérant que l’art est définissable en tant que forme symbolique (Cassirer), notre étude caractérise l’art en le contrastant à d’autres formes symboliques et institutions sociales, comme la science, le langage (verbal) ou le mythe. Mais alors : en quoi les originalités de notre sémiosphère contemporaine et en particulier les relations entre les différentes formes symboliques telles que l’art, le langage verbal, le mythe et la science conditionnent-elles l’émergence de l’art d’aujourd’hui ? Mots clés : Mythologie, peinture, sculpture, weltansicht, geste Abstract: This article examines Friedrich Nietzsche's work on art, and more specifically on the tragedy of Athens in the 6th and 5th centuries BC, with the aim of proposing a definition of art in relation to myth and science in our contemporary society. After explaining Nietzsche's theses, who sees in Attic tragedy the result of the encounter between two artistic powers: the Dionysian (musical art) and the Apollonian (visual art), we look at the possibility of characterising artistic form as the result of a generative process that goes from modal energy to figurative and narrative structuring to its implementation in practice. Considering that art can be defined as a symbolic form (Cassirer), our study characterises art by contrasting it with other symbolic forms and social institutions, such as science, (verbal) language and myth. But in what way do the original features of our contemporary semiosphere, and in particular the relationships between different symbolic forms such as art, verbal language, myth and science, condition the emergence of art today? Keywords: Mythology, painting, sculpture, Weltansicht, gesture

Kulturkritik et philosophie thérapeutique chez le jeune Nietzsche

2012

Dans la Grèce ancienne, on considérait la philosophie comme un remède aux maux de l’âme, comme une thérapeutique permettant à l’individu d’atteindre l’indépendance et la tranquillité d’esprit par la connaissance de soi. Il n’est pas étonnant de retrouver des échos de cette pensée sous la plume du jeune philologue Friedrich Nietzsche. Dans ses premiers écrits, Nietzsche, alors professeur à l’Université de Bâle, donne à cette préoccupation thérapeutique la forme de la Kulturkritik : le philosophe est un médecin qui lutte contre la maladie de la civilisation, en s’en prenant à la fois aux causes et aux manifestations du mal. Cette entreprise l’amène à critiquer les postures caractéristiques du moderne : l’optimisme théorique, l’esprit scientifique, le relativisme historique, l’esthétique de l’imitation, la dignité accordée au travail. Martine Béland retrace les formes de la Kulturkritik de Nietzsche en la rattachant à son projet philosophique d’entre 1869 et 1876, une époque essentielle pour comprendre la genèse de la pensée nietzschéenne.

L’arc et les flèches : Nietzsche, la métaphore et la séduction

"Dire le vrai et bien manier l'arc et les flèches", - voilà qui tout ensemble paraissait cher et pesant à ce peuple d'où vient mon nom - le nom qui m'est ensemble cher et pesant. (Nietzsche, Zarathoustra, "De mille et une fins") L'arc et les flèches dans l'oeuvre de Nietzsche comme métaphore de la guerre, mais aussi de l'amour, et les deux à la fois : symbole de séduction. Mais aussi comme métaphore de la métaphore elle-même, qui comprend la vie dans sa tension redoublée. Et comme métaphore de l'éternel retour.