< Théologiens, savants, érudits : images et réalités dans la Rome de la fin du XVIIe siècle >, Mélamges de l'Ecole française de Rome. Italie, Méditerranée, 132/1 – 2020, p. 107-119 (original) (raw)
Cet article interroge la figure figée, longtemps prolongée par l'historiographie, du théologien comme détenteur d'un savoir résiduel, en analysant discours identitaires et pratiques savantes des théologiens dans la Rome du XVII e siècle. Après avoir rappelé la relativement faible place de la théologie dans la fabrique des carrières romaines, mais aussi dans le système romain des sciences, il constate que l'essor de l'érudition ecclésiastique au XVII e siècle accompagne une valorisa-tion nouvelle des compétences historienne dans la curie mais aussi une forme de dilution de la théologie comme savoir. La torsion de la figure du théologien comme savant en direction de l'érudition rejoint un modèle supranational de l'homme de savoir. Les théologiens intériorisent les critères nouveaux, notamment littéraires, de la hiérarchisation des savoirs. Dans la Compagnie de Jésus aussi une forme de marginalisation de la théologie se fait jour mais selon des logiques spécifiques. Théologiens, académies, érudition, théologie positive, hiérarchie des savoirs, pratiques savantes Theologians, scholars and scholarship: images and realities in late seventeenth-century Rome. This article explores the histori-ographically fixed figure of the theologian as the holder of residual knowledge, by analyzing the identity discourses and scholarly practices of theologians in seventeenth-century Rome. After recalling the relatively weak place of theology in the Roman careers, but also in the Roman system of sciences, it highlights the rise of ecclesiastical scholarship in the 17 th century, with a new appreciation of the skills of historians in the curia, but also a form of dilution of theology as knowledge. The twisting of the figure of the theologian as scholar in the direction of erudition joins a supranational model of the man of knowledge. Theologians accept the new criteria of the hierarchy of knowledge, especially literary criteria. In the Society of Jesus, too, a form of marginalization of theology is emerging, yet according to specific logics.