"Donner le biais, donner la vie": pourquoi et comment filmer la maternité des bergères ? Témoignages de part et d'autre de la frontière franco-suisse (original) (raw)

Une bergère guide son troupeau. Photo de Rémi Leconte. Source : http://www.leseleveursfaceauloup.fr/plaidoyer-pour-des-ecosystemes-non-desertespar-les-bergers/ Berger : ce métier millénaire, d'aucuns pensent d'un temps révolu, est pourtant encore bel et bien pratiqué aujourd'hui, quoiqu'il ait épousé les transformations technologiques et techniques, légales et juridiques, économiques et sociales de notre époque. On compte aujourd'hui de plus en plus de bergères, ou plutôt de néo-bergères, car le métier se conjugue désormais au féminin[1] et accueille un nombre grandissant de jeunes gens d'origine citadine. Néanmoins, les statistiques sur le métier sont difficiles à obtenir pour la France et pour la Suisse, dans une moindre mesure. Ceci témoigne peut-être de la persistance d'un certain manque de reconnaissance, ou en tout cas de la difficulté d'identifier une population saisonnière qui se caractérise souvent par sa volatilité. Si circonscrire ce groupe socioprofessionnel en termes chiffrés n'est pas encore d'actualité, le sentiment d'appartenance des individus qui le constituent se trouve pourtant souvent très prononcé. En effet, on constate que pour beaucoup de berger.ères, leur statut professionnel est un marqueur identitaire fort. Une des raisons en est la spécificité du métier, par rapport au groupe plus large dont il dépend, « agriculture et élevage ». Or, dans nos sociétés aujourd'hui largement sédentarisées, il est difficile de penser et de se représenter avec justesse ce qu'implique ce mode de vie seminomade, et les défis spécifiques qui y sont associés.