"Phénoménologie de l’outil. Husserl, Scheler et Heidegger et la dissémination intentionnelle’’, Revue Philosophique de Louvain, n° 117, vol. 4, 2020, p. 653-682. (original) (raw)
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This paper examines how practical intentionality is described by Husserl and Heidegger respectively, and looks at the phenomenological and sociological issues of these descriptions. In Husserl, the phenomenological reduction reveals that the practices of the world involve two intentionalities which wrap one inside the other. The foundation of this dynamic is a theoretical intentionality: there are always reasons which make it possible to understand why such and such an object is surrounded by such and such a value. In the early Heidegger's work, life is not expressed by means of judgments, and it coils around itself, perpetuating itself in the ordinary practices of the world. We show that this phenomenological immanentism is put in question by Heidegger himself, and in particular in connection to the issue of the social source of intentionality. We consider the question of the compatibility between immanentism and normativity, which involve a dialectic that sheds new light on the phenomenological project.
Géométrie, fiction et discours sous hypothèse : Husserl et les objets intentionnels en 1894
Philosophiques, vol. 36/2, 355-379, 2009
In his essay Intentional Objects of 1894 and in response to Twardowski, Husserl develops an original theory of assumptions as a solution to the problem of objectless presentations. First, I analyze in this paper the main points of his theory and point out some of the difficulties it raises. I then suggest that the solution presented in this theory must be addressed independently of the one developed by Husserl later in the Logical Investigations and try to show in which extent his theory of assumptions is rooted in the Brentanian descriptive psychology, although it makes good use of some logical tools from Bolzano’s Wissenschaftslehre. Since Husserl continues to work on this theory even after the Logical Investigations, it confirms the important place that should be given to the theory of assumptions in the phenomenological theory of judgment.
https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/2018-v45-n1-philoso03795/ Dans cet article, je souhaite comprendre comment Max Scheler et Martin Heidegger comprennent les normes sociales pour nos perceptions et nos pratiques quotidiennes, et comment ils décrivent la nécessité d’un dépassement de cette normativité au profit d’une autre, plus « personnelle » ou encore plus « authentique ». Je montre que c’est un appel de la conscience qui rompt la normativité sociale, et qui engage l’être humain à ne plus agir mécaniquement, mais à vivre librement. Cette rupture avec la normativité sociale est une réduction phénoménologique que nous appelons « réduction éthique ». Tout l’enjeu de l’article est de montrer qu’une telle réduction repose en fait sur les normativités sociales en tant qu’elles sont le critère de l’appel, le milieu où un tel appel est possible. De ce point de vue, le sujet réflexif est aussi un sujet social.
La phénoménologie s'annonce dès son invention comme le titre d'une nouvelle tâche philosophique : celle d'une nouvelle fondation de la logique. La logique désigne donc la tâche même de la phénoménologie et se dédouble alors en deux acceptions : (1) la logique traditionnelle infondée qui pêche, soit par son psychologisme-n'assurant pas l'objectivité de ses concepts et de ses lois-, soit par son objectivisme naïf-n'interrogeant pas son propre rapport à l'objet ; (2) et la logique phénoménologique fondatrice qui vise, soit à assurer l'objectivité idéale des lois de la logique contre le psychologisme pour se faire « logique pure », soit à interroger son rapport à l'objet contre l'objectivisme naïf pour se faire « logique de la vérité ». C'est en ces deux derniers sens, comme « logique pure » et comme « logique de la vérité » que la logique vient donc se confondre avec la phénoménologie-la tâche fondationnelle de la phénoménologie devenant la tâche même de la logique. Seulement, comme en témoigne d'ores et déjà cette première scission, la logique phénoménologique se trouve divisée entre deux aspirations : sa tendance à la pureté des lois logiques au fondement de toute connaissance, et son attirance irrépressible pour ses domaines fondateurs concrets. La logique phénoménologique tend donc tout autant à se défaire de ce qui peut entacher son idéalité, qu'à venir se loger au coeur des choses mêmes, au risque de perdre sa pureté. De même se voit-elle de nouveau divisée en ses différents lieux de fondation qui, de la logique-du-monde à la logique transcendantale, témoignent de l'équivocité de sa tâche fondationnelle. La logique s'ouvre tout autant à l'analyse « logique » des vécus psychiques, qu'à l’analyse « logique » du monde et des lois structurelles de son apparaître. C’est en ces différents sens que les articles de ce dossier entendent interroger la logique phénoménologique : comme logique du vécu, comme logique du monde et, finalement, comme logique de l’expérience.
Husserl a rencontré des difficultés à penser l’intentionnalité d’objets pratiques, car l’acte intentionnel est toujours en dernier ressort dirigé vers un objet : que faire de la valeur de l’objet perçu, des pratiques que j’en ai ? La solution de Husserl conduit à penser deux intentionnalités dans un horizon intellectualiste. Max Scheler a précisément rompu avec son maître sur cette question de la valeur. Pour lui, la valorisation ne résulte pas d’un acte intentionnel secondaire, mais intervient dès le rapport à des objets, toujours pris en contexte. Cette réforme profonde des thèses sur l’intentionnalité permet d’ouvrir le dossier d’une phénoménologie des pratiques capable de déboucher sur une phénoménologie sociologique prenant en compte les déterminations sociales et politiques de l’intentionnalité. 4 premières pages de l'article, disponible en intégralité ici : https://www.cairn.info/revue-philosophique-2017-3-page-341.htm