Rouvrir les portes de l’ijitihâd. Retour sur un mythe fondateur du salafisme (original) (raw)

L'histoire du salafisme: ses pièges et ses mythes

O n lira que, selon les époques, le salafisme était soit puritain et littéraliste, soit moderniste et progressif, sans toutefois que la disparité entre les deux tendances puisse être expliquée de façon rigoureuse. Si quelques auteurs admettent qu il s agit là d un paradoxe embêtant, la plupart préfèrent escamoter la question et évitent de s attarder à la dimension historique du salafisme par peur de s embourber dans le doute. Les incohérences perdurent. Bon gré, mal gré, elles sont tolérées, voire rationalisées, sous prétexte que le salafisme est un phénomène complexe, mais aussi parce que la littérature secondaire nous a habitués à accepter l existence de ces deux types de salafisme. Un examen plus approfondi des axiomes sur lesquels se fonde cette littérature révèle que plusieurs erreurs s y sont glissées. Pourquoi ? Une des principales difficultés que pose l analyse du salafisme tient au fait que le mot lui-même participe à plusieurs jeux de langage sans que les chercheurs en soient toujours conscients. À titre d exemple, on parle de « salafisme » ou de salafiyya (son équivalent arabe) tantôt comme d un Définir le salafisme n est pas mince affaire. Même en reconnaissant que toute notion abstraite est sujette à débats, force est d admettre que ce courant de l islam se situe dans une classe à part. Il suffit de survoler à peu près n importe quel article encyclopédique publié au cours des vingt-cinq dernières années pour constater que le consensus académique peine à masquer la persistance de certaines incohérences. On y lira, par exemple, que le salafisme est un mouvement de pensée né au XIX e siècle, mais qu il existait déjà sous diverses formes entre les IX e et XVIII e . Comment doit-on alors comprendre ses origines ? L histoire du salafisme : ses pièges et ses mythes

L’Islam englobant, réalite et mort d’un mythe

Les Cahiers de l'Orient, 2013

Distribution électronique Cairn.info pour Centre d'études et de recherches sur le Proche-Orient. Distribution électronique Cairn.info pour Centre d'études et de recherches sur le Proche-Orient. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2013-1-page-137.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. * Abdennour Bidar est philosophe, normalien, et l'auteur notamment de Comment sortir de la religion, aux éditions Les empêcheurs de tourner en rond, paru en 2012.

Le salafisme au Yémen : l’antichambre de la violence ?

Transcontinentales Societes Ideologies Systeme Mondial, 2009

Laurent Bonnefoy est docteur en sciences politiques, chercheur associé à l'Institut derecherches et d'études sur le monde arabe et musulman (université de Provence) et au Centre français d'archéologie et de sciences sociales de Sanaa. Ses travaux et Le salafisme au Yémen : l'antichambre de la violence ? Transcontinentales, 7 | 2009

Jihād, soufis et salafistes, ou les flux et reflux de l'émancipation islamique (XVII e -XX e siècle

Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme. Subalternité, luttes de classement et transnationalisme, 2022

La surprise devant les violences actuelles des djihadistes au Sahel depuis les années 2010 n'est pas sans rappeler un autre étonnement 1. Celui suscité cinquante ans plus tôt, dans les années 1960, par l'oubli des révolutions musulmanes qui instaurèrent des imamats et des califats au Sahel et au Sahara des XVII e , XVIII e et XIX e siècles. Ce double effacement peut s'expliquer par le fait que l'héritage du jihād ne s'est pas transmis dans les mêmes lieux mais dans des espaces proches. Pour comprendre ce déplacement, il faut dépasser la seule invocation d'un agent extérieur, la colonisation. Cette primauté du colonial, et corrélativement du politique, induisait une chronologie en deux phases : celle des jihād opposés aux puissances coloniales, puis celle des ordres soufis quiétistes, les « confréries maraboutiques »-Tijāniyya, Qādiriyya, Muridiyya-soutenues par lesdites puissances durant le XX e siècle. Or à partir des années 1980, une nouvelle historiographie souligne l'importance de l'enrôlement des subalternes statutaires (castés, esclaves de cour ou guerriers) ou de genre et d'âge comme les femmes et les jeunes. Cette approche a un double effet. D'une part, elle rétablit une continuité entre jihād et ordres soufis. Leur référence commune est la jurisprudence religieuse (fiqh) inscrite dans la « grande tradition » des textes canoniques 1. Je remercie particulièrement Abdel Wedoud Ould Cheikh pour son apport inédit à l'interprétation du mouvement de Nāṣir al-Dīn, ses suggestions et ses corrections de translittération de l'arabe.

Réalité muḥammadienne et récit de la création : analyse d’un mythe dans al-Mawāhib al-laduniyya d’Aḥmad al-Qasṭalānī (m.1517)

Revue Méditations Littéraires, 2020

Si, dans leur grande majorité, les savants musulmans sont adeptes de la théorie du créationnisme comme expliquant le commencement de la vie, ils ne sont pas pour autant d’accord sur la nature et le point zéro de la création. Le mythe du premier homme, Adam, comme marquant le début de la création humaine a aussi attiré l’attention de plus d’un spécialise des religions. La présente contribution est une tentative d’analyse de la Réalité muḥammadienne comme mythe fondateur d’un récit de création dans la biographie (sīra) du Prophète en langue arabe intitulée al-Mawāhib al-laduniyya du traditionaliste égyptien des XVe/XVIe siècles Aḥmad al-Qasṭalānī (m.1517).

Synthèse du Grand Secret de l'Islam - 1 sur 2 (résumé)

Le Grand Secret de l’Islam est un ouvrage de vulgarisation des dernières découvertes des historiens et chercheurs sur les origines réelles de l’islam. La version complète est disponible librement à la lecture et au téléchargement depuis le site http://legrandsecretdelislam.com La synthèse est proposée en deux parties : 1) Résumé 2) Sources et bibliographie

Aqba-Hammu et le début du mythe d’Atram-hasis

[Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale], 2016

Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. LA PUBLICATION D'ATRAM-HASIS ET DEUX INTERPRÉTATIONS CONTRADICTOIRES DE SON DÉBUT Le mythe d'Atram-hasis 2 , appelé ainsi d'après son héros principal, une sorte de Noé babylonien, relate la situation du monde d'avant les hommes, explique les raisons de la création de l'humanité, les tentatives de sa destruction qui aboutirent au déluge, et ensuite l'organisation de la vie humaine par les dieux. Ce texte de plus de 1246 vers nous est connu notamment grâce à 3 grandes tablettes qui furent écrites par un apprenti-scribe de Sippar, Ipiq-Aya, durant la seconde moitié du XVII e siècle 3. Comme tout bon roman d'aujourd'hui, le mythe d'Atram-hasis tente de capter l'attention du public par un début remarquable 4. W. von Soden avait ainsi souligné que le premier vers constitue une provocation, tant du point de vue linguistique que de son contenu 5. Par ce moyen, le poète voulait forcer l'auditeur à méditer le contenu dès la première ligne. Or, cette provocation fonctionne encore 3700 ans plus tard ; elle a opposé deux des assyriologues les plus éminents de notre discipline, Wolfram von Soden, qui fêtait en 1969 ses 61 ans et Wilfred G. Lambert, plus jeune alors avec ses 43 ans. Le sujet de leur affrontement était la traduction adéquate de la première ligne du mythe. Dans l'editio princeps d'Atram-hasis, W. G. Lambert avait présenté l'oeuvre paléo-babylonienne comme structurée en vers qui vont par paire. Il comprenait que les l. 1-2 forment une seule clause temporelle et traduisit donc, pour avoir la phrase complète, les 4 premiers vers ensemble : Ai1 i-nu-ma i-lu a-wi-lum Ai2 ub-lu du-ul-la iz-bi-lu šu-up-ši-[i]k-ka Ai3 šu-up-ši-ik i-li ra-bi-[m]a Ai4 du-ul-lu-um ka-bi-it ma-a-ad ša-ap-ša-qum

Aux sources de la légende de Barlaam: le calife et l’ascète

Les recueils de fables enchâssées avant les Mille et une Nuits de Galland (Barlaam et Josaphat, Calila et Dimna, Disciplina clericalis, Roman des Sept Sages), 2014

es données de base de l'Histoire de Barlaam et Josaphat, pour lui donner le titre sous lequel elle s'est répandue en Occident, ont connu un parcours qui n'est pas sans analogie avec celui des fables animalières dites de Bidpaï traduites du moyen perse, ou pehlvi, en arabe par Ibn al-Muqaffa' vers 750 sous le titre de Kalīla wa Dimna. Le noyau de l'histoire est constitué par quelques épisodes de la vie du Bouddha, dont le nom est encore reconnaissable dans la forme arabe du nom de Būḏāsaf qui dérive du sanscrit Bodhisattva. Ces traditions parvinrent à la connaissance des Arabes selon toute probabilité par l'intermédiaire d'une réélaboration en moyen perse à l'époque sassanide. L'hypothèse d'une intervention manichéenne à ce stade de la transmission est loin de faire l'unanimité. 1 À partir de l'une de ses multiples recensions arabes, l'ouvrage fut traduit en géorgien, puis du géorgien en grec et parfois attribué alors par erreur à Jean Damascène. De là, il se répandit dans l'Europe médiévale. Dans ce parcours retracé ici à grands traits, 2 l'arabe a joué un rôle central. 1 Gimaret considère que ce sont les fragments en persan archaïque et en ouïgour découverts à Turfan qui dépendent d'une version arabe et non l'inverse; voir Le Livre de Bilawhar et Būḏāsf, éd. par Gimaret, p. 61, no. 11. Mahé fait un rapprochement entre un passage de l'arabe et des conceptions manichéennes, mais il s'agit d'un élément isolé et qui est loin d'être concluant; La Sagesse de Balahvar, trad. par Mahé et Mahé, p. 41. 2 Pour plus de détails on se reportera à l'introduction de Le Livre de Bilawhar et Būḏāsf, éd. par Gimaret et à celle de La Sagesse de Balahvar, trad. par Mahé et Mahé, ainsi qu'à Bräm, 'Barlaam et Josaphat' .