Maurice Demers, « Maurice Lefebvre et Raoul Léger les dangers de la prise de parole » (original) (raw)
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Tangence, 2010
Cette étude examine le premier des deux discours prononcés par Léger Duchesne in auditorio regio, qui furent imprimés et transmis à la postérité. Lecteur royal de rhétorique et de lettres latines, Duchesne prononça en janvier 1580 une oraison dans laquelle il loue les rois Valois créateurs et protecteurs du Collège des lecteurs royaux (actuel Collège de France). Il se rappelle ses propres expériences de jeune étudiant à l’époque de Louis XII et de François Ier, afin de souligner la grandeur de l’institution qui constitue l’une des gloires durables du royaume de France. Duchesne apostrophe successivement, selon l’ordre chronologique, chacun des rois Valois à l’exception de Henri II. Son éloquence épidictique fait montre d’une riche culture latine, comme en témoignent les échos de Virgile, Quintilien, Cicéron et Horace que l’orateur rencontra pour la première fois lorsque, jeune homme, il fréquenta les cours des lecteurs. Ainsi ce double éloge, de la lignée royale des Valois et de l’i...
Quand Dulaurens publiait à Liège ses « obscénités »
Bulletin De L Academie Royale De Langue Et De Litterature Francaises, 2008
L'abbé Henri-Joseph Dulaurens est né à Douai en 1719. À l'âge de seize ans, il entre chez les Trinitaires de sa ville, dont il va devenir le prieur, fonction dont il s'acquitte de manière apparemment peu orthodoxe. Le bruit court en effet qu'il est l'auteur du célèbre Testament du curé Meslier. Une « correction fraternelle » lui est infligée, dont on trouverait peut-être la trace dans le fantasme de l'enfermement qui caractérise son oeuvre 1. Au début des années cinquante, Dulaurens aurait débauché une religieuse avec laquelle il se mit en ménage et en voyage, exerçant même le métier de comédien ambulant. En 1761 paraissent ses Jésuitiques, écrits en compagnie de Groubentall de Linière, ouvrage dans lequel les Pères de la Compagnie étaient dépeints sous les couleurs de « crapauds » et de « lézards ». L'ouvrage est poursuivi. En août, Dulaurens doit fuir la capitale. Tenta-t-il alors de gagner la Hollande par Mons et Bruxelles ? Tel est, dans Le Compère Mathieu, l'oeuvre la plus la célèbre de Dulaurens, l'itinéraire que suit la petite troupe de philosophes libertaires formée par le héros, quand elle laisse derrière elle Paris pour entreprendre un vaste tour du monde. Dans la « Capitale du Hainaut autrichien », nos picaroson serait tenté de dire : les Picards picarosvont éprouver à Mons les rigueurs de l'administration locale. Mons sera également citée, avec Namur, Nivelles, Huy ou Saint-Hubert, dans cette espèce de carnet de voyage que constitue le chapitre intitulé Quelques villes où j'ai passé, qui figure dans son Arrétin moderne. Leur évocation aurait-elle eu sa place dans l'ouvrage intitulé Regards venus d'ailleurs sur Bruxelles et la Wallonie, qu'avait dirigé Georges Sion (1980) ? On en doute. Dulaurens s'y moque de manière décapante du Doudou, du combat des Échasseurs namurois, du pèlerinage à Saint-Hubert contre la rage, etc., sans oublier Sainte-Gudule et le « miracle apocryphe de cinq hosties ou gaufres, qu'un juif lacéra à coup de couteau ». Ayant gagné la Hollande, Dulaurens se fit correcteur d'imprimerie dans de grandes maisons d'édition : chez Marc-Michel Rey à Amsterdam, puis à La Haye 2. Il entrait ainsi dans la confrérie des « moines défroqués, capucins, cordeliers, mathurins » que Voltaire montre employés chez l'imprimeur Marc-Michel Rey « et qui écrivent tant qu'ils peuvent contre la religion chrétienne, pour avoir du pain ». Notre abbé fait d'ailleurs mieux que de prendre place dans une anonyme galerie, car, écrit Voltaire : « Il y a un théatin, qui a conservé son nom de Laurent, qui est assez facétieux et qui d'ailleurs est fort instruit. » Dulaurens prendra ensuite relève d'un folliculaire ayant beaucoup intéressé l'histoire de l'activité littéraire à Bruxelles, Chevrier, puisqu'il poursuit à sa suite, « du 4 janvier au 29 mars 1763, la rédaction de l'Observateur des spectacles 3 ». À l'automne de 1763, il arrive à Liège, où il va demeurer deux ans, employé par son compatriote l'imprimeur
La parole est une affaire d'essoufflement - In "Dans la Solitude de Bernard-Marie Koltès"
L’affirmation d’un désir par nature inconcevable et inintelligible, celui que le Dealer cherche à invoquer chez le Client, devient par le même biais l’aveu, chez le Dealer lui-même, d’un désir de l'inconcevable et de l'inintelligible. La charge lui incombe de susciter chez le Client ce dont lui-même, Dealer, ne peut « avoir l'idée » ni la « volonté » de désirer. Affirmation d'une hospitalité inconditionnelle, cette conjuration intime au Client de creuser le puits de sa mémoire, d’étendre l'abîme de son désir, au delà de ce qu'il sait posséder et de ce dont il peut se souvenir. Le Client est sommé, à son tour, d'évoquer un manque que lui-même ne connaît pas, qu'il ne saura ni nommer, ni identifier. Il ne veut, à l'image du Dealer, avoir à son tour aucune « idée » de ce que cette 'chose'-là peut être. Le Client aura d’une certaine manière pris le relais, emprunté le désir du Dealer pour la 'chose' inintelligible qui fut toujours déjà en lui-même. Cette conjuration de la 'chose' se dissocie du souvenir et évoque plutôt l’anamnèse: la reconnaissance, par l'agencement du Dealer, de ce que le Client possède mais ne sait pas et ne peut se représenter. Cette perméabilité entre individus permet au Client de devenir dépositaire du désir du Dealer, faisant de ce désir le sien au sens propre, afin de reconnaitre qu’il fut toujours déjà à lui seul. Ce savoir-faire définirait le Dealer dans toute son emprise: « C'est la fortune du commerçant qu'il existe tant de personnes différentes tant de fois fiancées à tant d'objets différents de tant de manières différentes, car la mémoire des uns est relayée par la mémoire des autres ».
Maurice DUVERGER, « Libres propos sur la constitution future » (1945)
Jus Politicum, 2019
Réédition de M. DUVERGER, « Libres propos sur la constitution future », Le Monde français, vol. 2, no 4, janvier 1946, p. 14-23. Édition et transcription de Martin Hullebroeck. Référence : M. Duverger, « Libres propos sur la constitution future » (1945), Jus Politicum, n° 23, 2019, p. 203-209, http://juspoliticum.com/article/Libres-propos-sur-la-constitution-future-1304.html