Utilité du public ou cause publique. Les corporations religieuses et les changements politiques à Orizaba (Mexique), 1700-1834 (original) (raw)
L’histoire des corporations religieuses d’Orizaba nous introduit dans le processus de sécularisation dans le monde hispanique des XVIIIe et XIXe siècles À l’époque, la catholicité constituait l’élément structurant de la culture politique. Cela était particulièrement visible à Orizaba où les corporations religieuses construisirent et dominèrent l’espace public tout au long du XVIIIe siècle. Elles étaient considérées comme étant « d’utilité du public », c'est-à-dire de l’ensemble des habitants de la ville. Dès la fin du siècle, des efforts importants furent entreprises pour réformer les corporations religieuses à partir de nouveaux critères d’utilité : ceux de la religion tels que définis par les évêques réformateurs, ceux de la fidélité monarchique. Le cas d’Orizaba nous montre la portée, et surtout les limites, de ces réformes faites dans le cadre juridique de l’Ancien Régime. Les changements les plus radicaux se produisirent après l’indépendance (1821), avec la formation d’une « opinion publique » moderne, qui donna naissance à de nouvelles idées de réforme de l’Église, et avec la formation d’un État dont les acteurs politiques, au nomme de la « cause publique », considéraient les corporations religieuses comme étant inutiles, voire dangereuses. C’est ainsi qu’elles devinrent un motif de discussion et d’affrontement entre les groupes politiques locaux. Mais les corporations étaient aussi des instruments indispensables pour les projets de la souveraineté locale, celle du conseil municipal. Ainsi, elles perdirent le contrôle de l’espace public et furent placées sous la tutelle du conseil municipal.