Les sacrements dans l’orthodoxie moderne et contemporaine, Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses, 120 | 2013, p. 167-174. (original) (raw)
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Les sacrements dans l’orthodoxie moderne et contemporaine
École pratique des hautes études. Section des sciences religieuses, 2013
Christianisme orthodoxe M. Stefan Stroia Chargé de conférences Les sacrements dans l'orthodoxie moderne et contemporaine Dans les manuels de théologie orthodoxe moderne et contemporaine, les sacrements de l'Église sont traités sous deux aspects, d'un premier abord radicalement opposés. Ainsi, on trouve d'une part un grand nombre de théologiens qui parlent des sacrements en tant que moyens et canaux de la grâce. Puis d'autre part, le théologien orthodoxe de langue roumaine Dumitru Stăniloae qui les place dans une perspective christologique. Le point commun de tous ces penseurs serait la théologie patristique. En effet, chacun se positionne en héritier direct de celle-ci, ou, à la limite, de la pensée religieuse byzantine. Au premier trimestre de l'année universitaire 2011-2012, notre recherche s'est concentrée autour de ces deux conceptions contemporaines de la doctrine sacramentaire. Plusieurs penseurs orthodoxes-grecs, russes, roumains-ont été étudiés dans la perspective de comprendre leurs propositions quant à la définition même
Sacrements et sacramentaux catholiques à l'époque moderne
La liturgie est action avant d'être discours, mais elle l'est aussi et donc les débats conceptuels sur le rôle des gestes et des paroles révèlent des ressorts inattendus à l'historien observant les comportements religieux. Les chrétiens de l'Antiquité avaient choisi de traduire le mot grec mysteria par sacramenta et non par arcana, tout en cultivant l'idée de signe et celle de sanctification que comportait le mot. Les sacramenta étaient donc multiples même si certains étaient plus importants que d'autres 1 , la bénédiction des cendres ou du cierge de la Chandeleur n'étaient pas dans cet esprit intrinsèquement différents de la pénitence, de l'ordre ou de la consécration des Vierges, car ils renvoyaient les uns et les autres à l'eschatologie du Nouveau Testament. Le Moyen Age lègue pourtant au christianisme occidental une division à la fois juridique et sacrale entre sacrements et sacramentaux qui est loin d'être aussi nette dans le christianisme oriental : d'un côté les sept sacrements du salut, sacramenta majora et de l'autre les signes sensibles qui aident la nature humaine à accéder à la grâce, les sacramenta minora selon Abelard déjà au début du XII e siècle. En fait, le mot sacramentalia est attesté dès 1143 dans le sens d'instrument et, très vite, les sacramentaux sont appliqués à des choses (vases, huile, eau bénite…) et des actions (consécration, exorcisme, bénédiction). C'est en 1439, lors de l'union avec les Arméniens que cette cassure est en quelque sorte officialisée. Elle n'est pas née au XV e siècle mais résulte de tout un travail doctrinal de l'Occident à partir du vocabulaire légué par la fin de l'Antiquité sur les différences entre l'Ancien et le Nouveau Testament : il y avait des sacramenta dans l'Ancien Testament, mais ils ne donnaient pas la grâce, à la différence de ceux du Nouveau Testament, donc ils ne pouvaient être appelés sacrements. Dès le XIV e siècle, les sacrements du Christ, signes visibles de la grâce invisible et signes externes de la foi acceptée, sont considérés efficaces ex opere operato quelles que soient les conditions de leur réception, du moment que l'intention de les accepter est bien présente. Tandis que ceux de l'Ancien Testament, gestes et paroles dont l'Église fait usage pour obtenir des biens spirituels, préparer les sacrements, rassurer les fidèles, les accompagner… ne sont efficaces qu'ex opera operantis Ecclesiae et peuvent être modifiés par elle. Ces derniers sont pourtant utiles car pédagogiques, signes de la bienveillance de Dieu qui rassure et soutient ses fidèles dans leur pèlerinage terrestre. Comme ils ont été utilisés par le Christ, la frontière avec les sacrements reste cependant ténue et l'histoire sainte ou les pratiques dévotes ne s'embarrassent que peu de la distinction intellectuelle scolastique. Le néoplatonisme dominant de la Renaissance peut s'accomoder des médiations hiérarchiques que supposent ces définitions 2. En fait, ce sont les débats du XVI e siècle qui provoquent une série de mises au point fixant de façon assez rigide la frontière des sacrements et de leurs effets dans lesquelles se débattent aujourd'hui encore psychologues et anthropologues. Entre la fin du XV e siècle et le XVIII e siècle, deux révolutions ont fait éclater les trop subtiles références scolastiques et entamé une série de mises au point juridiques : l'imprimerie et la Réformation. Conservés dans les rituels des paroisses et diocèses, sacramentaux et sacrements sont l'objet d'un traitement et de commentaires rubriqués dont on peut suivre les fortunes changeantes dans les Rituels imprimés. Si la définition médiévale du septénaire sacramentaire est choisie par Trente pour structurer le dogme en éliminant les hérésies, il n'en est pas de même des sacramentaux, laissés dans le flou, tandis que la définition protestante les déconsidérait. Or nous savons par les écrits du for privé ou les anthropologues, que la frontière entre sacrements et sacramentaux est pour le moins poreuse selon les moments et les territoires, c'est pourquoi le concile Vatican II a dû longuement statuer sur ce sujet 3. De cette porosité témoignent les bénédictions et les exorcismes qui méritent d'être observés plus attentivement car ils sont l'objet d'un combat de la part du clergé et des élites dévotes. 1 Pour une approche historique des débats vue du côté catholique et les inflexions postérieures au concile de Vatican II : les articles du DACL, du DTC et du DDC, puis de Catholicisme (Louis-Marie Chauvet). 2 Le début de La hiérarchie céleste en témoigne (I, 1-3) : Pseudo Denis, OEuvres complètes, tr. M. de Gandillac, Paris, 1943, p. 185-187. 3 De sacra liturgia, ses. III, 4 déc. 1963, chapitre 3, De ceteris sacramentis et sacramentalibus.
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VISMARA (compil.), Confréries et dévotions dans la catholicité moderne (mi-XV e siècle-début XIX e siècle) », Archives de sciences sociales des religions [
Nouvelle revue théologique, 2020
The liturgical homily is only a small part of Christian preaching which has as its subject God himself, as its recipient, the world, as its minister the people of God as a whole and in each of its members. This article, inspired by the reading of some Greek Church Fathers, offers a reflection on the nature of preaching, the way it unfolds in the life of the Church and its relationship to the liturgical homily.