La création littéraire de J. Goytisolo et l'Espagne des trois cultures (original) (raw)

La dépolitisation de la Littérature issue de la Blessure Coloniale cas de l’Espagne

Attoungblan.net 03 Mars, 2019

« Depuis ce jour, j’ai adopté son exclamation favorite : les Nègres n’iront jamais au paradis ! J’ai remplacé le N majuscule par une minuscule. […] J’avais oublié de demander à mon ami ministre à quel type de nègres il faisait allusion. Cela m’amena à méditer sur mon propre sort. Car il y a Nègre et nègre. Les Nègres majestueux n’ont rien à envier aux qualités et aux tares des autres cultures. Puis les nègres tâcherons, répandus partout dans le monde, nés pour servir, collés à l’estomac des requins ou à la canne des chefs. » (Tanella Boni, Les nègres n’iront jamais au paradis, 2006 : 66-67) Le manque de considération de la critique littéraire pour les œuvres produites par les Africains noirs en espagnol n’est plus aussi criard qu’avant. Elles sont bien loin les affirmations de Carlos González

Poetique et conception du sens dans l' oeuvre de Juan Goytisolo

Revue Romane, 2004

L'une des singularités de la pratique d'écriture de J. Goytisolo réside dans le fait de recréer, en rapport à leur historicité, la composition de textes disparus ou écartés des canons esthétiques officiels. C'est pourquoi dès la fin des années 1960, l'écrivain forge une « tradition de la dissidence » qui lui permet d'inscrire sa création dans la continuité d'un héritage littéraire considéré comme une source inépuisable de modernité. Cette démarche se traduit d'abord par la publication d'essais 1 au sein desquels se trouve réhabilitée la force critique de grandes oeuvres qui rénovent les codes de représentation, redéfinissent les critères poétiques et repoussent ainsi les limites de la fiction en confrontation à la réalité socioculturelle de leur époque. Ces oeuvres que sont, entre autres, La Celestina de F. de Rojas, La Lozana andaluza de F. Delicado et le Quijote de Cervantès dévoilent également les mécanismes de discrimination et l'effet des croyances liées aux valeurs que se donne la société dans l'affirmation de son identité politique et culturelle. Il s'agit d'une affirmation qui tend à effacer toute reconnaissance d'une différence. Cet aspect déterminant éclaire l'intérêt que J. Goytisolo ne cessera de porter sur ces textes qui ont fait l'objet, durant le XIX e siècle et la première moitié du XX e , de détournements et de certaines formes de censure de la part des défenseurs du discours nationaliste (comme l'historiographe Menéndez Pelayo) et des intellectuels de la génération de 1898 (Unamuno, Ganivet, etc…).

Montage et re-création littéraire dans le roman espagnol contemporain

Cette étude prétend aborder la notion de montage en littérature en interrogeant la pertinence du concept de « re-création ». Ce phénomène est déterminant au sein d’une partie de la production romanesque espagnole la plus récente, et le corpus sera ici exclusivement espagnol, mais ce constat peut tout à fait s’appliquer à d’autres aires culturelles. De la nouvelle de l’Argentin Jorge Luis Borges « Pierre Ménard, auteur du Quichotte » au Madman Bovary de l’écrivain français Claro, le processus de réécriture littéraire apparaît comme l’un des topoï de la production littéraire contemporaine. On peut sans nul doute analyser ces écritures comme l’héritage des avant-gardes historiques et reconnaître l’importance du geste de déplacement – fondateur du ready-made – de Marcel Duchamp. Pourtant, l’essor des Technologies de l’Information et de la Communication a largement contribué à la banalisation de procédés de montage (mise en page, mise en sons, en images, etc.) ayant pour conséquence l’ouverture du champ des possibles créatifs à l’ensemble de la communauté artistique. Dans le champ de la création littéraire espagnole, nous assistons aujourd’hui à une multiplication de ces procédés que je propose de rassembler aujourd’hui sous la catégorie de « re-création ». Remake, plagiat, réécriture, collage, montage, citation, répétition, détournement, emprunt ou imitation, sont autant de figures massivement déclinées au sein de l’œuvre littéraire d’une génération d’écrivains qui tendent à redéfinir les deux instances sur lesquelles se fonde l’idée même de roman : la création littéraire en tant que production originale d’une part et la légitimité auctoriale, l’auteur étant la source unique et responsable de son œuvre, d’autre part. Ces pratiques sont-elles le signe d’un appauvrissement de l’imagination, de l’inventivité, le sceau d’une époque condamnée à une répétition perpétuelle ? Devrait-on au contraire attribuer ces paroles découpées, déplacées, recomposées et recyclées à une restructuration de la dynamique de création ?

Aux origines du cosmopolitisme chez Sergio Pitol (Cahiers d'études des cultures ibériques et latino- américaines, CECIL n°5, 2019, Montpellier)

CECIL, 2019

Résumé : Auteur discret, sinon secret, Sergio Pitol (1933-2018) fut durant de nombreuses années un auteur invisible dans le champ des lettres mexicaines, sans doute à cause de son nomadisme constant à la suite d’un premier voyage à Caracas (1953) puis à New York (1956-1957), prélude à un voyage séminal vers l’Italie de ses aïeux (1961), qui devait déboucher à son tour sur un séjour de plus de 27 ans à l’étranger. L’article porte donc sur le cas exemplaire de Sergio Pitol dans le champ des lettres mexicaines, puisque l’écrivain, lauréat du Prix Cervantès en 2005, a poussé jusqu’aux limites une pratique vitale fondée sur l’extraterritorialité (d’abord comme voyageur, puis comme diplomate) et une pratique littéraire fondée sur le franchissement des frontières, le croisement des langues et des genres (comme traducteur, pour avoir traduit plus de 80 ouvrages de cinq langues différentes vers l’espagnol, et aussi comme écrivain, habile à franchir les frontières et à hybrider les formes, entre conte et nouvelle, essai et fiction, réalité et songe). Mots-clés : littérature mexicaine, hybridité, extraterritorialité, nomadisme, Sergio Pitol. Título : Los orígenes del cosmopolitismo en Sergio Pitol Resumen : Autor discreto, cuando no secreto, Sergio Pitol (1933-2018) fue durante un largo periodo un autor casi invisible en el campo de las letras mexicanas, tal vez debido a su nomadismo, a raíz de su primer viaje a Caracas (1953) y después a Nueva York (1956-1957), preludios a un viaje seminal a la Italia de sus antepasados (1961), que había de desembocar a su vez en una estancia de más de 27 años en el extranjero. El artículo versa en el caso ejemplar que es el de Sergio Pitol en el ámbito de las letras mexicanas, por ser el escritor, merecedor del Premio Cervantes en 2005, un autor que ha extremado hasta los límites, tanto una práctica vital basada en la extraterritorialidad (primero como viajero, luego como diplomático) como una práctica literaria marcada por el cruce de fronteras, idiomas y géneros (como traductor, por haber traducido más de 80 libros, en cinco idiomas, al español, y también como escritor, ducho en el arte de cruzar fronteras e hibridar formas, entre cuento y novela, ensayo y ficción, realidad y sueño). Palabras claves : literatura mexicana, hibridez, extraterritorialidad, nomadismo, Sergio Pitol. Title : To The Origins of Sergio Pitol’s Cosmopolitism Abstract : As a discreet, if not a secret author, Sergio Pitol (1933-2018) was for a long time an almost invisible author in the field of Mexican literature, maybe due to his nomadism, since his first trip to Caracas (1953) and to New York after that (1956-1957), preludes to a seed travel to the Italy of his ancestors (1961), which was to lead in turn to a more than 27 years abroad. The article is about the model constituted by Sergio Pitol in the field of Mexican literature, for he was a writer who owned the Cervantes Prize in 2005, who took to the extreme both his life practice based on extraterritoriality (as a traveler first, then as a diplomat), and his writing practice, marked by the use of crossing borders, languages or genres (as a translator, since he translated more than 80 books, from five different languages to Spanish, and also as a writer, gifted in the art of crossing borders and hybridizing forms, between short story and novel, essay and fiction, reality and dream). Keywords : Mexican literature, hybridity, extraterritoriality, nomadism, Sergio Pitol.

L'hispanisme français et la traduction: Marcel Bataillon et l'Essence de l'Espagne (1923) de Miguel de Unamuno

Sociocritiscism, 2018

À l'heure de la construction de l'hispanisme français, entre la fi n du XIXème et le début du XXème siècle, deux courants avec des conceptions diff é-rentes quant aux enjeux et aux méthodes de diffusion de leurs travaux existent en France. Néanmoins, la question de la traduction s'avère capitale pour tous les hispanistes. Ainsi, de nombreuses traductions de l'espagnol vers le français sont réalisées à cette époque, telle que celle de Marcel Bataillon de En torno al Casticismo de Miguel de Unamuno. Cet exemple nous permettra d'analyser les complexités du processus de traduction et son importance non seulement comme outil de circulation des connaissances entre deux pays voisins, mais aussi comme un filtre ou adaptation dans laquelle la subjectivité du traducteur trouve sa place par rapport à la version originale. Abstract: At the time of the french hispanism establishment (end of 19th century, beginning of 20th century), two branches with different conceptions on the issues and the way of spreading their works exist in France, but the question of translation prove to be crucial for everyone. Lots of Spanish-French translations were made during this era, like Marcel Bataillon who translated En torno al Casticismo of Miguel de Unamuno. Th ese translations allow us to see the complexity of the process, and the importance of translation as a tool of sharing knowledge between two frontier countries (it is the case of our study). But translation can also be studied as a fi lter or adaptation where subjectivity has its place when compared to the original version. Resumen: En los primeros momentos de la construcción del hispanismo francés, entre finales del siglo XIX y principios del siglo XX, dos corrientes con diferentes maneras de concebir la disciplina y la difusión de sus trabajos existen en Francia. No obstante, la importancia dada a la traducción es una cuestión capital para ambas. Numerosas traducciones español-francés se llevan a cabo en esta época, como la de Marcel Bataillon de En torno al Casticismo de Miguel de Unamuno, que nos permite observar las complejidades del proceso de traducción, no sola-mente como herramienta para la circulación del saber entre dos países vecinos, sino también como un filtro o adaptación donde la subjetividad del traductor dialoga con la versión original.

L’approche interculturelle d’un projet éditorial : littératures émergentes en espagnol

Çédille, 2009

L’article porte sur la traduction-produit et envisage la réception des textes traduits non pas par rapport à un public-lecteur, mais par rapport à un public-consommateur, qui achète ou n’achète pas, mais qui consulte, feuillette, prend connaissance des éléments du paratexte. Il s’agit donc de la traduction-ouvrage, comme objet contribuant à la mise en place des représentations et des délimitations communautaires. Pour ce faire, sont analysées les différentes modalités de présentation des traductions en tant qu’« objet » provenant d’autres communautés, dans le catalogue de la maison d’édition espagnole Zanzíbar (stratégies globales) et dans la présentation individuelle des ouvrages (stratégies spécifiques), afin d’établir un bilan, partiel certes, sur l’identification des appartenances dans les stratégies éditoriales, et s’interroger sur l’incidence des livres traduits sur le prolongement d’une vision dichotomique des appartenances.

Presse et culture dans l'Espagne des Lumières MAUD LE GUELLEC

Cet ouvrage présente l'analyse formelle et structurelle de la presse culturelle espagnole au cours de son premier siècle d'existence. Il retrace l'évolution que connaît celle-ci de 1737 à 1808 et établit la part d'originalité dont elle fait preuve, à la fois comme pratique sociale et comme genre littéraire. Sont ainsi considérés le rapport de la presse au temps et à l'objet journal : la manière qu'ont les périodiques d'appréhender les événements qui ponctuent le quotidien de leur ville de parution, les caractéristiques graphiques des numéros dont ils sont composés ; son système énonciatif : les voix qui apparaissent au fil des pages, leur mise en relation et la manière dont elles s'affirment ; les modalités d'écriture à travers lesquelles se donnent à voir articles historiques et réflexions morales, journaux critiques et de vulgarisation ; les objectifs que prétendent remplir les journalistes, enfin, et la logique interne qui en découle.