Un nouveau Wittgenstein encore inapprochable (original) (raw)

Wittgenstein, lecteur de Freud, une tentative de réévaluation

Un phénomène originel (Urphänomen) est par exemple ce que Freud a cru déceler dans les simples rêves de désir. Le phénomène originel est une idée préconçue qui prend possession de nous. » Remarques sur les couleurs, §230 J'avais abordé brièvement le samedi 1 er octobre le dossier « Wittgenstein, lecteur de Freud ». Et c'est des pistes que j'avais esquissées il y a dix jours que je voudrais repartir aujourd'hui pour pouvoir vous proposer une réévaluation plus précise et plus approfondie des Conversations sur Freud et par là, des enjeux de la critique que Wittgenstein lui adresse.

Langage ou énigme éthique? A propos d’une proposition douteuse de Wittgenstein

Depuis sa publication en 1921, le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein (1889-1951 n'a pas cessé d'intriguer quiconque s'intéresse aux conditions de possibilité et d'expressivité du langage religieux. C'est surtout la septième et dernière proposition du Tractatus qui a retenu l'attention. En effet, plus que toute autre proposition du Tractatus, cette conclusion lapidaire semble renfermer une critique inexorable du langage mystique et en accuser l'insurmontable inanité: «Ce dont on ne peut parler, il faut le taire» 2 . Peut-on parler d'un excédent? Exprimé de façon encore plus radicale: de quoi peut-on parler?

Wittgenstein, émietteur de la réalité mathématique

Le platonisme en philosophie des mathématiques postule que derrière le monde physique, sensible et doté de mouvement, il existe un monde objectif encore plus réel, habité par des idées, essences ou universaux abstraits immuables et éternels qui peuvent se combiner pour former des vérités ou des faussetés exactes et définitives que nous pouvons parfois découvrir. Ce monde platonicien, sur lequel nous ne pouvons exercer aucune influence, nous contrôle d'une façon dont la compréhension parfaite nous échappe. Dans le processus de découverte, le langage joue un rôle secondaire et accessoire. L'histoire, l'approximation à la vérité, la contingence, ne font pas partie du monde mathématique en soi; elles sont à placer du côté de notre effort pour atteindre la vérité. La raison linguistique fonctionne comme une échelle qui nous permet de nous hisser pour mieux voir. Il y a dans le platonisme, tout comme dans l'intuitionnisme de L.E.J. Brouwer, une primauté de l'intuition intellectuelle par rapport à la démonstration.

Sur l'Indifférence du Langage : la dernière page de Wittgenstein

Revue étudiante Opium Philosophie, 2020

On propose une nouvelle dans laquelle on imagine la découverte d'une ultime page dans la production philosophique de Wittgenstein. En présentant son contenu, on a essayé de se rapprocher le plus possible du style et de la pensée du philosophe dans ses essais, tout en proposant une spéculation sur une conception « métaphysique » de sa philosophie du langage dans laquelle il s'interrogerait sur l'entité « Langage ». L'idée ici étant de pousser jusqu'à l'absurde certaines de ses conceptions théoriques, de faire des jeux avec les mots, et d'aboutir à une conclusion paradoxale sur l'usage « parfait » du langage. Ceci, en introduisant dans le texte une dimension fantastique selon laquelle le langage serait une entité à part entière et inquiétante. Aucune des thèses avancées ici n'est défendue ni défendable : il s'agit avant tout de variations sur des thèmes wittgensteiniens qui n'ont d'autre ambition que d'amuser le lecteur, et, en dernière instance, l'intriguer.

Wittgenstein en fautes (logiques)

Wittgenstein en fautes (logiques), 2021

Une élucidation du Tractatus où se montre que « la philosophie à la Wittgenstein » anticipe l'objectif logique : le monde comme néant. La philosophie très particulière de Wittgenstein – qui ne dit rien mais seulement élucide les propositions – vient en renfort de la logique en précipitant l’avènement de son objectif : rien, il n’y a rien, tout est limpide, sans problème. Il ne s'agit pas ici seulement de notre logique mais d’une logique plus générale, dont la première manifestation est le temps – notre logique mime la cohérence de ce que le temps nous montre. La vie ne tient, ne perdure, que par ce qu’il reste de non-sens, que par ce qu’il reste d’irréductible à "rien". C’est ce reste que Wittgenstein – est-ce à son insu ? – tente d’éliminer. Cet essai a un but pédagogique. Wittgenstein commet deux erreurs fondamentales. D'une part il ne fait pas la différence entre "nous" et "nous tous", d'autre part il ne conçoit pas la logique comme un processus en cours mais comme une forme statique. Montrer cette différence entre le "nous" initial et "nous tous", montrer l'essence de la logique, cela constitue ce que le Tractatus considère comme indicible. Si dire montre, cela ne signifie pas que cette monstration opère sur "nous tous". Elle opère seulement sur ceux qui sont déjà capables, par eux-mêmes, de voir ce qui est ainsi montré.

« Austin et Wittgenstein : le problème des autres esprits à l’épreuve », Wittgenstein en confrontation, Cahiers de Philosophie du langage, n°7, éd. par D. Perrin et L. Soutif, L’Harmattan, 2011, p.101-123

Le problème des other minds est généralement posé de la manière suivante : à quel genre de connaissance pouvons-nous prétendre au sujet de l’esprit et des expériences d’autrui ? La réponse traditionnelle est habituellement formulée dans les termes d’une opposition entre deux genres de connaissance: une connaissance infaillible, et donc, par principe soustraite au doute (la connaissance de soi) et une connaissance essentiellement faillible, car de type conjectural (la connaissance de l’esprit des autres). Une évidente proximité se manifeste dans la manière dont Wittgenstein et Austin entendent traiter ce problème sceptique : par une dissolution de l’opposition entre les deux genres de connaissance qui sous-tend sa formulation en recourant au phénomène de l’expressivité. Toutefois, Austin admet une révision possible de notre terminologie en intégrant les cas anormaux au monde familier et ordinaire de nos relations avec autrui, là où Wittgenstein insiste plutôt sur les « distorsions » que ces cas produisent par rapport à l’usage ordinaire de nos concepts. Cette différence est finalement mineure en comparaison des divergences qui apparaissent entre les deux auteurs dans les conséquences qu’ils tirent de cette dissolution. Pour Austin, la dissolution du pseudo-problème sceptique signifie sa disparition pure et simple une fois opérée la reconduction de nos concepts épistémiques à l’usage ordinaire ; pour Wittgenstein, elle signifie la reconduction à une difficulté pratique : l’étrangeté de certaines pratiques (celles, par exemple, des vendeurs de bois dans la célèbre allégorie des Cours sur les fondements des mathématiques) à laquelle répond notre propre étrangeté aux leurs. C’est l’épreuve de cette étrangeté et la difficulté corrélative à comprendre des pratiques radicalement différentes des nôtres que prétend exprimer, sans y parvenir, la formulation traditionnelle du problème sceptique.

Wittgenstein après Foucault: le sujet à la limite

Le sujet à la limite entre archéologie et littérature «Une bonne parabole (Gleichnis) rafraîchit l'entendement» Wittgenstein, Remarques mêlées: 51 (1929). « Le Je, le Je, voilà le profond mystère ! » Wittgenstein, Carnets 1914Carnets -1916Carnets (7.8.1916