Les dynamiques altermondialistes dans la globalisation (original) (raw)
2012, In Patrick Tacussel (dir), Les dynamiques de l’imaginaire, Collection Sociologies des Imaginaires, Presses universitaires de la Méditerrannée, Montpellier, pp. 93-102.
Prendre en compte l’altermondialisme comme objet sociologique nous place d’emblée devant une difficulté empirique. Il est, en effet, impossible d’avoir une analyse monolithique du mouvement dans son ensemble. Depuis son émergence sur la scène mondiale, à l’aube des années 1990, l’altermondialisme rassemble aujourd’hui une multitude de courants divers qui rend l’analyse globale délicate. De l’antimondialisation, à vocation contestataire, essentiellement fondée sur le slogan singulier « un autre monde est possible », qui postulait à la fois une unité idéologique du mouvement social et de la projection radicale du projet envisagé, nous sommes passés à une altermondialisation plurielle, toujours à vocation critique, mais qui souligne la fécondité d’envisager que d’ « autres mondes sont possibles », ouvrant par-là l’horizon de l’alternative à la multiplicité de ses possibles. La pluralité intrinsèque de ce mouvement social, fragmenté en plusieurs mouvances, ne nous empêche pas néanmoins d’interpréter certaines tendances transversales. Plutôt que de déterminer l’altermondialisation dans une perspective strictement déconstructive, c’est-à-dire oppositionnelle, il s’agit ici de montrer comment ces mouvements pourraient éventuellement constituer des dynamiques complémentaires à la globalisation. Il nous appartient de saisir l’organicité de ces mouvements, dans les motifs de l’engagement altermondialiste, et principalement, en ce qu’ils contiennent des significations fortes, nécessaires à la compréhension du phénomène global lui-même. Leur analyse nous conduira éventuellement à distinguer la notion de globalisation à celle de mondialisation, sur un plan sémantique mais aussi pratique.