En finir avec l'ethnomusicologie ? (original) (raw)
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Cas d'implication des chercheurs dans le mouvement revivaliste en Union Soviétique et en Russie 1 Olga Velitchkina S igne de l'époque postmoderne, la réflexion sur la prise de position et l'engage-ment du chercheur vis-à-vis de son terrain d'étude est au centre des préoccu-pations des sciences humaines. D'un côté, l'apprentissage par l'ethnomusicologue de la musique qu'il étudie, recommandé il y a déjà longtemps (cf. la « bi-musicalité » de Mantle Hood, 1960), est reconnue maintenant comme un outil de recherche indispensable. Avec le temps, cette approche s'est élargie jusqu'à inclure une pra-tique artistique à part entière menée par un chercheur au sein de la tradition ou de la communauté étudiée (où il peut parfois jouer un rôle d'interprète, d'arrangeur, d'expert et de pédagogue). De l'autre côté, l'extension de la position de « parti pris » de la part du chercheur peut aller jusqu'à la promotion et au militantisme auprès des musiciens locaux issus de la communauté qui fait l'objet de son étude. Malgré les nombreux arguments de celles et ceux qui militent en faveur de cette position, il me semble utile de discuter ici de quelques exemples controversés qui permettent de poser la problématique des limites de ce modèle de recherche. En particulier, l'engagement des spécialistes du folklore et des ethnomusicolo-gues dans le mouvement revivaliste qui se développe autour d'une tradition en déclin représente à mes yeux un des cas qui nécessitent une contextualisation plus globale et la prise en compte des enjeux socioculturels et idéologiques de
Une histoire ethnomusicologique
2013
J’ai rencontré Luc Charles-Dominique en 1996, à l’Université de Nice. Lui chargé de cours, moi étudiant, nous étions tous les deux à des commencements. J’ai eu la chance d’apprendre de lui les buts et les méthodes de l’ethnomusicologie. C’était une vision rigoureuse et large qui n’opposait ni l’oral à l’écrit, ni le populaire au savant. Plus de quinze années ont passé et j’ai retrouvé Luc (dont je ne suis jamais resté sans nouvelles et avec qui j’ai eu entretemps quelques belles collaboration..
Regard d'une ethnologue sur les énarques
L'Homme, 1992
IRÈNE BELLIER Avais-je affaire à une mafia, une tribu, une grande famille ou bien à une caste ? Tous termes qu'il est usuel d'entendre à propos des enarques dans les médias, chez les non-énarques et chez les enarques eux-mêmes qui contemplent avec une certaine complaisance la fermeture de leur groupe. L'institution énarchique découpe un intérieur et un extérieur qui m'ont permis de délimiter le sujet de l'étude : à l'intérieur, et différemment impliqués, sont les élèves, le personnel, tous ceux qui concourent à la formation de cette élite sur le lieu même de l'École ; à l'extérieur, dispersés en France et dans le monde, sont les anciens élèves, les maîtres de stages, toutes les administrations et les entreprises susceptibles d'accueillir les enarques à leur sortie et qui fonctionnent comme des modèles de référence. L'ENA, dans certaines conditions historiques, a donné naissance à une nouvelle élite, concurrente des élites propulsées par de plus anciennes grandes écoles. Centrale dans l'appareil de formation des dirigeants de l ' Admi ni strati on, cette institution fonctionne un peu comme une grande famille dont les membres posséderaient des statuts différents et appartiendraient à toutes les couches de la société, à la manière des anciens clans chinois qui étendaient leurs ramifications à mesure que leurs membres réussissaient les examens donnant accès aux emplois publics. Les enarques ne forment pas une micro-société mais ils ont une organisation sociale qui oscille entre un modèle hiérarchique dans le cadre professionnel et un modèle segmentaire pour ce qui a trait aux relations sociales. Ils ne constituent pas non plus une culture à part entière, mais leurs références et sujets d'intérêts, leur phraséologie, leurs comportements incitent à se demander si, dans ce qui se définit comme une école d'application, ils apprennent un savoir, un métier, ou bien une façon d'être et de paraître dans un système de normes établies par les anciens.
Le "patrimoine" à la lumière de l’ethnomusicologie impliquée
Les écrits des ethnomusicologues, des anthropologues et, plus largement, des chercheurs en sciences humaines, montrent et ont montré à quel point les expériences personnelles nous conduisent à interroger le monde, les sociétés et, pour les ethnomusicologues, particulièrement la musique. La réflexion sur le sens des pratiques musicales juives pour le grand public et pour les communautés juives, que j'ai initiée en 2004, est née de mon immersion dans un monde professionnel -l'Institut européen des musiques juives -, un monde communautaire -les associations judéo-espagnoles parisiennes -et une interrogation sur ma filiation juive. Au premier abord, il m'apparaît donc incongru d'effectuer une scission entre ce qui serait une ethnomusicologie « classique » et une ethnomusicologie « appliquée ou impliquée », étant donné qu'une ethnographie peut se développer à partir d'une implication personnelle, et qu'inversement, l'implication personnelle s'effectue le plus souvent à partir d'une participation et collaboration sur le terrain.
L’ethnomusicologie appliquée, pour qui ? pourquoi ?
2016
Les champs de l’ethnomusicologie appliquee La perspective de ce qu’il est convenu d’appeler l’ethnomusicologie appliquee est devenue un courant important de notre discipline. Traduction relativement fidele de l’anglais « applied ethnomusicology », ce terme est en train de s’imposer en francais pour definir un large eventail de travaux et de pratiques issus de diverses reflexions sur le sens de notre activite. Depuis quelques annees, la problematique de l’ethnomusicologie appliquee anime de no...
Le département d'ethnomusicologie du MEG
Regards sur les collections, 2014
Présentation des collections d'instruments de musique et des archives sonores, les Archives internationales de musique populaire (AIMP), conservées au Musée d'ethnographie de Genève.
Zoom arrière. L'ethnomusicologie à l'ère du Big Data
Cahiers d'ethnomusicologie, 2017
S i l'ethnomusicologie s'est développée sur la base de l'observation partici-pante et d'analyses ponctuelles détaillées, des sortes d'observations en gros plan, les nouveaux usages qui accompagnent le développement du numérique et des réseaux sont en train de conduire la discipline à enrichir ses méthodes et à repenser sa pratique de recherche en permettant une observation en grand angle. Les techniques d'extraction automatique d'information musicale appli-quées à des répertoires de musiques traditionnelles ont ouvert de nouvelles perspectives dans le champ de l'ethnomusicologie. Si les chercheurs anglophones ont adopté le terme de computational ethnomusicology pour désigner cette branche spécifique de l'ethnomusicologie, une même segmentation disciplinaire n'a pas eu lieu en France où ce nouveau champ de la recherche en ethnomusicologie s'inscrit plus globalement dans le domaine des humanités numériques 2. Cet article collectif se propose de faire un état des lieux de la recherche dans ce domaine émergent. Après une première partie portant sur la place des outils informatiques dans la pratique de l'ethnomusicologie, une synthèse des publications anglophones puis francophones nous permettra d'examiner les thèmes et problématiques soulevés par les chercheurs. Enfin, nous nous inter-rogerons sur le devenir de l'ethnomusicologie dans ce contexte de « révolution numérique » où les dispositifs informatiques sont d'ores et déjà en train de boule-verser les pratiques de recherche.