La révolution culturelle du catholicisme québécois. Michael GAUVREAU, The Catholic Origins of Quebec’s Quiet Revolution, 1931-1970, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2005, xiv-501 p. (McGill-Queen’s Studies in the History of Religion.) (original) (raw)
2007, Recherches sociographiques
Pour le professeur Michael Gauvreau, du Département d'histoire de l'Université McMaster, il y a méprise sur la Révolution tranquille si on la voit comme le triomphe d'esprits « laïques » et éclairés, libéraux et néo-nationalistes confondus, sur une Église catholique conservatrice et figée. Au contraire, c'est le catholicisme même, par sa composante personnaliste ou moderniste ayant le vent dans les voiles, qui, de manière soutenue depuis le début des années trente, concourt à transformer tant les mentalités que les structures sociales. La vraie Révolution tranquille se serait donc faite avec et par l'Église-une certaine Église-selon l'auteur qui a reçu le prix John A. Macdonald de la Société historique du Canada en 2006 pour son ouvrage. Cette sensibilité catholique moderniste se manifeste par un désir de repenser la foi, la spiritualité et la conception de l'Église institutionnelle dans la société. Il s'agit de se livrer à un grand dépoussiérage qui balaierait la routine et les idées reçues. Chez les fidèles, on sèmerait un doute salvateur, on insufflerait un esprit de risque, d'engagement, d'authenticité surtout, en leur faisant prendre conscience que le ronron de la fréquentation de la messe dominicale, de l'observation des sacrements et de divers scrupules et coutumes n'a souvent de catholique que l'apparence. À la structure ecclésiale, on ferait comprendre que les laïcs engagés ont fonction d'apôtres et qu'il faut assainir l'air en se libérant d'une trop forte imbrication institutionnelle, de la Tradition et du Magistère qui tendrait à oublier sa fonction première. Un siècle nouveau, des réalités sociales nouvelles, les sirènes de l'individualisme libéralmatérialiste et des totalitarismes fasciste et communiste : tout appelle une Église nouvelle, allégée, recentrée, prête à conquérir vraiment les esprits autour de l'essence du message évangélique et de son adaptation hic et nunc. Au besoin, cette tâche demanderait une rupture, un conflit entre les générations : c'est un risque que les