La satire des mots à la mode dans la presse française : idéologie linguistique et idéologie politique (original) (raw)
La division droite-gauche at -elle un sens en dehors de la politique ? […] Il est notoire qu'un écrivain de droite a plus de chance d'entrer un jour sous la Coupole qu'un écrivain de gauche ; au reste un écrivain de gauche ne tentera pas sa chance. C'est ainsi que l'Académie française fait figure de club conservateur. (Rémond, 1982, p. 381-382) 1. Un ancrage traditionnel à droite 1.1. Satire des mots à la mode et stabilité sociale On pourrait conclure que le livre précédent [Les Mots à la mode] a, au moins fictivement réussi à rassembler-ou à rappeler à l'ordre de leur habitus social-les protagonistes nobles. Incités par le Commandeur à délaisser la mode, qui divisait leur propre groupe, ils montreraient, dans ce nouvel ouvrage, comment partager un seul usage, lequel pourrait s'imposer comme norme légitime aux bourgeois dominés. (Merlin-Kajman, à paraître) 1.2. Satire des mots à la mode et contre-révolution J'avoue que je ne sais ni comment ni pourquoi on donne le nom de patriotique à la peinture de crimes bas et atroces de la cour de Charles IX. Mais ce mot de patriotique, ainsi que celui de national sont devenus à la mode et s'appliquent indistinctement aux objets auxquels ils ont le moins de rapport, au grand regret des bons citoyens qui gémissent de voir prodiguer, et, en quelque sorte, profaner des termes aussi respectables. (Royou, L'année littéraire et politique, n° 12, avril 1790, p. 194-195) COTÉ : dans la salle de l'assemblée nationale, c'est telle ou telle partie de cette salle : on a dit le côté de la noblesse, on dit encore le côté du clergé. On lit dans plusieurs journaux (surtout ceux qu'on proclame) « tel côté de la salle a crié bravo, et tel côté a hué ; tel côté étoit pour le veto absolu, tel côté pour le suspensif, et tel autre le rejettoit avec indignation (2) ». Il faut observer que depuis qu'on est au manege, on ne distingue plus que deux côtés, le droit et le gauche ; mais il faut bien observer aussi que le côté droit n'est pas le côté gauche. (2) A l'époque du veto on distinguoit encore trois côtés, comme à l'époque des pensions on en distinguoit quatre.