Rythmes urbains : Face à la saturation des espaces, des temps et des imaginaires (original) (raw)
2021, La beauté d'une ville. Controverses esthétiques et transition écologique à Paris
Je propose d’engager la réflexion autour de l’hypothèse d’une « esthétique des rythmes » – au sens originel de « manière de fluer » – qui prenne en compte les mutations actuelles de nos modes de vie et de nos villes, une approche qui permette d’articuler l’espace et le temps dans une même respiration, de dépasser certaines tensions et contradictions, d’imaginer des cohabitations harmonieuses, en englobant le temporaire et le multiple dans une même chorégraphie urbaine. Si, comme le suggère Jacques Rancière, la politique d’une cité peut être lue au prisme de son esthétique, donc de la distribution des corps et des visages qu’elle propose au regard de l’observateur , que nous dit la ville de Paris sur elle-même ? Quels enseignements et quelles pistes dans un monde en mutation ? Cette réflexion ne s’intéresse pas à la notion d’« embellissement », dans le sens des grands projets des XVIIIe et XIXe siècles. Elle concerne moins l’objet architectural que l’espace public au sens politique et les espaces publics au sens urbanistique du terme , du « faire » et de l’« artisanal ». Cette réflexion porte sur le « partage du sensible » – entre l’un et le multiple, le commun et la division –, une certaine « distribution de la parole, du temps, de l’espace » qui s’impose aux individus dans une société donnée, en fonction de la place qu’ils y occupent et des activités qu’ils y conduisent. La vie dans les villes est aussi une question de temporalités et d’agencements spatio-temporels, de « chronotopes » d’êtres vivants – humains et non humains –, de rythmes changeants qu’il faut apprendre à concilier ; une question d’écologie temporelle pour un nouveau ménagement urbain.