Les Jardins familiaux de Kairouan à l'époque coloniale (original) (raw)

2021, la Revue d'Histoire Maghrébine

Résumé : La ville de Kairouan se dresse au milieu d'une plaine, comme s'il s'agissait d'un désert, et une fois la saison pluvieuse est passé, l'aridité devient la caractéristique déterminante de cette zone. Les autorités coloniales ont tenté de surmonter cette situation naturelle difficile en s'efforçant de trouver une solution qui contribuerait à pourvoir les habitants en produits. Un ensemble de parcelles de terres agricoles près du nord de la ville appelées « Jardins familiaux » a été aménagé à la fin des années 30 du XXe siècle dans un souci de développement social et d'indépendance financière, sociale et nutritionnelle des habitants de Kairouan. Et pour améliorer le rendement des jardins familiaux Les autorités locales à Kairouan ont créé le groupement « d’intérêt collectif de jardins familiaux à Kairouan », en application de la loi sur l'eau, par un décret du 04 juin 1940. Le but de cette organisation était d'assumer la responsabilité du réseau d'irrigation, de son entretien, de sa modification, ou la création de nouveaux si c’est nécessaire. Nous concluons que les jardins familiaux de Kairouan ont été créés pour jouer un rôle social, en aidant la population à subvenir à ses besoins alimentaires. En outre, ils ont contribué à l'esthétique de l'espace urbain entourant la vieille ville ou ville européenne, car il a été créé pour éviter que les espaces inhabités ne deviennent des dépotoirs de déchets. On peut dire que ces jardins ont deux fonctions : la première est pour le bétail, afin que les habitants profitent de ce qu'ils cultivent, encourageant ainsi les travaux agricoles hors des murs de la ville, qui a toujours bénéficié d'un climat sec, en plus de cette fonction il représentait une ceinture verte au nord de la ville dans laquelle il n'y a pas d'espaces verts, là où ces jardins ont été trouvés. L'exploitation des jardins familiaux s'est poursuivie après l'indépendance comme zone agricole où la construction était interdite. Au début des années quatre-vingt, en raison de la baisse du débit de l'eau, le rendement agricole a diminué et les propriétaires ont alloti ces superficies pour les vendre dans le cadre d'une opération de spéculation immobilière plus rentable.