Kate Millett : autour d’une pratique collective de la sculpture (original) (raw)
2021, VIIIe Journée des jeunes chercheurs, Musée Rodin. Groupe sculpté, composition, performance partagée: mettre ensemble
Kate Millett : autour d’une pratique collective et féministe de la sculpture Kate Millett est une figure majeure du féminisme américain de la seconde vague. Son livre Sexual Politics, publié en 1970, pose les bases théoriques du Women’s Liberation Movement. Largement reconnue pour son activisme politique et ses ouvrages autobiographiques, Kate Millett était pourtant avant tout une sculptrice. Bien qu’elle n’ait eu de cesse de répéter son statut d’artiste, un silence assourdissant a entouré et entoure encore aujourd’hui non seulement son œuvre mais aussi les pratiques collectives féminines qu’elle a mis en place. En effet, consciente de la complexité et de la diversité des mécanismes sexistes à l’œuvre dans le relatif anonymat de sa propre carrière, elle décide d’intervenir directement auprès des femmes. En mettant en place des ateliers exclusivement féminins, elle propose une œuvre qui constitue un pas de côté vis à vis des canons énoncés principalement par Clément Greenberg qui gouvernent encore la sculpture dans les années 1960 et 1970. Dans le cadre de cette communication, je m’intéresserai à l’action collective de l’atelier féminin initié par Kate Millett pour l’exposition Naked ladies organisée en 1977 au Woman’s Building de Los Angeles. Dans une première partie, je montrerai pourquoi ces œuvres figuratives, monumentales et paradoxalement composées de matériaux périssables, constituent esthétiquement une critique d’un contexte artistique dominé par la sculpture abstraite. Dans une seconde partie, je m’intéresserai aux enjeux de la mise en place de cet atelier en terme de transmission technique exclusivement féminine. Je montrerai aussi comment cette configuration agit en miroir avec les œuvres, rassemblement de femmes géantes aux physiques dénués de toute idéalisation et prises au piège dans des actions banales et ordinaires. Enfin dans une dernière partie, je m’intéresserai à la réception critique mitigée de cette exposition, plus encline à s’attaquer au physique de sa conceptrice qu’à proposer une analyse théorique. Une telle approche permettra, à la croisée des études de genre et de l’histoire de l’art, de saisir les enjeux d’une mise en commun féministe en sculpture dans le contexte spécifique des années 1970.