André Bourgeot, s. dir., Horizons nomades en Afrique sahélienne. Sociétés, développement et démocratie. Paris, Karthala, 1999, 491 p., index, graph., tabl., cartes, h.t. (« Hommes et Sociétés ») (original) (raw)

Jacob J.-P. et Lavigne Delville P., 1993, "Note de lecture : Anthropologie appliquée et développement associatif. Trente années d'expérimentation sociale en Afrique sahélienne (1960-1990), Guy Belloncle, Paris, L'Harmattan, 1993, 194 p.", Bulletin de l'APAD, vol 6/1993

Bulletin De L Apad, 1993

Dragani A., 2023, Book review: SCHMITZ Jean, OULD CHEIKH Abdel Wedoud & JOURDE Cédric (DIR.). — Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme. Subalternité, luttes de classement et transnationalisme. Paris, Karthala, 2022, 413 p., bibl., index, ill., Cahiers d'études africaines, n° 248, p. 921-924.

Cahiers d'études africaines, 2022

Ce volumineux ouvrage, édité par Jean Schmitz, Abdel Wedoud Ould Cheikh et Cédric Jourde, illustre parfaitement la complexité des liens entre soufisme et salafisme au Sahel dans une perspective subalterniste. Tout au long des 413 pages et des quinze chapitres organisés en cinq parties, les auteur.e.s proposent une analyse de l'emprise que ces mouvements religieux exercent sur les catégories subordonnées, qu'ils cherchent à enrôler pour augmenter leurs effectifs. Les directeurs précisent dans l'introduction que par « subalternes » on doit entendre des groupes minorés (femmes, artisans, jeunes et présumés descendants d'esclaves) et que la notion de subalternité est utilisée « sans se référer à l'arrière-plan épistémologique et philosophique des Subaltern Studies » (p. 10), qu'ils conçoivent comme initialement anglophones bien que d'inspiration gramscienne. En revanche, l'ouvrage prend en compte des approches théoriques basées sur le genre et l'agentivité des femmes (S. Mahmood, B. Buggenhagen, M. Gomez-Perez). Les rapports que les mouvements confrériques et salafistes entretiennent avec les subalternes revêtent une dimension globale, d'où le recours aux notions de « transnationalisme » et de « virtualisation » des populations étudiées par des terrains digitaux. C'est pourquoi les lieux d'enquête incluent non seulement des États sahéliens (Nigéria, Mali, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Mauritanie, Sénégal, Gambie) mais aussi des contextes diasporiques : Arabie saoudite, Égypte, France et États-Unis (p. 8). Au carrefour entre anthropologie, histoire, science politique et islamologie, les riches contributions de cet ouvrage sont le fait d'un groupe pluridisciplinaire de quatorze universitaires chevronnés, exerçant en Allemagne, Belgique, Canada, États-Unis ou en France. Outre les articles issus principalement de deux journées d'études 1 à l'origine de l'ouvrage, neuf textes sont traduits de l'anglais au bénéfice du lectorat francophone (C. Cantone, B. Frede, P. Gaibazzi, S. Hanretta, O. Kane, D. Robinson et R. Seesemann). Les articles rassemblés dans le présent volume couvrent un large empan chronologique, qui va de la constitution des imamats (fin XVII-XIX e siècles) et des jihād (fin XIX e siècle) aux ordres soufis anciens (ca 1880-1920) et de seconde génération (à partir de 1930 jusqu'à nos jours). Cette périodisation en quatre phases, proposée par J. Schmitz dans le premier chapitre, s'inscrit résolument dans une nouvelle historiographie, surgie à partir des années 1980 qui, par son approche subalterniste, bouleverse la chronologie précédente en deux étapes centrées sur le fait colonial : imamats et jihād anti-coloniaux, puis ordres soufis agréés par les colons. Le point faible de cette bipartition était la prise en compte d'un agent exclusivement extérieur aux sociétés sahéliennes (la colonisation), négligeant des vecteurs endogènes de transformation sociale, tel l'enrôlement des subalternes musulmans dans le respect de la jurisprudence religieuse, et ce tant par les jihād que par les confréries maraboutiques. Cette opération permet d'introduire une continuité entre des mouvements auparavant conçus comme exclusivement antagonistes et de faire émerger les processus d'influences réciproques, de mimétismes par rivalité et de « brouillage ».

Aggarwal, Kusum. -- Amadou Hampâté Bâ et l'africanisme. De la recherche anthropologique à l'exercice de la fonction auctoriale. Paris-Montréal, L'Harmattan, 1999, 266 p. (« Sociétés africaines et diaspora »)

Cahiers d'études africaines

Bernard Mouralis L'oeuvre d'Amadou Hampâté Bâ (1900-1992) est considérée à juste titre aujourd'hui comme une des plus importantes de la littérature négro-africaine en raison notamment du savoir que l'écrivain malien, sur le mode de l'essai historique, de l'édition de textes dans des langues africaines, du récit ou de l'autobiographie, a élaboré sur l'Afrique. Le premier intérêt de l'étude que vient de publier Kusum Aggarwal, professeur à Delhi University, est de s'interroger sur la généalogie de ce savoir en évitant de considérer d'emblée Hampâté Bâ comme le dépositaire d'un savoir africain immédiat qu'il lui aurait suffi de recueillir. C'est à l'examen de cette question que l'auteur consacre toute la première partie de son livre, intitulée « Les conditions du savoir africain en période coloniale », en montrant comment l'africanisme a été le contexte dans lequel s'est élaboré ce savoir, même si, plus tard, le chercheur africain a tenté de s'en démarquer. À ce stade de son analyse, l'auteur procède à une évaluation très documentée de l'africanisme français et on sera sensible en particulier à deux résultats qu'elle met bien en évidence, à travers la lecture des travaux de Delafosse et Griaule. Elle montre tout d'abord que l'africanisme se constitue en opposition complète avec l'idéologie nationaliste française (Gobineau, L. de Saussure, Lebon) fondée sur le concept de race, de sang ou d'âme des peuples, et dans la filiation directe avec Tylor, Morgan et Durkheim (pp. 29-30). Elle souligne d'autre part que, si la colonisation a constitué généralement l'impulsion première pour la constitution d'une science africaniste, les principaux acteurs se sont efforcés Aggarwal, Kusum.-Amadou Hampâté Bâ et l'africanisme. De la recherche an...

Recension de Françoise Blum, Héloïse Kiriakou, Martin Mourre, Maria-Benedita Basto, Pierre Guidi, Céline Pauthier, Ophélie Rillon, Alexis Roy et Elena Vezzadini. Socialismes en Afrique / Socialisms in Africa, Paris: Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, 716p.

Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique, 2023

Ce volume ambitieux rassemble des chercheurs de plusieurs pays sur trois continents autour de la question des « socialismes en Afrique », vaste sujet servi par de nombreux auteurs. Divisé en trois parties principales (Doctrines et corpus, Socialismes en actes et Socialismes transnationaux), l’ouvrage est bien organisé et couvre un large panel de paysages politico-géographiques ainsi que culturels.

Environnement et Dynamique des Sociétés Laboratoire d'étude et de recherche sur les territoires sahélo-sahariens : aménagement, développement Presses Universitaires de Niamey Sous la coordination du Pr. MOTCHO Kokou Henri

(1)HAMET MAHAMANE Mahamadou Bachir et (2)ISSA Garba, 2019

Dans de nombreux pays sahéliens, le pastoralisme est à la fois une activité de production et un mode de vie pouvant être appréhendé comme une occupation découlant d’une véritable vocation (Baxter, 1994). Le pastoralisme résulterait ainsi de l'imbrication de plusieurs facteurs de nature anthropologique, sociologique, environnementale et économique. Les communautés pastorales sont pour l’essentiel des mobiles et dispersées dans l’espace. Avec la décentralisation, ces populations vivent dans de nouveaux territoires. Dans les départements de Nguigmi et Diffa, elles se répartissent entre plusieurs groupements et tribus. Même par rapport à l’autorité traditionnelle, elles ont des difficultés à s’identifier. Ces populations se trouvent exposées à des menaces de tous ordres tels les expulsions, le recensement obligatoire ou le déguerpissement. Sans compter les contingences du moment que sont la pression démographique, la pression sur les terres, la dégradation de l’écosystème, la forte emprise sur les ressources naturelles et tout récemment la décentralisation et la crise de Boko Haram. La cohabitation entre les communautés connaît des perturbations du fait des conflits souvent violents. Le moindre incident se transforme en tragédie. Alors, les pratiques d’élevage tendent à se spécialiser vers un seul produit- la viande-. Le pastoralisme offre une gamme diversifiée de produits comprenant la viande, le lait, le sang, le fumier et le transport qui, lorsqu’on les additionne, sont de plus grande valeur que la viande seule. La productivité élevée de l’élevage dans les systèmes pastoraux non seulement entretient des millions d’éleveurs nomades mais contribue également, de manière significative, à d’autres secteurs des économies locales et nationales.

Rahal Boubrik, De la tente à la ville. La société sahraouie et la fin du nomadisme, La Croisée des Chemins, Casablanca, 2017.

La société sahraouie était, durant des siècles, une société nomade. Or, un passage de la tente à la maison en ville s'est amorcé à partir du milieu du siècle dernier pour prendre forme à la fin des années soixante-dix. L'État colonial et, plus tard, post colonial, étaient les principaux acteurs du fait urbain et de la sédentarisation, récente au Sahara Atlantique, sans négliger la conjoncture climatique catastrophique qui avait déstructuré les systèmes de productions pastorales nomades. Au-delà d'une approche essentialiste du nomadisme, nous traitons ici comment le nomade habitait sa tente et, par la suite, sa maison pour pouvoir mettre l'accent sur l'interaction entre l'organisation spéciale et l'organisation sociale. Nous adoptons, pour ce faire, une approche anthropologique avec une prise en considération de la longue durée.