Un chemin singulier ? L’industrialisation française vue par les historiens américains (original) (raw)

Le regard sur l’Amérique dans la sidérurgie française : des voyages d’études de l’Entre-deux-guerres aux missions de productivité du Plan Marshall

Dès la fin du 19 e siècle, les grandes entreprises françaises de l'acier organisent des voyages d'études aux États-Unis, en vue d'améliorer la productivité par des transferts de technologie (achat de nouvelles machines ou de brevets). Ces voyages ont donné lieu à des rapports très précisément renseignés 1 qui montrent le regard français sur la sidérurgie et, d'une façon générale, sur l'industrie américaine en plein essor. Des ingénieurs découvrent, par étapes, des aspects toujours nouveaux de la productivité, toute une conception spécifique de l'utilisation des machines, de la main d'oeuvre et de l'organisation de l'entreprise. Ce premier regard professionnel sur l'Amérique est surpris, étonné, parfois admiratif, mais aussi à l'occasion narquois.

Denys Delâge (avec la collaboration de Jean-Philippe Warren), « Une histoire américaine: des peuples confrontés à la mondialisation depuis déjà quatre siècles », Le Devoir, 1er et 2 juillet 2000, dans le cahier spécial “Sociologie et mondialisation” publié à l’occasion du congrès de l’AISLF, p. E-6.

La mondialisation serait, selon ses ténors, synonyme d'accroissement des richesses, qu'elles soient matérielles, culturelles ou spirituelles. "Attendez pour voir", nous disent-ils. Pourtant, à portée de main, un exemple probant des effets d'une mondialisation vécue. Car il y a quatre siècles, les Européens "forçaient" les peuples d'Amérique à participer à une nouvelle économie de marché, à se joindre au grand cercle des nations hautement évoluées. On connaît parfois mal la suite. D'un point de vue économique, la mondialisation désigne le processus par lequel les barrières tarifaires et douanières s'abolissent au profit d'un marché unique, ainsi que la domination du capitalisme comme système d'autorégulation des sociétés à la surface de la planète. D'un point de vue culturel, elle englobe les phénomènes de métissages, d'échanges culturels et, foncièrement, de défection de la culture comme mémoire devant la culture comme produit et marchandise, mais d'un autre côté et, tout à l'opposé, elle s'accompagne d'une recrudescence des revendications identitaires. Enfin, la mondialisation se laisse décrire comme le désengagement de l'État des sphères sociales qu'il avait puissamment investi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le débarquement européen En un certain sens, assez large, convenons-en, les peuples amérindiens se trouvent confrontés à la réalité de la mondialisation depuis l'arrivée des Européens. En effet, l'expansion du capitalisme depuis quatre siècles a conduit à transformer les espaces économiques préexistants un peu partout sur la planète en régions frontières, en périphéries qu'un centre intègre et transforme en pourvoyeurs de ressources pour son bénéfice. Ainsi, dans notre histoire, à long terme, la transformation de la chasse de subsistance en traite des fourrures destinées au marché international, a conduit partout à l'épuisement de la ressource. La mondialisation, est un long procès historique, et il faut bien convenir que certains peuples ont connu la chose, sous une forme originaire, avant que nous n'en connaissions le mot. Les peuples amérindiens ont aussi été placés dans le contexte d'une mondialisation culturelle dont ils n'ont pas été que les consommateurs serviles. Autant l'Amérindien a appris de la culture occidentale, autant l'Européen a appris, sans toujours l'avouer, de son contact avec la culture amérindienne. Les tribus indigènes faisaient connaissance avec les outils de fer et l'écriture, elles s'instruisaient du christianisme, etc. Découvreurs et colons s'initiaient à l'art de la petite guerre; ils adoptaient une pédagogie qui laissait plus de liberté à leurs enfants; ils découvraient les vertus médicinales de certaines plantes exotiques. Ce métissage a enrichi les uns et les autres en ouvrant l'horizon de l'une et l'autre culture à des connaissances et à des manières de faire inconnues. À partir de 1815, avec le déclin de la traite des fourrures et le développement de la coupe du bois et de l'exploitation agricole, les Amérindiens sont devenus plus clairement que jamais des "entraves" à un "progrès" qui commandait leur dépossession territoriale. La dépossession

Un ailleurs pour l'Amérique. "Notre" patrimoine et l'invention du monument historique

Globe, 2009

Cet article explore les fondements, posés dans les années 1920, de la conception québécoise du monument historique et, plus largement, du patrimoine. On y découvre comment et pourquoi le patrimoine, théoriquement constitué des trésors - les monuments historiques en question - voués par une société à ses légataires, a été en pratique déterminé par un Étranger survenu dans le paysage de la province au tournant du XXe siècle : le touriste, plus précisément le touriste étatsunien, dit « l’Américain ». Celui-ci, dès lors substitué au Canadien anglais dans le rôle de « l’Autre », imposa, par l’entremise de l’institution québécoise des monuments historiques (née en 1922) et à grand renfort de bienfaits économiques aussi évidents que nécessaires, son propre itinéraire à la territorialisation patrimoniale du Québec, c'est-à-dire à l’identification de ses monuments, à leur localisation et à la démarcation des frontières du « terroir » protégé et mis en valeur. En quelques années, en effet, l’étranger-touriste laissa une empreinte indélébile dans un tableau de la patrimonialisation que sa piste, pour peu qu’on la suive, révèle au Québec sous un nouveau jour.

La vraie renaissance de l'industrie américaine

l'Expansion Management Review, 2014

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La prosopographie : une nouvelle voie pour l’histoire de la Franc-maçonnerie

2009

Dans le cadre du renouvellement méthodologique touchant l’historiographie maçonnique française depuis vingt ans, la prosopographie occupe une place de choix qui a pourtant suscité peu de réflexion théorique de la part des historiens de la Franc-maçonnerie. Partant d’une réflexion personnelle engagée dans le cadre de l’écriture de deux ouvrages marqués par le choix de la démarche prosopographique (Révolution et sociabilité en Normandie de 1740 à 1830, PURH, 1999, et Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Paris, Hachette, Nouvelle édition 2008), il m’a semblé utile de livrer, dans le cadre d’une revue marquée par sa volonté d’élaborer une réflexion épistémologique sur le traitement historique du fait maçonnique, à un premier bilan critique concernant les apports de la prosopographie dans ce champ de recherche. Cette démarche apparaît d’autant plus nécessaire que ledit bilan fait rapidement émerger des limites qu’il conviendra de dépasser afin d’assurer le désenclavement définitif d’une historiographie maçonnique marquée par ses fortes réticences à considérer les méthodes novatrices.