La théorie per minima dans les textes alchimiques des XIVe et XVe siècles (original) (raw)

Les textes alchimiques attribués à Arnau de Vilanova dans le Codex Speciale (ms. Palermo, 4° Qq A10)

«Arnaldo da Villanova e la Sicilia» a cura di Giuseppe Pantano, 2017

Le 17 décembre 1871, le père Isidoro Carini (1843-1895), archiviste paléographe, que Léon XIII nommera préfet de la Vaticane, présente à l'Académie des Sciences et des Lettres de Palerme un petit volume, de format missel, par la suite enregistré à la Biblioteca Comunale di Palermo sous la cote 4° Qq A 10. 1 Dans sa longue communication, le père Carini commence par l'histoire du manuscrit. Il rappelle qu'il resta dans la bibliothèque de la noble famille Speciale du XV e siècle jusqu'au sac de leur maison en 1860 et une fois retrouvé, qu'il fut acheté par la Biblioteca Comunale de Palerme. Puis il décrit l'objet qu'il dénomme Codex Speciale, en hommage à ses possesseurs initiaux. Il s'agit d'un manuel comprenant des textes exclusivement alchimiques, écrits sur un parchemin très fin (« in finissima pargamina »), recouvert d'une reliure en cuir usé avec inscrite au dos la mention : « maximi momenti liber » (livre d'une importance capitale). Chaque chapitre a sa rubrique, mais, pour des raisons d'économie bien compréhensibles au vu du prix exhorbitant du parchemin à cette époque, elles sont incluses dans le corps du texte, sans séparation marquée. Des gloses marginales -l'oeuvre de mains plus récentesentourent les textes. Les rubriques et les notes sont calligraphiées en rouge, le haut des lettres en or et dans une autre couleur. Carini relève aussi quelques dessins griffonnés de cornues, de fourneaux et d'alambics. Il insiste plus particulièrement sur la présence d'alphabets hébreu, grec et d'un autre, dit hermétique, concernant le chiffre chimique de chaque substance. L'alphabet grec est plusieurs fois répété avec l'indication de la prononciation, suivant le parler du grec byzantin (et non celui du grec ancien reconstitué à la Renaissance). Deux glossaires, dont l'un long de 38 pages, retiennent son attention. 2 Ces glossaires donnent la traduction en langue vulgaire des mots arabes translittérés dans les textes alchimiques. 3 C'est, dit-il, un document philologique de première importance. N'oublions pas que l'alchimie est essentiellement une science importée des Arabes, transmise aux Latins par les traducteurs de Tolède au XII e siècle. Carini suppose enfin que le Codex Speciale est dû soit à un chrétien 1 I. CARINI, Sulle scienze occulte nel Medio Evo sopra un codice della famiglia Speciale. Discorso letto all'Academia di Scienze e Lettere in Palermo dal Sac. Isidoro Carini, socio collaboratore della medesima, Stamperia Perino, Palermo 1872. 2 Ibid., pp. 13-14. 3 Par exemple, « Alatone id est auricalcum, Altalac id est sal, Azegi id est vitrioleum, etc. ».

La littérature alchimique (1550-1715) : écriture et savoir à la marge?

Mémoires du livre, 2014

La littérature alchimique du milieu du xvie au début du xviiie siècle manifeste une tension entre une marginalisation subie, notamment politique et sociale, et une marginalisation voulue, induite par les choix d’écriture et d’anonymat de son auteur. Certains ouvrages alchimiques se servent de cette marginalisation, imposée ou volontaire, pour instaurer leurs propres autorités, soit en les cautionnant par des modèles institués, soit en leur donnant une apparence acceptable et légitime et en les dotant d’une polyvalence capable d’englober les autres savoirs. La persona de l’auteur se construit alors comme un passeur de savoir, conférant, en particulier au livre qui expose la genèse légitime mais merveilleuse de son savoir, une fonction symbolique qui permet de lire dans sa matérialité le signe de l’adéquation entre l’apparence du discours alchimique et le contenu qu’il révèle.

« Éditer des textes alchimiques médiévaux », Chrysopœia, VI (1997-1999), pp. V-XII.

On peut sans doute contester l'idée qu'il existe une spécificité des problèmes d'édition des textes alchimiques 1 et considérer que, simplement, ces textes réunissent ou posent de manière particulièrement aiguë des problèmes auxquels se trouve confronté tout éditeur de textes littéraires, philosophiques, théologiques ou scientifiques 2 dès lors que, se plaçant dans une perspective d'histoire des idées, il a pour horizon une édition "savante" visant à mettre à la disposition des chercheurs l'ensemble des données disponibles sur un texte seul ou sur un corpus de textes 3 . Il n'est cependant pas sûr que l'éditeur d'un texte alchimique non seulement puisse mais même doive toujours tenter de satisfaire aux trois exigences d'une telle édition savante "historico-critique", qui sont : 1° dater le texte et identifier son 1. Une des rares questions spécifiques -peut-être la seule -est celle de savoir s'il faut traiter les symboles alchimiques comme des abréviations, et par suite, les transcrire ou s'il convient de les reproduire. Cette dernière solution rencontrait essentiellement des obstacles matériels, d'ordre typographique, que permet de résoudre aujourd'hui la PAO (publication assistée par ordinateur) : les logiciels de dessin de polices de caractères autorisent en effet la confection de tous les symboles nécessaires, y compris ceux qui paraissent propres à un seul auteur ou à un seul manuscrit, et jusqu'aux moindres variantes pour les apparats. Cette solution a certes l'avantage de l'exactitude. Mais elle vaut surtout pour des éditions qui tendent vers l'édition diplomatique, qui s'adresse essentiellement au spécialiste. De telles éditions présentent en effet l'inconvénient de gêner la lecture du texte pour le lecteur peu habitué à l'emploi de ces symboles. Mais si l'on opte pour la transcription des symboles (comme l'a fait ici Renan Crouvizier pour l'édition de l'Épître à Maître Abraham de Valerand Du Bois-Robert), celle-ci se révèle souvent très difficile, en particulier dans le cas des textes latins, non seulement en ce qui concerne les symboles des métaux -qui peuvent être transcrits soit par leur nom commun (et même alors, faut-il écrire, pour les textes latins, argentum vivum, mercurius, voire, pour les textes de la Renaissance, hydrargyrus, "mercure" ou "argent vif" ou "vif argent" pour les textes français ?) ou par leur nom planétaire (faut-il écrire Sol ou aurum, "soleil" ou "or" ?) -, mais aussi en ce qui concerne les symboles plus fluctuants des composés ou des instruments alchimiques.

Précis de Théologie Ascétique et Mystique - TANQUEREY

Enfin disponible pour les internautes de la vie spirituelle, ce livre indispensable qui était devenu, évidemment, INTROUVABLE dans nos éditions et librairies chrétiennes ! Nous témoignons avoir cherché ce livre à trois reprises dans notre vie, et avoir mis à chaque fois cinq à dix années pour le trouver enfin… Il est si précieux que régulièrement, nous l'avons abandonné à des amis qui en avaient sans doute plus besoin que nous… Mais que de peine pour en retrouver ! C'est qu'il s'agit du compendium indispensable pour comprendre la vie intérieure, le traité de base des directeurs de la vie spirituelle chrétienne et des accompagnateurs Le Précis que doivent connaître 'par coeur' ceux qui engagent leur vie dans l'Union transformante, et qui trouveront ici de quoi comprendre où et à quelle étape de la transformation divine ils sont parvenus, quelles directions prendre en fonction de leur évolution dans la vie chrétienne et quels actes appropriés engager pour aller plus avant vers la « perfection » Jean Paul II Pape avouait à A. Frossard que, jeune homme, avant d'entrer au Séminaire, c'est ce livre qui fut sa formation, son vade mecum, et qu'il le connaissait « par coeur » !! Adolphe TANQUEREY est né le 1° mai 1854 à Blainvill e ( Manche ) , et est mort le 21 février 1931 à Aix en Provence . Il fut Prêtre et professeur de dogmatisme et de droit canon. Il a commencé sa formation à St-Lô à partir de 1873, puis au Grand Séminaire de Coutances, et en 1875 il est à Saint-Sulpice à Paris. Il est reçu Docteur en théologie en 1878, et la même année il est ordonné prêtre et devient membre de la Communauté de St-Sulpice. Il passe par Nantes, par le Séminaire de Rodez ( 1879-1887), et est envoyé à St. Mary's ( Baltimore -USA ) . Ses deux ouvrages les plus importants sont : Synopsis docmaticae theologiae, et Synopsis theologiae moralis et pastoralis. Ces Ouvrages ont trouvé rapidement une diffusion grande et durable en Amérique aussi bien que l'Europe. De 1896 à 1902, Tanquerey, en tant que professeur de théologie morale était vice-président de St Mary's, et en 1902 il revient en France en tant que chargé d'enseignement à Saint-Sulpice. 27 LA THEOLOGIE ASCETIQUE 37 PREMIERE PARTIE : LES PRINCIPES 43

L'Ars notoria au Moyen Âge et à l'époque moderne. Étude d'une tradition de magie théurgique (XIIe-XVIIe siècle), thèse dactylographiée, dir. Colette Beaune, Université Paris X-Nanterre, 2004, 2 vol., 1084 p.

The Ars notoria (art of notes) is a latin tradition of ritual magic ascribed to Solomon and Apollonius, which appears in funds of manuscripts in the XIIIth century and is a great success untill the Early Modern Period; it promises the perfect skill of knowledge teached in schools and universities. A first part assesses the phenomenon, describes the manuscripts and isolates the different versions of a text which never stops to change untill the XIVth century. But what is the origin of this text? The study of the manuscrips and texts, and the analysis of others sources (Gervase of Tilbury, Johannes de Alta Silva, etc. ) allow to defend the thesis of the north-italian origin (more precisely in Bologna) of a magical art initially ascribed to Virgil. A second part conducts a description and an analysis of rituals given by the different versions edited in annexes. It examines the nature of an art which defines itself as a sacrament as a proof of its orthodoxy, asks the question of its practical side, interrogates the sociology of its practitioners, and finds an end in a survey of doctrinal condemnations (Thomas of Aquinas). L'Ars notoria (art des notes) est une tradition latine de magie rituelle attribuée à Salomon et à Apollonius qui apparaît dans les fonds manuscrits au XIIIe siècle et bénéficie jusqu'à l'époque moderne d'un succès considérable ; elle promet la maîtrise parfaite du savoir enseigné dans les écoles et les universités. Une 1ère partie mesure l'importance du phénomène, avant de décrire les manuscrits et d'isoler les différentes versions d'un texte qui n'a cessé d'évoluer jusqu'au XIVe siècle. Se pose alors la question de l'origine. L'étude des manuscrits et des textes, couplée à l'examen d'autres sources (Gervais de Tilbury, Jean de Haute-Seille, etc. ), permet de soutenir la thèse d'une origine nord-italienne, voire même bolonaise d'un art magique placé initialement sous l'autorité de Virgile. Une 2e partie procède à une description et à une analyse des rituels proposés par les diverses versions éditées en annexe. Elle interroge la nature d'un art qui se définit comme sacrement pour preuve de son orthodoxie, pose la question de sa mise en pratique et de la sociologie de ses adeptes, et s'achève par un tour d'horizon des condamnations doctrinales (Thomas d'Aquin).

Les « caractères » magiques au Moyen Âge (XIIe-XIVe siècle)

Bibliotheque de l' Ecole Des Chartes, 2004

par Benoît GRÉVIN et Julien VÉRONÈSE 2. B. Bischoff, Übersicht über die nichtdiplomatischen Geheimschriften des Mittelalters, mit zwei Alphabettafeln, dans Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, t. 62, 1954, p. 1-27, repr. et élargi dans id., Mittelalterliche Studien : ausgewählte Aufsätze zur Schriftkunde und Literaturgeschichte, t. III, Stuttgart, 1981, p. 120-148. Le tableau des cryptogrammes est repris dans Jacques Stiennon, Paléographie du Moyen Âge, Paris, nouv. éd., 1999, p. 152-153. 306 benoît grévin et julien véronèse B.É.C 2004 3. Les unes et les autres ne peuvent pas toujours être clairement séparées tant « objectivement », du point de vue de l'historiographie moderne, que « subjectivement », dans une perspective chrétienne, héritée des docteurs de l'Église, qui range les pratiques religieuses païennes comme les pratiques magiques dans la catégorie indivisible des « superstitions ». 4. Les deux genres ne se distinguent pas toujours clairement dès qu'il est question d'utiliser des signes non naturels. 307 B.É.C 2004