L’ethnographie au risque de l’agression : expérience de terrain à risque (original) (raw)
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Accéder au terrain et pratiquer l’ethnographie en temps de pandémie - Laap
2021
Qu’en est-il du terrain en ces temps de catastrophe sanitaire et de distanciation physique ? Nous résumons ici les échanges d’un workshop où, à travers des réflexions d’ordre méthodologique sur notre pratique ethnographique, nous en venons à débattre autour de questions épistémologiques liées à notre conception du terrain.
L’ethnographie en « zone interdite »
La Revue Pour L Histoire Du Cnrs, 2008
Le 12 juillet 1976, me trouvant à l'aéroport d'Anadyr dans l'attente d'une correspondance pour le nord de la Tchoukotka, je décidai d'aller visiter la ville. Celle-ci se trouvant audelà d'un golfe, je dus prendre un bateau-navette et en profitai pour faire quelques photos au moment d'approcher. À peine descendu sur le quai, je fus immédiatement abordé par un homme en veston de cuir qui se présenta comme étant un agent du KGB, me demanda mes documents et me lança abruptement : « Pour quelle raison prenez-vous ces photos ? » Je lui tendis mon passeport avec cette attestation officielle : « L'université de Leningrad confie à Boris P. Chichlo, professeur au Département d'ethnographie et d'anthropologie, une mission scientifique dans le district national de Tchoukotka. Le but de cette mission est d'étudier la culture traditionnelle de la population locale, son histoire, son évolution et sa situation actuelle. Nous demandons aux organisations du Parti, des Soviets et de l'État d'offrir tout leur appui pour que soit accomplie cette importante mission scientifique. » Je précisai donc que lesdites photos devaient faire partie de mon rapport sur la mission dès mon retour à Leningrad. « Bon, finit par dire mon enquêteur, je vous laisse partir cette fois, mais sachez néanmoins qu'il est interdit de prendre ce genre de clichés panoramiques. » L'ethnographie en « zone interdite » La revue pour l'histoire du CNRS, 20 | 2008
Ethnographier l’intime, les silences et les situations de violences
Parcours anthropologiques, 2016
Au travers de terrains dans les milieux de la prostitution, dans des situations de guerres et « d’encampements » (Agier, 2008), à propos de sorcellerie ou encore d’avortements clandestins, les auteurs réunis dans ce numéro interrogent les possibilités d’une ethnographie de l’intime, des silences et des situations de violences ainsi que la place des émotions dans l’élaboration des connaissances
Techniques de la menace - Terrain, revue d'ethnologie de la France
Techniques de la menace , 2004
ux-ci, certains – comme ceux qui furent perpétrés à Srebrenica – viennent d’être qualifiés juridiquement (avril 2004) de génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), à La Haye. Cette cour, créée en 1993 par le Conseil de sécurité de l’ONU en pleine guerre, s’est donné pour mission de juger les crimes de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les violations graves du droit de la guerre commis pendant le conflit qui fit rage en Croatie puis en Bosnie- Herzégovine, entre 1991 et 1995, conflits immédiatement suivis de la guerre au Kosovo, dont les crimes, relevant de la même configuration ex-yougoslave, sont justiciables de cette même cour, alors dite ad hoc. Dans une de ses déclarations, donnée dans le cadre d’une plaidoirie en reconnaissance de culpabilité devant le TPIY à La Haye, au mois de décembre 2002, Biljana Plavsić, un des hauts cadres du parti nationaliste des Serbes de Bosnie, le SDS 1, accusée par le Tribunal pénal de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, allègue, en guise de justification centrale du comportement meurtrier des forces nationalistes, leur commun sentiment d’» effroi » – d’effroi collectif – d’être à nouveau des victimes, puisque le lien fédératif, le lien qui faisait les « Yougoslaves », était brisé. Désormais, il ne restait plus en scène que des « Musulmans 2 » et des « Croates », sans freins politiques. Dans le cadre rétrospectif de ce récit justificatif et des accusations implicites qu’il mettait en scène, B. Plavsić déploie un « topos » : celui du retour chez l’autre de la pente haineuse naturelle, un moment suspendu par l’artifice politique, de la reviviscence du désir de revenir à une violence destructrice.
Journées doctorales du Groupe de Recherches en Etudes de Genre (UCL), 2018
Menant une enquête sur l’évolution des rapports de genre dans l’Algérie contemporaine, j’adopte une démarche inductive qui s’ancre dans un point de vue « situé ». Mon propre statut de femme influence mon intérêt en tant que sociologue à travailler sur la question de la mobilité spatiale des femmes à la lumière des enjeux normatifs qu’elle soulève au sein des familles et de la société en général. Démarrant mon ethnographie dans les espaces domestiques de ma famille étendue, je souhaiterais partager certains défis émotionnels soulevés par un terrain si «proche» qu’il en devient suffocant.
2016
Investiguer la possibilité d'une « culture du risque » : Ethnographie de l'habiter en milieu exposé… et prisé. Séverine DURAND Les politiques de gestion des risques appellent à favoriser la prévention et à développer une « culture du risque » dans les zones exposées afin d'éviter l'écueil de l'oubli, pointé du doigt après une catastrophe. L'objet de la thèse, dont les résultats sont présentés dans cet article, fut de questionner cette possibilité en investiguant comment on habite, au quotidien, un milieu exposé aux inondations. Forte d'un travail ethno-graphique sur le temps long la thèse questionne ce qui circule à propos des inondations, comment des habitants s'emparent de la question et organisent leurs pratiques en fonction du risque. Le terrain d'étude est une ville prisée du Sud-est de la France qui a connu une explosion démographique récente. Ce cas d'étude permet de comprendre les mécanismes collectivement construits de mise en invisibilité du danger. La mise en visibilité des mesures de protection et l'effet confortant du partage normatif encouragent la normalisation de la confiance en la protection. Dans l'interaction, les énoncés se formulant sans cesse dans le souci de leur acceptabilité, dédramatiser est plus confortable que de dramatiser : les énoncés de relativisation du risque circulent davantage que ceux ouvrant sur l'horizon du danger. Surtout, ni les liens entre les habitants ni les liens des habitants au milieu ne fournissent le socle suffisant à l'élaboration collective que nécessite le déploiement d'une « culture du risque ». Investigating« risk culture ». Ethnography of a wealthily neighborhood in a threatened area. Risk management policies promote prevention and call for risk culture programmes in hazardous areas in order to fight against the phenomenon of risk oblivion that one can notice after a disaster. My university thesis-summarized in this article-questioned this possibility by investigating how we live, in everyday life, in flood-prone areas. Through an ethnographic piece of work, in particular a " discreet resident observation " , the thesis seeks to identify what the inhabitants exchange about floods and how they organize their practices in relation to the risk. The field study, Lattes, is an upper middle-class suburban neighborhood located in the South East of France (Mediterranean coast). This city was built on wetlands and remains vulnerable to flash floods. This case study allows us to grasp the collective mechanisms at stake in the construction of the invisibility of a danger. The high visibility of the protection made by local policies and the comforting effect of normative sharing provided a normalization of people's trust in the protection. Through interactions, statements are built to be acceptable. It is more comfortable to " de-dramatize " than to dramatize: statements of relativism circulate more than the ones that open on the horizon of danger. Moreover, the current development of a " logic of safety " for urban risks reduction contradicts the prevention of flooding. Above all, neither the links between inhabitants nor the links with their living environment provide a sufficient collective base for the deployment of a risk culture.