Appel à contributions -Call for Contributions -Tome 3 2022 Revue de l'Archéologie du Vêtement et du Costume (original) (raw)

Colloque "Le vêtement au Moyen Âge : de l'atelier à la garde-robe" organisé par le Groupe d'archéologie médiévale du Centre de recherches historiques (EHESS-CNRS), 27-28 septembre 2016 (EHESS-Tour Jean sans Peur, Paris).

2016

Le présent colloque est dédié à la mémoire de Françoise Piponnier (1932-2013). Sa thèse sur le costume à la cour d'Anjou publiée en 1970, puis ses travaux à partir des inventaires après décès de la région dijonnaise ont renouvelé la manière d'envisager l'histoire du vêtement. Elle a donné l'impulsion à une histoire économique, sociale et technique du vêtement, tant chez les élites que dans les milieux modestes urbains ou paysans. À sa suite de nombreux chercheurs ont emprunté ce chemin. À l'occasion de l'exposition « La mode au Moyen Âge », présentée du 11 mai 2016 au 15 janvier 2017 à la Tour Jean sans Peur à Paris, les membres du Groupe d'Archéologie Médiévale de l'EHESS (dont Françoise Piponnier fut directrice) ont voulu réunir des chercheurs autour de deux thématiques importantes : l'économie du vêtement et la culture vestimentaire. À la recherche de la matière Le vêtement dans la société médiévale est un bien coûteux. La qualité des étoffes de laine ou de soie est ce qui garantit, en premier lieu, la tenue et la beauté d'un habit. Les grandes foires sont des relais entre les centres de production d'étoffes et les détaillants présents dans chaque ville. Chacun, selon ses moyens, son état et ses envies, fait appel aux drapiers pour lui fournir des étoffes de laine, dont les plus onéreuses viennent de Flandre, et aux merciers et marchands de soie, qui lui propose des soieries communes de premier prix ou des tissages complexes mettant à profit les nouvelles techniques. Production et circulation des vêtements La compétence, l'habileté et l'inventivité des artisans de la confection font, en second lieu, la qualité du vêtement ou des accessoires de mode. Si dans les cours princières, les tailleurs sont minutieusement sélectionnés et ont toute latitude pour choisir leurs fournisseurs et les matières premières, les tailleurs ou couturiers ayant leur atelier en ville ne se laissent pas facilement cernér, si ce n'est à travers les aspects réglementaires ou économiques de leur activité. L'étude iconographique de ces métiers, confrontée aux découvertes archéologiques et aux inventaires après décès, permet d'approcher les gestes et l'outillage du tailleur comme l'organisation spatiale des ateliers. Le vêtement médiéval a souvent une seconde vie : il passe d'une garde-robe à une autre par le biais de dons, de legs, de saisies et de reventes. Codification, transgression et usage sociaux Le vêtement est un identifiant fort. Chacun s'habille selon son sexe, son âge, son rang et son rôle dans la société. Il différencie un groupe d'un autre, mais il peut également isoler un individu du groupe qui l'entoure. Les cours princières sont le théâtre privilégié de l'observation de ces jeux des apparences qui marquent la hiérarchie et les amitiés, où l'emblématique vestimentaire est un art politique subtil et nécessaire. Les lois somptuaires, qui se multiplient à partir du XIIIe siècle, témoignent des restrictions vestimentaires morales et économiques que les municipalités ou les principautés entendent faire respecter sur leur territoire. Ces codes, même s'ils sont souvent détournés ou bafoués, façonnent la société. Les aspects symboliques du costume, ne sont pas réservés aux humains : les habits des animaux domestiques, par exemple, sont eux aussi fortement connotés et contribuent à souligner le rang et l'aura de leur maître. Imaginaire, héritage et réinterprétation Déjà au Moyen Âge, les auteurs de récits et les artistes revêtent leur héros de vêtements allégoriques chargés de sens. De nombreux archétypes, comme celui de l'apparence de la sorcière, alimentent donc l'imaginaire collectif médiéval. Plus près de nous au XIXe siècle, alors que l'art troubadour s'empare d'un Moyen Âge rêvé, les motifs des étoffes médiévales sont des sources d'inspiration pour l'industrie de la soie. La question du vêtement dans la mise en scène au théâtre et au cinéma est cruciale de nos jours : si une certaine justesse historique est importante pour ancrer le spectateur dans un monde passé, la liberté de création des costumes nous offre, d'une part, la possibilité d'entrevoir les intentions artistiques des réalisateurs et metteurs en scène et, d'autre part, d'entendre ce que la société contemporaine nous dit d'elle-même.