Boisement des dépôts de boues draguées (original) (raw)

1997, Revue Forestière Française

Afin que nos voies navigables disposent d'un enfoncement suffisant, conforme aux conventions européennes, et afin de minimiser le danger d'inondation, un dragage permanent est indispensable. Selon une enquête de l'International Association of Ports and Harbors (IAPH, 1981), 350millions de tonnes de dragages d'entretien et 230 millions de tonnes de dragages infrastructurels ont été effectués dans le monde entier pendant l'année 1979. Tack (1996) signale que, chaque année, on drague en Belgique 50millions de mètres cubes. La plus grande partie est déversée dans la mer du Nord ou dans l'Escaut, mais chaque année la Région flamande est contrainte à recevoir 4000 000 m 3 de boues draguées sur son territoire (Demoen, 1989). En 1991, l'Université de Gand et les Entreprises JanDeNulSA mettent un projet de recherche sur les rails. Son but est d'étudier les possibilités de revaloriser la vase draguée, puis déversée sur terre, par plantation et sylviculture. Pendant les quatre années qui se sont écoulées depuis, de remarquables progrès ont été enregistrés. PROBLÉMATIQUE Lors de l'étude de la question concernant la vase draguée, trois problèmes se posent:-trouver la superficie nécessaire à la décharge des vases draguées,-développer une destination ultérieure judicieuse pour les boues draguées,-assumer les risques liés à la pollution présente dans la vase. Le manque de décharges En Flandre, à cause de la population dense, il est extrêmement difficile de trouver suffisamment de nouvelles décharges. Compte tenu de la hauteur de colmatage habituelle et des quantités annuelles 115 Rev. For. Fr. XLIX-2-1997 biologie et forêt susmentionnées, il faut trouver chaque année une nouvelle superficie de 135 à 200 hectares (DeVos, 1994a). Des concepts qui garantissent une utilisation optimale des décharges existantes sont dès lors fort réclamés, afin de pouvoir limiter la superficie nécessaire pour en créer de nouvelles. Destination ultérieure des décharges pour boues draguées Pour chacune des décharges, il faut trouver une destination ultérieure adéquate. Non seulement la décharge doit satisfaire à des conditions de sécurité et de rentabilité, mais encore son utilisation ultérieure doit être acceptable pour l'opinion publique. Dans de telles circonstances, la sylviculture ou le développement naturel sont de plus en plus pris en considération. Aussi, un des buts du projet était-il d'examiner si les dépôts peuvent être boisés, de quelles espèces, de quelle façon et quel en serait l'impact écologique. Ainsi, l'on tient compte de la nécessité d'extension forestière dans la Région flamande. Celle-ci figure, avec ses 8,3% de superficie forestière (dans quelques provinces même moins de 5%), parmi les régions les plus pauvres en forêts de l'Europe. Les boues draguées de l'Escaut entraînent un autre problème : l'eau saumâtre salée provoque une haute salinité du limon. Aussi la salinité s'avère-t-elle un facteur décisif dans le choix des espèces d'arbre et de buisson à utiliser pour le boisement de ce limon d'eau saumâtre. Risques de pollution En troisième lieu, la pollution des boues varie de légère à sévère, et émane aussi bien de polluants organiques qu'anorganiques. Ce phénomène est directement lié à la contamination des voies navigables: en aval d'un point d'évacuation, les valeurs de pollution extrême sont mesurées dans les lits fluviaux. Malgré les efforts remarquables de la Région flamande pour épurer les voies navigables, la pollution reste présente dans les lits fluviaux, et décidera certainement dans les 15 à 20ans à venir de la problématique de dragage. Àc et égard, les chercheurs se voyaient confrontés à la question de savoir si la pollution présente dans le limon est absorbée par les arbres, si une telle pollution peut engendrer des effets toxiques et si l'on peut retrouver des évolutions dans ces processus. Inversement, la question était de savoir si les arbres peuvent influer sur les polluants du terrain par voie de leur racinement et de leur impact sur les paramètres physico-chimiques du sol. Les caractéristiques d'un terrain de boues draguées sont déterminées par la technique de dragage. Une décharge de boues draguées diffère d'autres terrains à boiser. Après aménagement, un dépôt forme un sol néogène, pratiquement anaérobie, avec de très forts gradients de texture. Souvent un tel dépôt est aussi constitué de couches successives. Ces caractéristiques sont une conséquence directe de la technique même de dragage.