Localiser les produits et valoriser les spécialités locales (original) (raw)

Dans les pays du Sud, promouvoir et valoriser les productions et spécialités locales est une tendance lourde : en témoignent les contributions, aussi riches que diversifiées réunies dans cet ouvrage et les nombreuses communications scientifiques proposées au Colloque international consacré à la question (Unesco, Paris, juin 2009) 3. On peut voir dans cette dynamique partout constatée le reflet d'une volonté politique mondialisée (Jasanoff, 2004). Sous l'influence plus ou moins diffuse de grandes instances internationales comme la Banque mondiale, le FMI ou la Fao, les États se réforment, s'engagent dans la voie de la décentralisation et en privilégiant des modes de gouvernance plutôt qu'un gouvernement, tentent de coordonner « un tissu mouvant d'acteurs variés qui interviennent aux diverses échelles » (Tubiana, 2005). Dans ce cadre, le local et le collectif sont reconnus comme des niveaux pertinents (Ostrom, 1990) et la société civile est incitée à s'impliquer dans les politiques de développement. Les communautés rurales, autochtones ou simplement locales, pour reprendre la terminologie chère à la Convention sur la Diversité Biologique, sont présentées comme les partenaires idéaux, et d'ailleurs souvent idéalisés, des politiques de développement durable. Plutôt que de recourir à une réglementation étatique globale, les gouvernements font de plus en plus appel à des instruments basés sur la contractualisation, point commun à toutes les démarches, en cours ou projetées, décrites et analysées dans les articles réunis dans ce numéro de la revue Autrepart. 1. Géographe, Institut de recherche pour le développement (IRD), UMR 208 (IRD/MNHN), Paris. 2. Ethnobotaniste, Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), UMR 208 (IRD/MNHN), Paris. 3. Ce colloque organisé sous l'égide de l'Unesco, de l'IRD, du FFEM, de l'AFD et du Cirad, avec la participation du MNHN et de l'IRD, s'intitule « Localiser les produits : une voie durable au service de la diversité biologique des Suds ? »