L’Écriture comme pratique fantasmatique. La Commensale de Gérard Bessette (original) (raw)
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L’écriture et la vie selon Anne-Lise Grobéty
Versants. Revista suiza de literaturas románicas
Dix ans après la disparition de l’écrivaine, cet article s’efforce de cerner ce qui rend mémorable l’écriture d’Anne-Lise Grobéty. Sans prétendre à l’analyse rigoureuse, il invite à saisir les ressources de l’union qu’elle a tissée de sa plume entre la légèreté et la gravité. Keywords : Anne-Lise Grobéty, écriture, langue, humour, sens, auteur, lecteur, Henri Roorda.
ECORCHER LE MIROIR : l’Ecriture, chimère du moi, dans "La Vagabonde" de Colette
in Phénoménologies de l'Ecriture de soi. M. Monseu, Ed., Presses universitaire de Dijon, 2008
Composé en 1909 et 1910 et publié en feuilleton de 20 épisodes dans La Vie parisienne, La Vagabonde raconte la vie d’une artiste de music-hall solitaire, blessée par un premier mariage brutal, qui, au lieu de l’amour d’un homme riche, affable et généreux, opte pour la solitude et l’écriture. Les lectrices féministes ont apprécié ce renoncement à l’amour, revers du choix de la liberté. Etait-ce, pour Colette, le prix à payer pour la création ? La préfacière de l’édition de poche 1990 , Ferrier-Caverivière, va dans ce sens : « Colette libérée, Colette retrouvée reste vouée à l’errance, signe d’une conquête passionnée de soi-même, qui n’aura pas de fin [...]. Colette sait désormais que l’essence de son être est de ne pas se fixer ...» (43). Citant Camus – « Il n’y a pas d’art, là où il n’y a rien à vaincre », elle poursuit et termine : composant La Vagabonde, Colette parviendrait à vaincre son orgueil, en réalisant, paradoxalement, que sa « plus belle conquête » serait de se faire « démiurge par l’écriture » (44). On est intriguée : le fantasme inconscient, nous disait Marthe Robert, n’assoit-il pas le roman dans un désir de toute-puissance ? serait-il, lorsqu’il s’agit d’une femme retourné en conquête du moi, victoire de la volonté ? En quoi donc l’écriture vaincrait-elle l’orgueil ? Le nom de l’héroïne du roman, Renée Néré, dont le patronyme est en miroir avec le prénom, illustre d’emblée que la « renaissance » créative de la protagoniste (et donc de son auteur ?) sera liée à un rapport à soi, à son image. De quelle image s’agit-il ? de quel idéal ? De quelle chimère, demanderait notre avocate du diable, Marthe Robert ? L’appartenance de Colette au patrimoine littéraire, et les femmes sont assez rares pour qu’elle nous soit précieuse comme marqueur historique, ne viendrait-elle pas, grâce aux mythes nationaux qui la fondent, biaiser notre lecture ? La préfacière citée, comme d’autres, ne passe-t-elle pas son temps à rapprocher la « vie » de Renée Néré de celle de son auteur, une bohême Gabrielle, Colette avant la lettre, même si lorsque celle-ci écrit cette « façon de roman », l’auteur est déjà un écrivain reconnu avec les Claudine, et des nouvelles telles que les Minne et les Dialogues de bêtes, La Retraite sentimentale et Les Vrilles de la vigne ? C’est ainsi la vie privée, tumultueuse de son auteur qui donnerait sens à La Vagabonde, une version féminine du mythe de l’écrivain comme éternel exilé, par laquelle Colette entrerait enfin dans son destin. Nombre de critiques participent de ce mythe fondateur. Allons y voir de plus près...
À l’aube d’un renouveau romanesque : le Débutant d’Arsène Bessette
Voix et Images, 1977
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.
L’Écriture et la mort : Les Valises de Jean Genet
CONTEMPORARY FRENCH AND FRANCOPHONE STUDIES, 2023
Sur un bout de papier, rangé dans une des deux valises que Jean Genet remet à son avocat quinze jours avant de mourir - testament de ce qu'il n'aura pas publié, et qui le sera pourtant par Albert Dichy trente-quatre ans après son décès - Genet écrit : « J'ai commis ce crime d'échapper au crime, d'échapper aux poursuites et à leurs risques. J'ai dit qui j'étais au lieu de me vivre, et disant qui j'étais, je ne l'étais plus. » Par ces phrases qui ne s’adresse à personne, Genet expose un paradoxe fondamental : l'acte d'écrire est une trahison, et tout médium est en inadéquation avec le contenu qu'il prétend convoquer. De même, Genet écrivait que le théâtre doit se faire dans des cimetières et des columbariums, et non dans des salles de spectacle, afin de montrer que la représentation est avant tout un procédé d'anéantissement. Cette conscience aigüe du pouvoir mortifère du médium finit par pousser Genet dans un silence éditorial, mais non scriptural : il cesse de publier, mais continue à écrire. Il s’agit, dans cette présentation, de suivre le fil de cette écriture qui, dans son rapport à la mort, remet en question la position du lecteur et cherche à atteindre un statut « tout autre ».