« Le Prince et le Prophète, une politique du secret et de la révélation » (original) (raw)

Paradigme Medievalia n°35, 2000, p. 191-205

Ce vos sera molt estrange chose que je vos dirai et je vos pri que vos le celez et que vous nou dites mie au pueple ne a vos chevaliers ; 1 Ainsi Merlin commence-t-il sa présentation de la Table Ronde à Uter : avant même de lui expliquer quoi que ce soit, il réclame le secret. Et cette obsession du secret semble permanente dans le texte. Les expressions qui y renvoient se succèdent : a consoil, a part, priveement… toutes indiquant que les interlocuteurs se séparent des autres personnages pour échanger des informations. Quand il s'agit de favoriser des amours illicites, ces secrets peuvent se comprendre, mais quand c'est ainsi que Merlin guide la politique des princes qu'il conseille et protège en échange d'une confiance absolue et aveugle, c'est toute une conception du pouvoir qui en découle. Et l'écriture même du Merlin en prose calque cette parole révélée à Blaise pour qu'il en fasse son livre : la répartition entre les parties dialoguées et la narration proprement dite montre que celle-ci est réduite à la portion congrue. Le récit dramatique n'est là que pour confirmer les prophéties. C'est le verbe qui domine tout et qui crée le monde même de la diégèse. Cette volonté de secret revient régulièrement dans le roman : sur les 300 conversations que comprend à peu près ce texte 2 , 15% sont secrètes et dans celles où Merlin parle, ce taux monte à 23%. C'est donc bien une tendance générale du roman. Mais ces conversations secrètes se distinguent selon les locuteurs qui y parlent et les thèmes abordés. On peut les classer en trois types : les conversations sur l'amour, les complots contre Merlin et les conversations politiques 1 Chapitre 48, 21-23. Toutes les citations viennent de Merlin, roman du XIIIe siècle de Robert de Boron dans l'édition A. Micha, Genève, Droz, 1979.

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“Roi ou serviteur?” La tentation du Prophète, ou le choix d’un modèle

Archives de sciences sociales des religions, n. 178, a. 62, Juillet-septembre 2017, pp. 43-67, 2017

The two messianic typologies of “king” and “servant” play an important role in the traditional portrait of the Prophet Muhammad, but their mutual relationship is problematic. The potential conflict between these two typologies is epitomized by a hadith according to which Muhammad was once summoned to choose whether he wanted to be a “prophet king” or a “prophet servant”. Like the narrative of Jesus’ temptation in the desert, this hadith mirrors a debate on the nature and function of the community’s founder that has left its traces in the earliest Islamic sources. This paper examines a few variants of this exemplary narrative in order to emphasize its shifting meanings in different contexts and kinds of sources.

Dieu parle en public: la prophétie charismatique, de l'intimité à la politique

Pragmata, 2019

Cette contribution décrit comment des évangéliques prétendent entendre Dieu leur parler au travers de « prophéties », c’est-à-dire de déclarations publiques que les fidèles attribuent à cette entité surnaturelle. L’approche, nourrie par les apports de Peirce et de Dewey relatifs à l’enquête, suit les traces corporelles et discursives censées attester de cette présence surnaturelle, ainsi que les réseaux locaux et globaux d’acteurs dans lesquels se déroulent ces manifestations. Cette ethnographie est à la fois proche et critique des anthropologies symétriques développées par Bruno Latour pour appréhender la croyance religieuse ou par Tanya Luhrmann pour ressaisir les rapports entre les évangéliques et leur divinité. L’article aborde, à partir de terrains suisses et étasuniens, les dimensions centrales de la prophétie charismatique (amour, croyance, pouvoir) et le rôle des figures « prophétiques ». Il expose un continuum allant de la manifestation de la présence divine à la communication de contenus propositionnels « révélés » susceptible d’englober tant l’intimité du croyant que le destin (politique) des nations, avec des conséquences inquiétantes pour les sociétés (sécularisées) lorsque les citoyens préfèrent donner foi à ces « visions », plutôt que de se fier aux enquêtes publiques et aux débats raisonnés pour régler les enjeux démocratiques.

André Vauchez (dir.), Prophètes et prophétisme. Paris, Éditions du Seuil, 2012

Revue Philosophique de Louvain, 2014

Parce qu'il avait tant travaillé sur la sainteté depuis les années 1980, André Vauchez a voulu passer à l'histoire du prophétisme dont il est aujourd'hui un des meilleurs spécialistes français. Le domaine, largement négligé par l'historiographie française, a ressurgi dans les années 1960 grâce au livre de Norman Cohn, Les fanatiques de l'Apocalypse (1957). Les Européens et les Anglo-Saxons, notamment avec leur Encyclopedia of Apocalypticism (2000), se passionnent pour le sujet. C'est à leur contact qu'André Vauchez éprouve l'envie de s'atteler à l'édition du Liber Ostensor de Jean de Roquetaillade, entreprise collective de plus de quinze ans qui aboutit en 2006. Il publie aussi une série de mélanges de l'École française de Rome et, en 2011, écrit L'Intuition prophétique en collaboration avec Sylvie Barnay, laquelle vient de faire paraître une anthologie de textes prophétiques, La parole habitée. Les grandes voix du prophétisme. C'est donc bien en écho à ce recueil de textes qu'il faut lire l'ouvrage collectif dirigé par André Vauchez.

La loi et les prophètes _1_

Esptir

Suivre le parcours des socialistes français, analyser leurs postures relatives aux institutions nous offre l'occasion d'observer les étapes par lesquelles une formation partisane se fixant un objectif révolutionnaire, parvient à se muer en un parti de gouvernement acceptant de jouer le jeu du régime représentatif. Il leur fallut premièrement prendre position à l'égard d'institutions considérées comme solidaires et complices de l'exploitation sociale. Quand une formation politique se donne pour objectif d'amender, de rectifier et réformer la société, participer au jeu électoral, observer les règles institutionnelles en vigueur, sont autant de moyens en vue de mettre en oeuvre son programme. En revanche, lorsqu'on se propose un objectif révolutionnaire, est-il possible et légitime d'emprunter les voies institutionnelles offertes par le régime auquel on se propose de mettre fin. Un parti visant la transformation sociale peut-il, par sa participation au jeu institutionnel contribuer à la consolidation de ce qu'il refuse ? Telle est l'interrogation originaire à laquelle les socialistes français se sont trouvés confrontés. De ce point de vue, la question de la participation gouvernementale fut l'une des plus difficiles à résoudre pour des leaders socialistes tels que Guesde, Jaurès et Blum. Puisque l'essentiel du combat consiste à dépasser, abolir le régime économique complice de la classe dominante, on ne peut logiquement être qu'indifférent aux questions institutionnelles qui ne concernent que le régime politique. L'enjeu étant l'émancipation du prolétariat, les controverses constitutionnelles partant juridiques ne peuvent qu'apparaître formelles et inopérantes. « Parti de classe et parlementarisme » 1 semblent ici antinomiques.

Thèse : la transmission du savoir, du prophète au savant

Remerciements : J'exprime toute ma gratitude à Gérard Bensussan pour la confiance qu'il m'a témoignée en acceptant de diriger ma thèse. Je lui suis profondément reconnaissante pour son aide inestimable, nos discussions ouvrant incessamment de nouvelles perspectives et éclairant ce qui me semblait obscur. Je le remercie pour son soutien constant, ses encouragements attentifs et son amitié précieuse. Je remercie David Brezis pour ses conseils de lecture et ses remarques qui m'ont été d'une grande aide, Paul Fenton pour ses précieux conseils de traduction, Frédéric de Buzon et Roland Goetschel d'avoir aimablement accepté de participer à ce jury de thèse. Je suis très reconnaissante envers Monsieur le Grand Rabbin Gutman pour ses conseils amicaux, ses pistes de recherche talmudique, son aide et ses vérifications bienveillantes de mes traductions et transcriptions hébraïques. Un grand merci à Souheil Sayoud pour son aide concernant les textes arabes et à Meryem Sebti pour ses vérifications amicales et rigoureuses de mes transcriptions de l'arabe en alphabet latin. Merci également à Odette Eylat et Christophe Herrgott pour leur patiente relecture. Je tiens à remercier Aïcha Messina et Andrea Potestà pour leur amitié, leur soutien et nos éclats de rire. Merci également à Azadeh Baniasadi, Héloïse Bailly, Angélique Thouvenot, Michel Vanni et Alexis Zimmer pour les soirées de détente, leur humour et les discussions enthousiastes. Enfin, je tiens à exprimer ma reconnaissance envers mes parents et mes soeurs pour leur soutien affectueux et leurs encouragements indéfectibles.

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