L'anthropologie après les musées (original) (raw)

L’anthropologie et ses lieux

Anthropologie et Sociétés, 2008

Résumé Cet article résulte d’une rencontre entre quatre « jeunes » anthropologues originaires de différentes parties du monde pour échanger au sujet de la condition actuelle -et du futur souhaitable- des anthropologies du monde. Malgré la pluralité de nos avis, une certaine convergence fondamentale émerge : celle d’une critique contre, et d’un refus des inerties qui de temps en temps s’acharnent sur le travail anthropologique un peu avec le consentement des anthropologues, sous la forme d’un élitisme désengagé, d’une confortable réification du sujet d’étude et de l’oubli des conditions historiques et socioéconomiques qui sont à la base de l’expansion mondiale et de la reproduction de la discipline. Nous soulignons donc l’urgence de prendre la mesure des préoccupations quotidiennes de nos interlocuteurs et interlocutrices, de revendiquer des espaces et une légitimité dans des champs politiques de recherche étatiques comme dans la sphère médiatique.

La muse de l'anthropologie américaine

2015

Cet article entend esquisser une « petite histoire » de l'anthropologie nord-americaine a travers le prisme des pratiques poetiques 1 : l'enjeu d'une telle etude est d'explorer l'hypothese selon laquelle la pratique poetique serait le catalyseur d'une densite relationnelle rare et un revelateur d'enjeux institutionnels majeurs. J'ai choisi de circonscrire mon article a trois periodes historiques parce que le principe meme de s'en tenir a un ensemble restreint repond a une volonte de le saisir de facon quasi exhaustive. Une premiere periode coincide avec les annees de la fondation de la discipline (1920-1930), le temps des carrieres « paralleles » poetiques en partie « invisibilisees » par le protocole academique. Une deuxieme periode montre le lien entre les poetes de la beat generation et les ethno-poetes et linguistes fondateurs de la revue Alcheringa Ethnopoetics (1960-1970). Une derniere periode prend en compte les annees du literary turn, du ...

Anthropologie et histoire. L'art en perspective

Les cultures à l'œuvre: rencontres en art, 2005

Michèle Coquet, « Anthropologie et histoire. L'art en perspective », dans Les cultures à l'oeuvre-Rencontres en art, sous la direction de Michèle Coquet, Brigitte Derlon et Monique Jeudy-Ballini, Paris, Biro Editeur et Editions de la Maison des sciences de l'homme : 365-379. En 1958, Fernand Braudel faisait paraître dans les Annales un article sur les relations entre l'histoire et les autres sciences sociales où il décrivait celles-ci, toutes disciplines confondues, comme "préoccupées, aujourd'hui plus encore qu'hier, de définir leurs buts, leurs méthodes, leurs supériorités. Les voilà, à l'envi, engagées dans des chicanes sur les frontières qui les séparent, ou ne les séparent pas, ou les séparent mal des sciences voisines. Car chacune rêve, en fait, de rester ou de retourner chez elle"; ou encore, poursuivait-il en se référant implicitement à l'enseignement de Marcel Mauss, les sciences sociales tendant "à saisir le social en son entier, dans sa 'totalité', chacune "empiète" sur les autres "en croyant demeurer chez elle" (Braudel, 1969 : 41-42). Un demi-siècle après, des interrogations similaires travaillent au corps l'anthropologie, et plus encore celle qui s'est donnée l'"art" pour objet et qui se retrouve à batailler aux côtés de l'histoire de l'art. Faire le départ entre l'une et l'autre constitue l'objectif des pages qui suivent, non pas du point de vue de l'historien, mais de celui de l'ethnologue. Et pour l'établir, un détour par l'histoire sera nécessaire, puisque l'histoire de l'art s'est construite dans le sillage de cette dernière, au cours duquel seront évoquées certaines des contributions déjà anciennes à ce débat. Cet ouvrage offre un bon point de départ à une telle réflexion en ce que plusieurs des textes qui y sont réunis se rapprochent, par la méthodologie choisie, par le type de questions posées, par l'objet même qui y est présenté et décrit, des études ordinairement menées par les historiens de l'art ; le plus exemplaire d'entre eux à ce titre est celui de C. Macherel dédié à une grande oeuvre de l'art occidental, L'art de peindre de Vermeer. Parmi les auteurs figure également une historienne de l'art, R. Phillips. Sa présence témoigne d'un rapprochement que des représentants des deux disciplines s'emploient depuis quelques années à tisser

L’anthropologie comme philosophie

Methodos, 2005

La démarche philosophique de Ludwig Feuerbach est le plus souvent envisagée comme le chaînon manquant entre celle de Hegel, dont elle aurait entrepris la critique, et celle de Marx, qui aurait dû se défaire de son emprise pour accéder au noyau scientifique de sa propre réflexion 1. Or, cette situation intermédiaire de l'oeuvre et de la pensée de Feuerbach en signale davantage la richesse propre que les limites. En effet, s'il est assurément réducteur de tenir Feuerbach pour le simple disciple (critique) de Hegel ou pour le simple précurseur de Marx, c'est qu'en réalité il est possible de dire sans risquer l'anachronisme que Feuerbach a été les deux à la fois ; et en ce sens l'étude de sa pensée doit permettre de comprendre ce qu'il y a d'hégélien chez le « jeune Marx » et de matérialiste (en un sens que Marx lui-même critiquera dans la première de ses Thèses sur Feuerbach 2) chez ce « Jeune-hégélien » 3. Pour commencer à le comprendre, il est instructif de rappeler quelle a été la trajectoire intellectuelle originale de Feuerbach : celui-ci est passé de l'étude de la théologie (à Heidelberg, en 1823) à celle de la philosophie spéculative hégélienne (à Berlin, à partir de 1824), pour laquelle il se passionne jusqu'à la fin des années trente, avant de s'en détacher brusquement, en dénonçant le tournant théologique larvé de la spéculation hégélienne et en se proposant alors de retrouver les racines réelles, humaines et sensibles, de cette spéculation 4. Feuerbach a lui-même donné la formule ramassée de cette trajectoire intellectuelle : « Dieu fut ma première pensée, la raison fut ma seconde, l'homme ma troisième et dernière. Le sujet de la divinité, c'est la Raison, le sujet de la Raison, c'est l'homme. » 5. 2 Cette citation peut être lue comme l'énoncé a parte subjecti d'une sorte de « loi des trois états », au sens où Comte en formulait l'exigence à l'ouverture du Cours de philosophie positive (strictement contemporain de L'essence du christianisme 6) : le premier état, l'état théologique de la pensée de Feuerbach, représenterait ainsi le stade infantile de son développement intellectuel ; le deuxième état, rationaliste, ou encore « hégélien », serait L'anthropologie comme philosophie

Anthropologie urbaine

Encyclopédie Universalis, 2017

L’anthropologie urbaine est une branche de l’anthropologie qui a pour objet l’étude des villes et de leurs sociétés. Elle s’est d’abord développée dans des pays ayant connu une urbanisation accélérée, principalement à la fin du xixe et au début du xxe siècle, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, mais également l’Afrique australe minière sous domination britannique, avant d’émerger en France beaucoup plus tardivement, dans les années 1980. Il s’agissait notamment de comprendre comment l’urbanisation, alors en passe de devenir un phénomène planétaire, produisait un mode de vie particulier et quels bouleversements sociaux et culturels elle provoquait ; questions auxquelles l’anthropologie a tenté d’apporter une réponse singulière, marquée par l’ethnographie, mais aussi par des emprunts à d’autres disciplines, comme la sociologie et la géographie. S’est ainsi progressivement construit depuis plus d’un siècle un regard à la fois spécifique et pluriel sur les sociétés urbaines, leur fonctionnement et leur évolution. Ce regard n’a pas été sans faire débat au sein même de la discipline anthropologique, tout en contribuant à ouvrir celle-ci à l’analyse de nos mondes contemporains globalisés et désormais majoritairement urbanisés.

Anthropologie & Santé

Anthropologie & Santé, 2022

Revue internationale francophone d'anthropologie de la santé 24 bis (hors-série) | 2022 Sandrine Musso. OEuvre et posture en anthropologie politique, publique et impliquée Paroles d'étudiant•e•s

Anthropologies du monde

Journal des anthropologues, 2007

Alors que la mondialisation s'intensifie de plus en plus, les anthropologues ne sont toujours pas parvenus à débattre de façon cohérente de la nature actuelle de leur pratique et de ses transformations à l'échelle mondiale. Ceci est peut-être dû à l'hégémonie internationale de l'anthropologie nord-américaine et à sa tendance à confondre ses propres crises internes avec une crise mondiale. Cet article s'inscrit dans une anthropologie critique de l'anthropologie, une anthropologie qui décentre, qui replace dans son contexte historique, et qui pluralise l'anthropologie telle qu'elle a été comprise jusqu'à aujourd'hui. Elle met en question non seulement le contenu, mais également les modalités des dialogues anthropologiques. Le projet « Anthropologies du Monde » cherche à reconceptualiser les relations entre communautés anthropologiques. L'anthropologie monologique a besoin d'être remplacée par une anthropologie hétéroglosse. L'hétéroglossie, comme le souligne Bakhtine (Werbner, 1997 : 6), ébranle « l'autorité des coutumes et des traditions réifiées ». Cosmopolitiques 2 La notion de cosmopolitique cherche à apporter une perspective plurielle et critique sur les possibilités d'articulations supra et transnationales (sur la notion de cosmopolitique, voir Cheah & Robbins, 1998 ; Ribeiro, 2003). Les cosmopolitiques intègrent des discours et des pratiques politiques qui se soucient de leur portée et de leur impact au niveau mondial. Ce sont les cosmopolitiques impliquées dans des conflits sur le rôle de la différence et de la diversité dans la construction de régimes politiques qui m'intéressent tout particulièrement. Je considère l'anthropologie comme une cosmopolitique de la Anthropologies du monde