A défaut de dire tout: dire partout. Étude des modes énonciatifs dans Le mespris de la vie et consolation contre la mort de Jean-Baptiste Chassignet (original) (raw)
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Études de lettres, 2015
Cet article propose d'analyser quelques poèmes emblématiques du recueil Le Mespris de la vie et consolation contre la mort (1594) du poète Jean-Baptiste Chassignet. Dans ce recueil, traversé par une présence quasi obsessionnelle du corps fragmenté et ouvert, Chassignet s'inscrit dans la lignée d'Ignace de Loyola, où l'appel au sens et à l'imaginaire de la corruption dominent le cheminement spirituel : il s'agit de suivre le travail de la décomposition physiologique dans un but salutaire. Chassignet adopte ici la même approche, en convoquant notamment le principe rhétorique de l'enargeia et en mettant l'accent sur la défiguration progressive du corps, mise en scène à la manière d'un spectacle anatomique où le poète, imitant le geste de la dissection, ouvre le corps mort pour faire ressortir la pourriture, la vermine, les odeurs et les parties du squelette. Ainsi, le corps corrompu apparaît comme un élément indispensable à la leçon ultime de l'oeuvre : amener son lecteur à mépriser la vie terrestre, et donc son propre corps.
L'énonciation d'une synthèse. À propos d'Enquête sur les modes d'existence de Bruno Latour
Pour commencer avec un clin d'oeil à Valéry, j'observerais que le format coûte cher. Sa largeur, en particulier, près de 17 cm, en fait un objet luxueux, obligeant à des pertes de papier. Avec du Jésus, format français, on peut faire un in-octavo 17 x 24 cm en prévoyant des rognages de 2 à 3 cm. 17 x 24 cm, donc, c'est plus grand que le grand format de la collection « Blanche » chez Gallimard (15,5 x 22,5 cm) ; c'est plus large que le format de la collection « Traces écrites » au Seuil (15,5 x 24 cm), qui est aussi le format des romans de science-fiction dans leur première édition grand format ainsi que le format choisi par nombre d'éditeurs scientifiques, dont la Découverte.
Louis-Marie Chauvet et la sacramentalité de la parole entre analogie et paradigme
L.-M. Chauvet et la sacramentalité de la parole entre analogie et paradigme « Symbole et sacrement » 1 : en un titre, tout est dit. Tout ce que promet ce couple de concepts, pour le meilleur et pour le pire. D'un côté, l'ouverture de la théologie classique au champ fécond du symbolique, de l'anthropologie du geste et de la sociologie du rite, pour restituer le sacrement dans l'épaisseur de sa pâte humaine -enrichissement indéniable auquel un Louis Bouyer nous avait déjà préparé dans Le rite et l'homme 2 . Inversement, le risque bien réel de voir l'intelligence théologale de la foi chrétienne céder le pas devant la fascination nouvelle des sciences humaines et de réduire en fin de compte le sacrement à quelque chose de purement symbolique. Plus de 20 ans après la parution de ce maître ouvrage de Louis-Marie Chauvet, la sortie d'un recueil d'articles du même auteur, Le Corps chemin de Dieu 3 , fournit l'occasion de revenir sur sa pensée et de vérifier s'il tient toujours les mêmes positions fondamentales. Dans le cadre limité de cette étude, nous nous proposons d'examiner seulement ce qui apparaît comme un point faible de sa méthode théologique : l'usage de l'analogie, dans ce qui constitue un axe important de sa recherche, la question de la sacramentalité de la Parole. Deux articles du recueil ont l'avantage de résumer le propos déjà tenu à ce sujet dans Symbole et sacrement tout en précisant la démarche : « Sacrement : un concept analogique » (2006) 4 et « Parole et sacrement » (2001 -2003) 5 . Comme l'A. le précise, nous nous situons ici entre une théologie fondamentale des sacrements ou sacramentaire fondamentale (l'ancien traité De sacramentis in genere) et ce qu'on pourrait appeler une théologie fondamentale sacramentelle, c'est-à-dire une théologie fondamentale repensée à la lumière des sacrements, ou encore une sacramentalité fondamentale, une « relecture sacramentelle de l'existence chrétienne »c'est le sous-titre de Symbole et sacrement. d'articles bilingues français et italien : De la Médiation. Quatre études de théologie sacramentaire fondamentale, Assisi-Roma, Pontificio Ateneo Sant'Anselmo, 2006, p. 122-178. 5 Le Corps chemin de Dieu, p. 105-130 -déjà publié dans J-L Souletie et H. J. Gagey (dir.), La Bible, Parole adressée, Paris, p. 49-68 ; puis dans Rech. de Sc. Relig. 91 (2003) 203-222. I. « Sacrement : un concept analogique » Dans le premier article retenu, « Sacrement : un concept analogique », L.-M. Chauvet rappelle tout d'abord que chez les Pères, le mot sacramentum était un équivalent de mysterium et connaissait un champ d'extension aussi large 6 : 1. La nature : le lever du soleil était un « sacramentum » de Dieu créateur. 2. L'Écriture elle-même renfermait une multitude de sens, de mysteria / sacramenta, de figures révélatrices de salut -et même porteuses de salut, si elles étaient accueillie dans la foi (signe et instrument de salut, dirons-nous) ; cette multitude d'interprétation étant organisée selon la théorie dite des « quatre sens ». 3. En particulier, l'Ancien Testament dans son ensemble était une figure, un sacrement du Nouveau
La parole est une affaire d'essoufflement - In "Dans la Solitude de Bernard-Marie Koltès"
L’affirmation d’un désir par nature inconcevable et inintelligible, celui que le Dealer cherche à invoquer chez le Client, devient par le même biais l’aveu, chez le Dealer lui-même, d’un désir de l'inconcevable et de l'inintelligible. La charge lui incombe de susciter chez le Client ce dont lui-même, Dealer, ne peut « avoir l'idée » ni la « volonté » de désirer. Affirmation d'une hospitalité inconditionnelle, cette conjuration intime au Client de creuser le puits de sa mémoire, d’étendre l'abîme de son désir, au delà de ce qu'il sait posséder et de ce dont il peut se souvenir. Le Client est sommé, à son tour, d'évoquer un manque que lui-même ne connaît pas, qu'il ne saura ni nommer, ni identifier. Il ne veut, à l'image du Dealer, avoir à son tour aucune « idée » de ce que cette 'chose'-là peut être. Le Client aura d’une certaine manière pris le relais, emprunté le désir du Dealer pour la 'chose' inintelligible qui fut toujours déjà en lui-même. Cette conjuration de la 'chose' se dissocie du souvenir et évoque plutôt l’anamnèse: la reconnaissance, par l'agencement du Dealer, de ce que le Client possède mais ne sait pas et ne peut se représenter. Cette perméabilité entre individus permet au Client de devenir dépositaire du désir du Dealer, faisant de ce désir le sien au sens propre, afin de reconnaitre qu’il fut toujours déjà à lui seul. Ce savoir-faire définirait le Dealer dans toute son emprise: « C'est la fortune du commerçant qu'il existe tant de personnes différentes tant de fois fiancées à tant d'objets différents de tant de manières différentes, car la mémoire des uns est relayée par la mémoire des autres ».
Modes impersonnels et énonciation poétique
Congrès Mondial de Linguistique Française 2008, 2008
Je veux, pour composer chastement mes églogues, Coucher auprès du ciel, comme les astrologues, Et, voisin des clochers, écouter en rêvant Leurs hymnes solennels emportés par le vent. (1-4) Ce phénomène de nominalisation se reproduit aux vers 18 et 19, qui adoptent le même patron syntaxique : Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin. Cette structure est à comparer avec celle qui emploie la subordonnée relative dans le même poème : Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde (6)
La narration philosophique de la mort pendant la Révolution française
Dans son ouvrage sur La mort et l’Occident, Michel Vovelle attire notre attention sur « le partage laïc » instauré pendant la Révolution française face à l’idée de la mort. Il singularise ainsi le contraste entre la position des matérialistes les plus avancés, et tout particulièrement le député breton Lequinio, qui s’interdisent d’être dupes de l’idée d’immortalité, et celle d’autres jacobins, tel que Robespierre, qui revendiquent inversement le droit à l’immortalité contre toute forme d’athéisme. je présente ici ce qu’il en est du « partage laïc » face l’idée de la mort, dont le député Lequinio est principal témoin philosophique.
Explication et commentaire d'un extrait des Misérables de Victor Hugo : la mort de Javert
2013
Dans ce passage, extrait d'un chapitre situé vers la fin du roman, et intitulé « Javert déraillé », Victor Hugo nous présente un personnage déchiré, en proie au doute sur lui-même. Javert, saisi et garroté par des émeutiers, a été libéré par Jean Valjean qui lui a ainsi sauvé la vie. Après avoir adressé au préfet de police « quelques observations pour le bien du service », Javert, torturé par sa conscience de fonctionnaire modèle, car il a aidé Jean Valjean à sauver Marius, au lieu de l'arrêter, s’est dirigé vers les quais de la Seine….