Forêts (original) (raw)

Rostain S., Saulieu G. de, 2015, "La première maison d’Amazonie. Le Formatif dans la province de Pastaza, Équateur"

Resumen: El proyecto interdisciplinario “Zulay, el pórtico precolombino de la Amazonía” en el valle del Alto Pastaza, en Amazonía ecuatoriana, dio lugar al descubrimiento y a la excavación horizontal extensiva de los restos de una casa del Formativo tardío, con fecha calibrada 1496-1302 a.C. El estudio de la distribución de los huecos de poste, las fosas y el fogón empedrado permitió la reconstitución de un plano de hábitat comparable con aquel de las actuales casas amerindias de la región. Además, un extremo de un poste de madera se había conservado perfectamente en su matriz en el nivel de la capa freática. Este había sido elaborado a partir del tronco de un árbol podado y colocado al revés, con la copa hacia abajo. La carencia de estructuras domésticas precolombinas estudiadas en la región vuelve a este hallazgo de la casa de Amazonía más antigua, particularmente notable. Palabras claves: Formativo, Amazonía, Ecuador, casa, hueco de poste, cerámica.

L’angoisse des animistes. La nature sera intentionnelle ou ne sera pas, des personnes et des maîtres dans la cosmologie matsigenka (Amazonie péruvienne). p: 65-80; En "Au seuil de la forêt, hommage à Philippe Descola" (introduction des éditeurs au début et table de matières en fin de texte)

AU SEUIL DE LA FORÊT, Hommage à Philippe Descola l’anthropologue de la nature, 2019

Au cours de l'année 2000, après un court terrain parmi les Ese'eja du Madre de Dios, j'entamai une longue période de terrains avec les Matsigenka (Haute Amazonie péruvienne) des forêts tropicales du Cusco. Mes années de formation à la faculté d’Anthropologie de la PUCP de Lima, ponctuées par la lecture incontournable des textes de Philippe Descola (notamment La Nature domestique), s’achevèrent avec cette première année de terrain. Cette étape de mon travail ethnographique coïncida, sur un arrière-plan « naturel », avec deux projets d'envergure qui occupaient simultanément l'attention locale, nationale et internationale : la mise en place d'un système d'exploitation du gaz naturel au profit de la « nation péruvienne » ; et la création d'un parc national visant la protection de la biodiversité, ainsi que de deux réserves communales en faveur des populations indigènes. J’assistais donc à une série de processus d'importance politique et économique qui engageaient diverses entités, humains et non humains, individuels et collectifs, aux intentionnalités personnelles ou distribuées. Puisque le collectif matsigenka illustre « l'entre-soi du partage » des Campa (Matsigenka, Asháninka, Ashéninka, Nomatsigenka) dans Par-delà nature et culture, et puisque l'exemple sert d’appui à une explication de la présence d’éthos différents dans un seul et même régime ontologique, je propose dans cet essai de revenir sur l'animisme matsigenka dans toute son actualité. Il importe notamment de déceler, dans le processus de mondiation des Matsigenka contemporains, les ébauches de communautés d’intentions qu’ils sont adroits à pratiquer avec les existants (« imaginaires » comme « réels »). Les Matsigenka de ce présent ethnographique étalé sur dix ans de terrains se caractérisent par ce que Philippe Descola appelle « une modalité ontologique d'identification animiste ». Cependant, comme le prévoit l'écologie des relations de Ph. Descola, le tableau s’avère beaucoup plus complexe. En effet, dès que l’on se permet de franchir la grille heuristique des ontologies pour saisir les schématisations de l’expérience partagée avec d’autres collectifs (humains et non humains, issus de régimes ontologiques différents), des hybridations se mettent à jour. Sous l'emprise d'une asymétrie politique caractéristique des États modernes, les Matsigenka interagissent avec des agents « naturalistes » et « analogistes » contraires à plus d’un titre à leur forme de mondiation. Ainsi, biologistes limeños, missionnaires américains, professeurs issus de la culture andine ou encore ennemis appartenant aux groupes de langue pano interagissent avec ces indiens dans plusieurs domaines pratiques, pourvus de leurs propres répertoires d’entités et d’institutions, et dans des cadres interactionnels aussi divers qu’énigmatiques. Les relations variées avec ces membres parfois d’une redoutable étrangeté engagent néanmoins le bâti d’un système de pensée englobant et annexionniste (d’après les termes de F.-M. Renard-Casevitz). Quelle est la place du mode d’identification animiste dans ces mouvements d’englobement ? Quelles sont les modalités pratiques que prennent ces « annexions » ? Concernent-elles des idées, des objets, des corps et des âmes, des formes d’action collective ou des valeurs et des attributs moraux ? Pour répondre à ces questions j’analyserai deux exemples de mon terrain à la lumière de ce que j’appelle « communauté d’intentions ». Outre le fait que ce concept rend compte d’une catégorie essentielle de la socialité matsigenka (l’intentionnalité : -kog), il permet également et à l’instar de la cosmopraxis matsigenka d’envisager la fabrication de la personne comme un processus engagé au sein des interactions qui dépassent les frontières de l’humain. Les deux exemples qui serviront de fenêtre pour revisiter cet animisme sont : d’une part les agissements des maîtres des espèces, tel que mes interlocuteurs ont pu les esquisser en 2001 face aux recherches naturalistes (ichtyologiques, ornithologiques, anthropologiques, etc.) nécessaires à la création du Parc National ; et d'autre part les querelles politiques et les angoisses animistes soulevées en 2010 par l'intervention de l’entreprise de gaz dans la gorge du grand fleuve appelée Pongo de Maenike, lieu de pèlerinages hallucinatoires, et l'œuvre mégalithique de deux héros mythologiques du peuple Matsigenka.

"Dater le passé précolombien", In : Archéologie de l’Amazonie, Les premiers habitants de la Guyane côtière, Paris Monographs in American Archaeology 44, BAR International Series 2758, Edited by S. Rostain, p. 67-73.

L’absence de marqueurs typo-chronologiques pertinents et fiables pour les cultures amérindiennes de l’Amérique précolombienne rend difficile le calage dans le temps des différentes phases d’occupation humaine identifiées sur le terrain. Dans ce contexte, la mise en oeuvre de méthodes de datation physique, radiocarbone sur matériel organique et thermoluminescence sur matériel minéral chauffé, s’avère indispensable pour parvenir à la mise en place d’une chronologie rigoureuse. Il s’agit là d’un préalable incontournable à une compréhension fine et une reconstitution réaliste des évolutions culturelles de l’époque précolombienne à nos jours. Or, au cours de débats récents avec de nombreux archéologues, il nous est apparu que de « pseudos » datations par thermoluminescence (TL) circulent aujourd’hui et sont utilisées afin de mettre en place ou de conforter des chronologies. Ces résultats prétendument physiques n’ont en réalité aucune valeur scientifique : il ne s’agit que de tests d’ancienneté, identiques à ceux pratiqués pour mettre en évidence des faux parmi les objets en terre cuite circulant sur le marché de l’Art. Ces pratiques conduisent à diffuser des informations dites « chronologiques » qui n’ont aucun fondement. Elles donnent une idée fausse du travail des dateurs spécialisés en thermoluminescence, et elles rendent caduque la mise en place d’une chronologie physique rigoureuse des occupations humaines dans cette région.