L’archéologie en question : les pays nordiques (original) (raw)
Y at -il une spécificité de l'archéologie des pays du Nord de l'Europe ? C'est à un archéologue danois, conservateur de l'Oldnordisk Museum de Copenhague, Christian Jürgensen Thomsen, que nous devons depuis 1836 le « système des trois âges », c'està-dire la distinction, fondatrice de la préhistoire européenne et au-delà, entre un âge de la pierre, un âge du bronze et un âge du fer. Dès le xvii e siècle, le royaume de Suède avait institué un service archéologique national-il faut attendre le milieu du xx e siècle pour que la France commence à faire de même. Une spécificité scandinave ? C'est pourquoi nous avons demandé ici à cinq archéologues scandinaves de débattre de l'archéologie de leurs pays, en tâchant de combiner, outre la parité de genre, les trois principales nations (Danemark, Norvège et Suède) et les deux principaux types d'institutions impliquées, universitaires d'une part (Elisabeth Arwill-Nordbladh, Kristian Kristiansen, Liv Nilsson Stutz), et muséales de l'autre (Håkon Glørstad, Mads Ravn). S'il manque pour cette fois la petite Islande et la Finlande, du moins ces trois pays, dont les langues et l'histoire sont très proches, fonctionnent-ils en symbiose dans une communauté scientifique plutôt homogène, chaque membre d'un pays pouvant indifféremment chercher et enseigner dans n'importe lequel des deux autres. Ces trois pays, on le sait, figurent constamment en tête des incontournables classements mondiaux, quelle que soit la valeur qu'on leur attribue, qui entendent juger de l'« indice de bonheur » tout comme de l'« indice de démocratie » de chaque nation. Curieusement d'ailleurs, ces trois pays parmi les plus démocratiques du monde sont des royaumes ! Un mot est par ailleurs absent dans le débat qui va suivre, celui de protestantisme-sans doute tellement ancré dans la culture scandinave qu'il n'est même plus perçu par ses membres. Pratiquée ou non, cette religion n'en structure pas moins la vision du monde, l'éthique et les comportements de bien des citoyens scandinaves et l'on pourra sans doute en retrouver aussi l'écho ici. Mais, comme le rappelle Håkon