Identification des défauts de prise de vue entachant une image, H. Maitre, J. Fleuret (original) (raw)

La brèche, le trou, la tache et la pointe. Les effets du regard-caméra sur la transparence de l'image dans les films de Renoir

Le regard-caméra est souvent considéré comme tout à la fois un « point d'incandescence » qui ouvre au seul hors-champ qui ne peut devenir champ, à savoir la salle qui fait face à l'écran, et la « transgression d'un interdit » dans la mesure où il porte atteinte au bon fonctionnement de la représentation en renvoyant à l'énonciation du film. Pourtant il est possible de dépasser cette logique d'infraction / effraction en adoptant une perspective non plus énonciative, mais plastique : si l'on considère que le quatrième mur est transparent, ne doit-on pas plutôt affirmer que le regard-caméra vient, non pas le trouer, mais l'obstruer, l'empêcher d'être transparent en mettant en évidence négativement la surface plane de l'image ? Nous tenterons de résoudre cette ambiguïté à partir d'exemples puisés dans l'oeuvre de Renoir. Si Partie de campagne contient assurément l'un des plus célèbres regards-caméra, on remarque que cette figure est présente tout au long de sa carrière, des badauds de Boudu sauvé des eaux jusqu'au regard intentionnellement frontal de Renoir lui-même comme présentateur de deux de ses films les plus tardifs. Si cette figure est récurrente, c'est parce que dans la continuité d'un théâtre brechtien qui cherche à abattre le quatrième mur, elle semble permettre à Renoir d'inviter à la réflexion. Mais comment évoquer par le langage de l'analyse l'opacification de l'espace de l'image par le regard-caméra renoirien ? Doit-on l'élucider en y voyant la marque du désir de filmage de Renoir ou tenter de restituer l'opacité en elle-même, sans céder à la tentation herméneutique, en se contentant de relever la silencieuse intensité de l’énergie qui affleure dans le regard-caméra ? N’est-il pas possible de dépasser l’opacité pour déceler dans le regard-caméra de personnages désenchantés une fiction d’image, un moyen tout à la fois de fantasmer et désenchanter l’image elle-même ?sans céder à la tentation herméneutique, en se contentant de relever la silencieuse intensité de l’énergie qui affleure dans le regard-caméra ? N’est-il pas possible de dépasser l’opacité pour déceler dans le regard-caméra de personnages désenchantés une fiction d’image, un moyen tout à la fois de fantasmer et désenchanter l’image elle-même ?sans céder à la tentation herméneutique, en se contentant de relever la silencieuse intensité de l’énergie qui affleure dans le regard-caméra ? N’est-il pas possible de dépasser l’opacité pour déceler dans le regard-caméra de personnages désenchantés une fiction d’image, un moyen tout à la fois de fantasmer et désenchanter l’image elle-même ?