Le masochisme des femmes dans le travail : mythe sexiste ou défense professionnelle ? (original) (raw)

Syndicalisme, féminisme et travail professionnel

Nouvelles pratiques sociales, 1990

est à l'emploi de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) depuis 17 ans. Elle y est entrée en 1973, à 23 ans, après avoir complété des études en sciences politiques à l'UQAM. Nous avons rencontré madame Simard en mars 1990, alors qu'elle venait de conclure la négociation des conventions collectives dans le secteur public. Cet événement marquant de la vie syndicale et politique québécoise constitue donc la toile de fond de l'entrevue. Madame Simard nous parle de sa vision féministe et de son cheminement à l'intérieur de la CSN au poste de conseillère, puis de négociatrice, et depuis 1983, de première vice-présidente. Elle trace un portrait critique du syndicalisme québécois en tant que mouvement social, son histoire récente, les enjeux actuels qui le confrontent. Elle rappelle ses alliances traditionnelles avec certains groupes féministes, et en envisage de nouvelles avec les groupes communautaires et les plus démunis.

De l'atelier à la cuisine... L'invisibilisation du travail féminin dans un milieu professionnel égalitariste - POUR VULGARISATION (article scientifique dans "Travail & Emploi")

2021

Dans le travail indépendant, la répartition des tâches domestiques et professionnelles entre les conjoint•es est généralement étudiée dans des métiers animés d'un certain conservatisme, ou dans lesquels l'engagement professionnel des femmes est une adaptation au projet de couple. Or, cet article propose de réfléchir aux rapports sociaux de sexe dans un espace que l'on pourrait qualifier de progressiste. Le métier de céramiste d'art est en effet fortement féminisé et investi par des femmes dont la plupart sont fortement dôtées en capitaux culturels, structuré par une culture professionnelle se voulant égalitariste, choisi au nom d'une volonté d'accomplissement personnel, et vécu comme une alternative à d'autres formes de domination. Alors comment expliquer la faible présence des acquis féministes dans les modes de vie et de travail de ces travailleurs•euses indépendant•es ? Après avoir dessiné les traits saillants du métier et de sa culture professionnelle, le texte analyse les inégalités qui se déploient au sein des maisonnées où la céramique d'art est exercée par l'un des conjoints, ou les deux. Des enjeux matériels et symboliques produisent diverses formes d'invisibilisation du travail de la céramiste, dans l'unité domestique comme dans la sphère professionnelle. D'abord, dans les coulisses de la maisonnée, l'invisibilisation du travail féminin se traduit par l'exécution majoritairement par les femmes du travail domestique ou de tâches professionnelles les moins valorisées, ce que le sociologue des professions E. C. Hughes appelle le « sale boulot » (Hughes, 1996) : il s'agit chez les céramistes de « la paperasse » (comptabilité, communication, etc.), mais aussi parfois de la vente ou la logistique (achat de matériaux, nettoyage des ateliers, etc.). Ces d'activités ont pour point commun de se situer à la frontière du domestique et du professionnel, et d'être peu visibles et non rémunérées. Par conséquent, elles ne sont généralement pas perçues comme un travail, mais comme des actes accomplis spontanément « au nom de l'amour » (Simonet, 2018) et, plus largement, du projet de vie commun. Par ailleurs, cette répartition des tâches est souvent affichée comme naturelle, à travers la rhétorique du goût ou du don (aimer/ne pas aimer ; savoir/ne pas savoir…). La seconde forme d'invisibilisation du travail féminin se traduit par une disparition statutaire et symbolique : l'activité de céramiste est effectuée par la conjointe pour le compte de son conjoint ou du couple, mais n'apparait pas publiquement 1 , que cela soit par le biais d'un statut juridique ouvrant notamment des droits à la protection sociale 2 ou d'apparition en termes de communication permettant des formes de rétribution symbolique dans la carrière (« le nom »). Je propose donc dans la dernière partie du texte des explications de ces inégalités de genre, dans cet espace qui devrait pourtant être plutôt ouvert aux acquis des luttes féministes (Dunezat, 2007). Pour comprendre ce paradoxe, il me semble juste de parler d'impensé de de la domination plutôt que de consentement aux inégalités : Nicole-Claude Mathieu (Mathieu, 1991, p. 220) parle de « conscience aliénée », qui se traduit par une difficulté à percevoir des inégalités dans l'absolu et pour son entourage, mais aussi par un déni de cette réalité pour soi-même. D'abord, en plus de l'argument du coût du travail, plusieurs rhétoriques structurées par l'idée de librearbitre cohabitent : goût, choix volontaire, entraide et assistance mutuelles, voire complémentarité des fonctions productives. En effet, la très grande majorité des enquêtées ne situent pas leur action dans le champ de la contrainte, mais au contraire avec un sentiment de maîtrise de leur existence, qui rend plus difficile l'identification de soi en tant que victimes (PEREIRA, 2013). En effet, les efforts-voire les sacrifices

L’ “être” femme au travail : anciennes féministes ou nouvelles courtisanes ?

S'habiller pour travailler », Université de la mode, Lyon, 30-31 Mars 2010, organisé par Nadine Gelas, assistée de Martine Villelongue MARILLONNET J. (2011) L' "être" femme au travail : anciennes féministes ou nouvelles courtisanes ? In Actes du colloque S'habiller pour travailler (Université Lumière Lyon 2, Université de la Mode, Lyon, 30-31 Mars 2010). Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2011, pp. 92-104. L' « être » femme au travail : anciennes féministes ou nouvelles courtisanes ? Entre négation et revendication du genre, analyse du projet d'identification des femmes au travail par leurs choix de postures et de vêtements.

Le « genre » de travail : féminisation et précarisation

Nous habitons nos vies en êtres humains sexué(e)s : enfants, nous sommes des garçons ou des filles ; adultes, nous sommes des femmes ou des hommes. Nous emportons notre « genre » avec nous à l’école, dans la rue, au sein de l’entreprise ou dans d’autres sphères de la vie publique; nous réalisons alors que le « genre » détermine aussi bien notre vision des autres que la vision que les autres ont de nous. Ces visions de « l’autre genre » sont des constructions sociales, culturelles ou économiques. Le but de la présente communication est d’articuler le genre à l’emploi et à interroger les aspects paradigmatiques de cette relation à savoir : - Le rapport féminisation de l’emploi et mise à l’épreuve de la domination masculine ; - L’équation féminisation et précarisation des structures organisationnelles du marché du travail ; - Le rapport contrainte économique et désir d’épanouissement au travail conjugué au masculin et au féminin. Nous défendons plus particulièrement la thèse suivante :...

Femmes dans des "métiers d'hommes" : entre contraintes et déni de légitimité

2014

Pour une femme, exercer un metier traditionnellement masculin, c'est prendre le risque de se heurter a des resistances. Si des accords d'entreprise sur l'egalite professionnelle sont parfois signes, ils ne suffisent pas a proteger les femmes du sexisme. En pratique, faire ses preuves ne suffit pas. Lire le Bref sur le site du Cereq Alexandra D'Agostino, Dominique Epiphane, Irene Jonas, Frederic Sechaud, Emmanuel Sulzer, Femmes dans des "metiers d'hommes" : entre contraintes et deni de legitim...

Nouvelles identités professionnelles des femmes et syndicalisme : une possible compatibilité ?

Relations industrielles, 2011

Cette étude examine le cas du Mouvement Desjardins dans le secteur financier au Québec. À partir d’un sondage téléphonique auprès de 576 employées syndiquées du Mouvement Desjardins, les principaux résultats de cette recherche quantitative font valoir une plus grande remise en question du syndicalisme par les professionnelles, les personnes développant de faibles sociabilités au travail et celles qui sont insatisfaites de leur salaire. En contrepartie, les conditions de travail défavorables et les actions syndicales proactives et démocratiques renforcent l’adhésion syndicale des femmes. Le cadre de la recherche sollicite quatre approches théoriques afin de dégager les principaux éléments du rapport d’emploi pouvant affecter l’adhésion syndicale. Tout en considérant les approches matérialiste et instrumentale, le principal apport théorique de cet article prescrit une jonction entre les nouvelles identités professionnelles des femmes, sources d’effritement du syndicalisme, et les acti...

Travail, migrations féminines et stéréotypes

La féminisation de la migration s'est manifestée surtout après la crise pétrolière des années 70. En outre, la désagrégation de l'Union soviétique et l'ouverture des pays de l'Europe de l'Est, la crise économique dans le sud-est de l'Asie, le modèle hégé-monique du libre-échange économique, les guerres et les persécutions, les catastrophes écologiques, le vieillissement de la population dans les pays occidentaux ainsi que l'émancipation des femmes des classes moyennes sont des phénomènes qui ont directement ou indirectement conduit les flux migratoires féminins à la recherche de meilleures conditions de vie tout en assumant la responsabilité ou la co-responsabilité de la survivance économique de la famille.