L’anthropologie pour étudier le tourisme (original) (raw)

L'anthropologie du tourisme et l'authenticité

Cahiers d'études africaines, 2009

Cette note critique présente un panorama rétrospectif de la manière dont la notion d'authenticité a été conceptualisée et utilisée par des anthropologues observant des phénomènes touristiques. Elle analyse en particulier l'ambigu ïté de cette notion qui est en même temps un concept mobilisé par les chercheurs et une catégorie indigène utilisée par les touristes. Elle interroge les liens entre les procédures d'authentification mises en œuvre par les anthropologues et les conditions de reconnaissances par les touristes de l'authenticité d'une relation, d'une situation ou d'une expérience. This paper gives a retrospective view of the way in which the notion of authenticity has been constructed and employed by anthropologists observing tourism phenomena. Particular emphasis is given to analysing the ambiguity of this notion, evoked as a research concept and also used by tourists. The links between processes of authentication used by anthropologists and the attempts by tourists to authenticate relationships, situations and experiences are also examined.

L’anthropologie et ses lieux

Anthropologie et Sociétés, 2008

Résumé Cet article résulte d’une rencontre entre quatre « jeunes » anthropologues originaires de différentes parties du monde pour échanger au sujet de la condition actuelle -et du futur souhaitable- des anthropologies du monde. Malgré la pluralité de nos avis, une certaine convergence fondamentale émerge : celle d’une critique contre, et d’un refus des inerties qui de temps en temps s’acharnent sur le travail anthropologique un peu avec le consentement des anthropologues, sous la forme d’un élitisme désengagé, d’une confortable réification du sujet d’étude et de l’oubli des conditions historiques et socioéconomiques qui sont à la base de l’expansion mondiale et de la reproduction de la discipline. Nous soulignons donc l’urgence de prendre la mesure des préoccupations quotidiennes de nos interlocuteurs et interlocutrices, de revendiquer des espaces et une légitimité dans des champs politiques de recherche étatiques comme dans la sphère médiatique.

L’anthropologie comme philosophie

Methodos, 2005

La démarche philosophique de Ludwig Feuerbach est le plus souvent envisagée comme le chaînon manquant entre celle de Hegel, dont elle aurait entrepris la critique, et celle de Marx, qui aurait dû se défaire de son emprise pour accéder au noyau scientifique de sa propre réflexion 1. Or, cette situation intermédiaire de l'oeuvre et de la pensée de Feuerbach en signale davantage la richesse propre que les limites. En effet, s'il est assurément réducteur de tenir Feuerbach pour le simple disciple (critique) de Hegel ou pour le simple précurseur de Marx, c'est qu'en réalité il est possible de dire sans risquer l'anachronisme que Feuerbach a été les deux à la fois ; et en ce sens l'étude de sa pensée doit permettre de comprendre ce qu'il y a d'hégélien chez le « jeune Marx » et de matérialiste (en un sens que Marx lui-même critiquera dans la première de ses Thèses sur Feuerbach 2) chez ce « Jeune-hégélien » 3. Pour commencer à le comprendre, il est instructif de rappeler quelle a été la trajectoire intellectuelle originale de Feuerbach : celui-ci est passé de l'étude de la théologie (à Heidelberg, en 1823) à celle de la philosophie spéculative hégélienne (à Berlin, à partir de 1824), pour laquelle il se passionne jusqu'à la fin des années trente, avant de s'en détacher brusquement, en dénonçant le tournant théologique larvé de la spéculation hégélienne et en se proposant alors de retrouver les racines réelles, humaines et sensibles, de cette spéculation 4. Feuerbach a lui-même donné la formule ramassée de cette trajectoire intellectuelle : « Dieu fut ma première pensée, la raison fut ma seconde, l'homme ma troisième et dernière. Le sujet de la divinité, c'est la Raison, le sujet de la Raison, c'est l'homme. » 5. 2 Cette citation peut être lue comme l'énoncé a parte subjecti d'une sorte de « loi des trois états », au sens où Comte en formulait l'exigence à l'ouverture du Cours de philosophie positive (strictement contemporain de L'essence du christianisme 6) : le premier état, l'état théologique de la pensée de Feuerbach, représenterait ainsi le stade infantile de son développement intellectuel ; le deuxième état, rationaliste, ou encore « hégélien », serait L'anthropologie comme philosophie

De quelques dynamiques contemporaines en anthropologie du tourisme francophone

L'anthropologie du tourisme francophone est longtemps restée à l'écart des publications les plus réputées. La science du tourisme semblait contaminée par l'illégitimité de son objet et peinait à s'affranchir des revues spécialisées — principalement anglophones — qui structuraient la production scientifique. La publication récente de quelques numéros de revues généralistes consacrées à l'anthropologie du tourisme témoigne toutefois de la vivacité d'un champ d'investigation trop longtemps délaissé. En revenant sur la parution de trois revues francophones (Autrepart, Actes de la recherche en sciences sociales et Civilisations), cette chronique bibliographique esquisse quelques-unes des dynamiques qui traversent aujourd'hui l'analyse du tourisme et souligne l'intérêt de la discipline pour la compréhension des phénomènes contemporains.