Y a-t-il un discours de l'Autre dans la possession démoniaque au XVIIe siècle? (original) (raw)
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La rhétorique au XVIIe siècle : un règne contesté
Modèles linguistiques, 2008
Rhétorique (ISHR), nous nous proposons de cheminer au coeur des travaux marquants de ces dernières années, en privilégiant le XVII e siècle français 1. Notre objectif est double : cerner l'objet rhétorique en son siècle, et dégager ce qui fait l'essence de cet art. Il est aisé de mesurer le chemin parcouru par la recherche en comparant, au sein de la revue XVII e siècle, les promesses comprises dans les « Points de vue sur la rhétorique » (1968) et le bilan de « Trente ans de recherches rhétoriques » (2007) 2. L'ample Histoire de la rhétorique dans l'Europe moderne (1450-1950) dirigée par Marc Fumaroli offre le panorama le plus complet sur notre période et donne de larges perspectives 3. Si la rhétorique constitue rarement l'objet unique des travaux actuels, elle est en revanche fréquemment convoquée pour éclairer les études sur la littérature ou les arts 4. Grâce à l'oeuvre de la Renaissance, qui avait retrouvé l'Antiquité dans sa splendeur et sa diversité, la rhétorique, adaptée aux problématiques du temps, formait les esprits : mode de pensée, elle était devenue la clef à partir de laquelle on interrogeait le monde et elle régnait-pour longtemps-dans le système éducatif. L'enseignement dispensé dans les collèges jésuites, fidèle à l'esprit humaniste, suivait le programme consigné en 1599 dans la Ratio Studiorum, dont les principes se trouvent dans l'Institution oratoire de Quintilien. L'histoire de la pédagogie au XVII e 1. Précisons en préambule que notre parcours ne sera pas exhaustif : nous espérons que les travaux retenus ici conduiront à leur tour aux références qui les ont nourris. Nous ne donnerons pas de bibliographie des traités de rhétorique du XVII e siècle, et renvoyons à des travaux existants (P. Kuentz, XVII e
« Le langage du diable chez les possédé(e)s, 1599-1660 »
« Le langage du diable chez les possédé(e)s, 1599-1660 », littératures classiques, n° spécial sur « les langages au XVIIe siècle », n° 50, printemps 2004, pp. 289-299
1 -« Le langage du diable chez les possédé(e)s, 1599-1660 », littératures classiques, n° spécial sur « les langages au XVIIe siècle », n° 50, printemps 2004, pp. 289-299 Le langage du diable chez les possédé(e)s : 1599-1660 Le diable parle. De deux manières dans le cadre de la possession : d'une part, il est le maître d'un langage corporel, en déformant le corps possédé, en lui faisant prendre des postures étranges et en le marquant de signes diaboliques -c'est son langage le plus spectaculaire -d'autre part, il possède un langage verbal, qui passe en général par la bouche ou l'esprit de l'être possédé. L'irrationnel, le surnaturel se donnent alors à travers un logos. C'est un langage toujours compréhensible, et pas ineffable 1 . Le diable parlerait-il plus clair que Dieu ? Quand le diable parle, qui parle et comment " ça " parle ? Dans le cadre verbal, le seul qui nous intéresse ici, nous pouvons discerner deux registres de paroles diaboliques entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIIe siècle, liés à l'évolution de l'imaginaire diabolique de la sorcellerie vers la possession. Dans la sorcellerie, le langage décrit est généralement celui de la sorcière plutôt que celui du diable, langage assimilé à des charmes ou des " carmes ", c'est-à-dire un langage de type poétique (inspiré, et placé en général sous le signe de la " manie ") où le son prime sur le sens. Ce langage reste en grande partie incompréhensible à celui qui le met en scène. Les élucubrations sorcières hésitent entre le vers et le cri, entre le plus élaboré et le plus sauvage du langage, c'est-à-dire entre une double dénaturation, sur le modèle démonique païen et sur le modèle animal non articulé. Langage inhumain 2 .
Silence du corps malade dans les Mémoires français du XVIIe siècle
Silence of the diseased body in the Memoirs of the 17th century France The purpose of this study was to increase the understanding of diseased bodies portrayed in the accounts of emotional catastrophes, memories of calamities and crises of the Self in a few French Memoirs written during the ancien regime. Three forms of corporeality have been observed. First, the body as an object scrutinized and narrated in its materiality. Second, the body implemented as an “opérateur discursif”, a narrative instance which modifies and establishes methods of storytelling, and last, the body as a crucial element in the act of witnessing. Due to its ambiguity, the body ravaged by sickness seems to be one of the crucial elements in the written economy of the Memoirs. It is more so in the autobiographical episodes where the memorialists try to give an account of a traumatic event. The aforementioned accounts incorporate the narrative of the ill and dysfunctional body that is no longer capable of witnessing. Key words: Early modern, French Memoirs, testimony, body, disease, trauma, silence Cette étude se propose d’explorer l’inscription du corps malade dans les Mémoires français d’Ancien Régime. Nous nous concentrerons sur les témoignages et les souvenirs portant sur des catastrophes émotionnelles et des malheurs personnels, en particulier chez Brienne le jeune, Madame de la Guette, Henri de Campion, Michel de Marolles et Agrippa d’Aubigné. Dans cette optique, nous avons examiné trois types de la corporalité : le corps en tant qu’objet observé et raconté dans sa matérialité, le corps comme « opérateur discursif » et la figuration du corps comme élément primordial dans l’acte de témoignage. Le corps malade se livre ainsi à l’exégèse et se veut au cœur de l’économie de l’écriture. Aussi l’inscription du corps constitue-t-elle, à ce titre, une stratégie majeure dans les épisodes autobiographiques qui relatent un événement traumatisant. Nous avons donc pu voir dans ces passages une situation paradoxale: le corps a perdu la capacité de témoigner mais témoigne malgré lui. Il s’agit donc d’un récit impossible mais nécessaire, qui se place dans la logique de l’indicible. Mots clés : Mémoires français de l’Ancien régime, témoignage, corps, maladie, traumatisme, silence
Le sablier, la vanité et le sermon protestant français au XVIIe siècle
Christabelle Thouin-Dieuaide, Quêtes littéraires nº 8, 2018 : Au croisement des vanités
Emblématique du temps qui passe, le sablier est un élément iconique majeur des tableaux de Vanités. Il est aussi, au XVIIe siècle, l’objet qui figure sur la chaire du pasteur protestant qui, dans le temps imparti de l’écoulement du sable, doit exhorter le fidèle à faire bon usage de son temps de mortel, pour aspirer au temps éternel. Le discours théologique et moral des prédicateurs rentre en collision avec les incises récurrentes dans les sermons sur le peu de temps qu’il reste encore au prédicateur pour achever son sermon, signalant ainsi que si la vie humaine n’est que vanité ; le discours qui le porte doit aussi s’en garder, en évitant toute parole creuse ou enflée, et rester dans les limites fixées par le sablier.
Corps et pensée au XVIIe siècle
2011
Les musées pèchent en parole, par excès ou par défaut. Le défaut, c’était hier, quand les œuvres, exposées sans raison, empilées sur les murs et les sols, étouffaient de leur profusion le regard du visiteur : il manquait le logos qui de tant de beauté eût fait un sens. Le péché d’aujourd’hui serait plutôt l’excès, lorsque ces mêmes œuvres n’existent que pour et par un discours dont elles sont censées former l’illustration, enfermées dans une cage conceptuelle ou une grille d’analyse donnée pour vérité intangible – quand elle pouvait être tout autre : cela dépend de l’âge du commissaire et de la vitesse du vent de la mode. La médiation culturelle prend parfois le pas sur la culture qu’elle est censée servir. Ainsi à Lille, lors de l’étonnante exposition Portraits de la pensée au palais des Beaux-Arts. Une grande salle rectangulaire. Tout autour, accrochés aux murs rouge vif, quarante-neuf visages de penseurs vous contemplent : des toiles du XVIIe siècle, pour la plupart napolitaines ou hollandaises. Au centre de la salle, un grand cube énigmatique. (…)
La note d'autorité dans la poésie religieuse au XVII e siècle
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