Araucanie-Bruxelles-Paris: la collection Gustave Verniory au musée du quai Branly (original) (raw)
* Nos remerciements les plus sincères vont à Mylène, Jacques et Jean Massion, petits-enfants de Gustave Verniory, ainsi qu'à Jean Boxus pour leur généreuse donation et leur aide précieuse. Araucanie-Bruxelles-Paris : la collection Gustave Verniory au musée du quai Branly Témoignages de dix années passées au Chili Parti au Chili en janvier 1889 pour participer à la construction du chemin de fer en Araucanie, au centre du pays, l'ingénieur belge Gustave Verniory (1865-1949) s'éprend de cette région où il a travaillé dix ans (1889-1899). Son récit de voyage et ses notes constituent une source historiographique de première importance sur la colonisation de l'Araucanie, qui suivit la défaite militaire des communautés mapuche, ou araucanes selon le terme en usage à l'époque. En juin 2009, le musée du quai Branly a acquis les tapuscrits de Verniory, partiellement inédits. Par la suite, les échanges fructueux établis avec ses descendants, toujours détenteurs des objets, photographies et écrits rassemblés au Chili, ont abouti en mars 2010 au don de cette collection conservée en Belgique depuis plus d'un siècle. Un ingénieur au service de la « colonisation » Sur ce territoire long de près de 5 000 kilomètres qu'est le Chili, la construction des premières voies ferrées débute dans les années 1850. Le chemin de fer s'étend dans le nord du pays sous la pression du secteur minier, d'un grand dynamisme exportateur. Il ne gagne les provinces du centre et du sud qu'après la « pacification de l'Araucanie », fi nalisée en 1883. Cette offensive armée conduite par le gouvernement chilien met fi n à l'insurrection de plus de trois siècles des Mapuche dans les territoires au sud du Bío-Bío, fl euve qui matérialise pendant la plus grande partie du XIX e siècle une frontière, la « Frontera », au-delà de laquelle les communautés indigènes maintiennent leur indépendance et leur autonomie. L'arrivée au pouvoir de José M. Balmaceda (1886-1891) marque un tournant dans la politique ferroviaire de l'État chilien, qui voit dans le chemin de fer le moyen d'étendre la frontière agricole et la colonisation vers le sud. Ce dernier doit également, selon les termes de Verniory, « assurer la défense des passages du sud 2010, n° 12 n.s.