[2011] Un nouveau denier lyonnais au portrait de face lié aux décennales de Dioclétien (original) (raw)

Jean-François Didier d'Attel de Luttange : helléniste, philhellène

Attel de Luttange, 2017

J.-F. D. d’Attel de Luttange a exercé sa curiosité en de nombreux domaines et l’on constate qu’il s’est notamment adonné, de façon fort consciencieuse, à la pratique de la langue grecque. Par sa formation initiale, il avait acquis une bonne connaissance du grec en même temps que du latin ; il a ensuite perfectionné et longuement entretenu ces acquis de base. L’examen du catalogue qu’il a dressé de sa bibliothèque montre qu’en bibliophile passionné et en connaisseur averti, il a su acquérir durant toute sa vie de nombreux ouvrages d’auteurs grecs, sa préférence allant aux éditions du poète lyrique Anacréon qu’il a lui-même traduit en français, en vers octosyllabes. Le futur bienfaiteur de la Bibliothèque de Verdun a également réalisé des traductions en grec de textes de piété populaire ; par amour de l’art, il s’est adonné à la calligraphie du grec. Enfin, dans son Essai sur la véritable prononciation du grec, manuscrit resté inédit, il a abordé une question passionnément débattue à son époque et a pris parti pour la prononciation du grec conforme à la langue parlée, contre les conventions scolaires artificielles imposées par les sectateurs d’Érasme. En prenant ainsi la défense de la prononciation vivante du peuple grec, il a rejoint le courant philhellène par lequel l’Europe apporta son soutien au mouvement d’indépendance de la Grèce qui, dans les années 1820, parvint à se libérer du joug Ottoman. Au total, Attel apparaît non comme un savant académique, mais comme un bon helléniste amateur, un esthète érudit qui resta délibérément un peu en retrait dans sa tour d’ivoire.

Philippe Schiesser, trois nouveaux exemplaires de denier au buste barbu de face, Cahiers Numismatiques, Revue Trimestrielle de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques, décembre 2020, p. 25-26.

Cahiers Numismatiques, Revue Trimestrielle de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques, 2020

Philippe Schiesser, trois nouveaux exemplaires de denier au buste barbu de face, Cahiers Numismatiques, Revue Trimestrielle de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques, décembre 2020, p. 25-26.

Les deniers aux portraits de Robert II à Reims et à Laon, Bulletin de la Société Française de Numismatique, 09/2017, p. 300-302.

Effectuant un inventaire au musée des beaux-arts de Reims , j’ai eu la surprise d’y découvrir un denier frappé à Laon aux noms du roi de France Robert II (996-1031) et de l’évêque de Laon Adalbéron (977-1030), représentant des deux côtés de la monnaie des portraits de face (fig. 1). Ma surprise ne résidait pas en la découverte de cette monnaie déjà bien connue des numismates mais en la présence d’une étiquette l’attribuant de façon erronée à l’archevêque de Reims Arnoul (996-1021). D’où provenait cette erreur ? Je me suis rendu au musée de Laon afin de vérifier s’il n’y avait pas une réciprocité dans ces erreurs d’attribution cependant ce musée ne conserve aucune monnaie de cette période. Alors pourquoi attribuer cette monnaie à Arnoul et que sait-on sur le monnayage de cet archevêque ? À vrai dire on ne sait pas grand-chose, la seule monnaie attribuée de façon certaine à Arnoul est une frappe commune avec l’empereur Otton III (996-1002) vraisemblablement réalisée à Mouzon et faisant apparaître d’un côté l’archevêque de profil et de l’autre l’empereur de face . Aucune monnaie nominative n’est connue pour cet archevêque pour la cité de Reims. Cependant il me semble bon de revenir sur l’attribution de certains deniers représentant de chaque côté des portraits de face et attribués par Pierre Crinon au roi Hugues Capet et à l’archevêque Gerbert d’Aurillac (991-996) (fig. 2). Il motive son attribution en s’appuyant essentiellement sur l’enfouissement de plusieurs trésors où ces deniers aux portraits avaient été attribués par erreur à Laon : Briesnitz (Allemagne), Poznan (Pologne) et Warlckov (Allemagne), pour n’en citer que quelques-uns, qui sont tous les trois enfouis entre l’an 1000 et 1010. Compte tenu des lieux d’enfouissement et du rapprochement à l’époque de Gerbert avec le Saint-Empire, la démonstration était faite. Cependant